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Jean-Marie Docq, déporté rémois mort à Neuengamme
(1877-1945)

Le militant ouvrier socialiste, syndicaliste, coopérateur

Le déporté-résistant, mort à Neuengamme

La mémoire de Jean-Marie Docq à Reims

Sources

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Le militant ouvrier socialiste, syndicaliste, coopérateur

 

Jean-Marie Docq

   Jean-Marie DOCQ est né le 1er novembre 1877 à Reims dans le quartier Fléchambault.
   Entré comme apprenti à l’âge de 12 ans dans une usine d’apprêt, tout en continuant à suivre des cours du soir pour s’instruire, il a adhéré au Parti socialiste en 1894 à l’âge de 17 ans.
   En 1902-1903, il a fondé la coopérative La Populaire rémoise, dont il est devenu l’administrateur, et qui faisait partie de la Bourse des coopératives socialistes.
   En 1911, il a été élu secrétaire de la Fédération régionale des coopératives socialistes de la Marne et de l’Aisne, qui a tenu son congrès à Reims en 1913.

   Il a participé à la 1ère guerre mondiale, au cours de laquelle il a été décoré et qu’il a terminé avec le grade de lieutenant.

   Après la guerre, DOCQ a exercé la profession de comptable et s’est consacré au syndicalisme.
   En 1919, il est élu conseiller municipal de Reims.
   En 1920, il a rallié le Parti communiste né au Congrès de Tours, mais ne se résignant pas à la scission, il l’a quitté rapidement pour adhérer à l’Union socialiste communiste (USC), dont il est devenu en 1926 le secrétaire fédéral dans la Marne.
   En 1921, il était le gérant du Populaire champenois, journal de la CGT (confédérée) à laquelle il est resté fidèle, refusant de rallier la CGTU.
   En 1922, il a été élu secrétaire général de la Bourse du Travail de Reims, un poste où il a été maintenu sans interruption jusqu’à la 2e guerre mondiale.
   En 1924, il a fondé un syndicat des locataires qu’il animait et présidait.
   En 1925, il a été élu secrétaire de l’Union départementale CGT de la Marne.
   La même année, il a conduit la liste d’Union socialiste (SFIO) et socialiste communiste (USC) aux élections municipales à Reims.

   À la Bourse du Travail de Reims, DOCQ a œuvré à l’élaboration d’un indice syndical du coût de la vie.
   Il siégeait à la Commission départementale du travail où il défendait les intérêts des mutilés du travail, des jeunes et des vieux travailleurs.
   Il a organisé des cycles de conférences pour éduquer la classe ouvrière et une exposition d’art ouvrier, présentée en 1929.
   Administrateur de la Caisse départementale des Assurances sociales, il en a été le vice-président, avant d’accéder dans les années 1930 à la présidence de la Fédération du Nord-Est, puis à la vice-présidence de la Fédération  nationale des caisses départementales.
   Le 19 janvier 1936, il a participé à Reims au congrès de l’unité syndicale dans la Marne qui l’a confirmé à la tête de l’UD-CGT réunifiée, un poste qu’il a abandonné peu après, tout en  conservant le secrétariat général de la Bourse du travail de Reims.

Le déporté-résistant mort à Neuengamme

    Maintenu sous l'Occupation à la tête de la Bourse du travail de Reims, Jean-Marie DOCQ a combattu la Charte du travail mise en œuvre par le gouvernement de Vichy.
   Soumis à la surveillance de la Gestapo, il s’est réfugié en zone non occupée, puis il est revenu à Reims.

   Membre de Libération-Nord, il a fait partie du premier Comité marnais de libération constitué à la Bourse du travail en novembre 1942, comité qui comprenait un autre membre de la CGT, Charles GUGGIARI, deux socialistes, Raymond GUYOT et Robert COLLET, deux communistes, André NAUTRÉ et Louis PICHON. Ce comité organisait le sabotage de la production dans les usines travaillant pour l’effort de guerre allemand et s’occupait de l’aide aux réfractaires du Service du travail obligatoire ( STO ).

   En février 1944, Jean-Marie DOCQ siégeait avec Michel SICRE au titre de la CGT au Comité départemental de Libération nationale ( CDLN ) de la Marne, aux côtés de Pierre BOUCHEZ qui représentait  Ceux de la Résistance, de Robert DUTERQUE et d’Edmond FORBOTEAUX qui représentaient Libération-Nord, de Noël VINATY et de Georges DOMPMARTIN qui représentaient le Front national de lutte pour l'indépendance de la France.

   Le 7 mars 1944, au premier jour de son procès devant le tribunal militaire allemand siégeant à Reims, le comte Robert de VOGÜÉ, directeur de Moët et Chandon, délégué général du Comité interprofessionnel du vin de Champagne ( CIVC ) et membre de Ceux de la Libération ( CDLL ), confirma les déclarations enregistrées à son insu à la prison de Châlons-sur-Marne, où il avait révélé à son voisin de cellule, Robert TRITANT, responsable de Ceux de la Résistance (CDLR), comment il avait pris contact avec le secrétaire de la Bourse du travail de Reims.
   Arrêté dans l'heure qui suit, Jean-Marie DOCQ fut interné à Compiègne puis déporté comme résistant le 4 juin 1944 au camp de concentration de Neuengamme, où il a reçu le matricule 33 196.
   Il est mort le 10 avril 1945 au camp-mouroir de Sandbostel.

