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Le monument aux morts de Reims,
un monument aux morts sans nom

L'érection du monument après la 1ère guerre mondial

La présentation du monument en 1930

Le monument aujourd'hui

Un monument aux morts de la 1ère guerre mondiale

devenu aussi un lieu de mémoire et de commémoration de la 2e guerre mondiale

11 novembre 2014 - Commémoration du centenaire

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L'érection du monument après la 1ère guerre mondiale
1924-1930

   Le monument aux morts de Reims qui a été inauguré en 1930, a été réalisé dans le cadre de la reconstruction de la ville détruite à 60 % pendant la 1ère guerre mondiale, à la mémoire des 4 567 Rémois, 3 827 militaires et 740 victimes civiles, décédés au cours de ce conflit, dont les noms trop nombreux n'ont pu être gravés dans la pierre.

   Une liste, établie « sous réserve d'omissions involontaires d'après les communications faites aux services municipaux », a été publiée le 1er juin 1930 dans le quotidien Le Nord-Est.


Liste à télécharger au format PDF

En 1924, son édification a fait l'objet d'un concours restreint à l'issue duquel le projet présenté par l'architecte Henri ROYER fut préféré à celui de Max et Louis SAINSAULIEU.

Le projet présenté par Max et Louis Sainsaulieu en 1924
(Archives municipales et communautaires de Reims, AMCR 179 W 16)

Ce projet intégrait l'inscription :

Pour la France et pour la Liberté
la Ville de Reims
bombardée et détruite
a donné
le sang de huit mille de ses enfants