La mémoire de Jean-Marie Docq à Reims

   Une plaque commémorative a été apposée en 1947 par la Ville de Reims à son domicile 16, rue de Berru.

16, rue de Berru à Reims

   Une rue de Reims porte son nom depuis 1955, à la demande de la Société des Amis de Jean-Marie Docq.

Rue Jean-Marie Docq
dans le quartier du Faubourg de Laon - Trois-Fontaines

   Son nom figure sur la stèle élevée en 1947 au cimetière du Nord par le Parti socialiste SFIO « À ses héros de la Résistance 1941-1945 ».

Le monument SFIO du Cimetière du Nord


Le Parti socialiste
SFIO
à ses
héros de la Résistance
1941-1945
de Reims

   Son nom est inscrit sur la plaque commémorative apposée à la Bourse du Travail, aujourd'hui Maison régionale des syndicats, à l'intérieur de la salle Jean-Jaurès. .

La plaque commémorative de la Maison régionale des syndicats

À la mémoire
de nos camarades tombés
dans la lutte pour la liberté
victimes de la barbarie
nazie 

La mention « barbarie allemande » couramment utilisée au lendemain de la 2e guerre mondiale
a été effacée et remplacée par celle de « barbarie nazie »

  Son nom est gravé sur le monument aux martyrs de la Résistance de Reims, inauguré en 1955

Le monument aux martyrs de la Résistance sous les hautes Promenades

Sur la dalle de droite

   La mémoire de Jean-Marie DOCQ est également honorée au Cimetière de l’Est de Reims où a été élevé un monument sur la sépulture familiale.

Cimetière de l'Est - Canton 18 - 25 septembre 2008
La sépulture-monument à la mémoire de Jean-Marie Docq
fleurie chaque année par la Ville de Reims
le 30 août, jour anniversaire de la Libération

   Cette sépulture-monument était surmontée d'un buste de bronze, œuvre de Paul LEFEBVRE, décédé en 1958, qui avait réalisé la statue du monument aux morts et la statue du Poilu du monument au 132e RI , deux monuments rémois inaugurés en 1930.
    
En 2006, l'enlèvement de ce buste, en même temps que d'autres sculptures et grilles de métal volées par des trafiquants de métaux, a été constaté par les services municipaux.

Moulage en plâtre
conservé à la Maison régionale des syndicats

Buste de bronze qui surmontait la sépulture-monument

Médaille de la Résistance
-
Mutilés du Travail de la Marne
 

La sépulture-monument
photographiée en 2008
était en bon état,
mais les inscriptions
étaient devenues presque illisibles
et un panonceau pouvait laisser croire
qu'il était à l'abandon et menacé de disparition

À la mémoire
de Jean-Marie DOCQ
1877-1945
secrétaire de la Bourse
du Travail de Reims
ancien conseiller
municipal
militant syndicaliste
socialiste et coopérateur
vice-président national
et administrateur
national régional
et départemental
des Assurances sociales
président
de la Fédération
des Caisses
départementales
du Nord Est
Mort pour la France
au camp de Neuengamme Allemagne
victime de la barbarie nazie
Toute sa vie fut consacrée
à la liberté
à l’émancipation
de la classe ouvrière


Après vérification
auprès des services municipaux,
il s'avère que ce panonceau
avait été déposé par erreur,
sans doute par un visiteur qui,
l'ayant ramassé dans l'allée,
a cru qu'il concernait cet emplacement.
En réalité, il s'agit d'une concession perpétuelle
acquise en 1924 pour la famille Liénard-Docq
par Yvonne Liénard, la compagne
de Jean-Marie Docq, qu'il a épousée en 1938.
Y ont été inhumés :
Yvette Docq, leur petite fille
décédée à l'âge d'1 an en 1924,
les parents d'Yvonne Liénard,
Eugénie Tourte en 1940 et Émile Liénard en 1959,
ainsi qu'Yvonne Docq-Liénard, infirmière retraitée, présidente d'honneur de la Ligue des droits de l'homme et déléguée départementale de l'Éducation nationale. décédée en 1982.


Sources

Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Éditions de L'Atelier, 1997.
" Un héros de la résistance, Jean-Marie Docq ", dans L’Union, 11 décembre 1945.
- Recensement par André Aubert des déportés marnais non rentrés.
Livre-Mémorial des déportés de France, FMD, 2004.
Jean-Pierre Husson, La Marne et les marnais à l’épreuve de la Seconde Guerre mondiale, Presses universitaires de Reims, 2 tomes, 2e édition, 1998.
Jean-Yves Sureau, Les rues de Reims, mémoire de la ville, chez l’auteur, Reims, 2002.

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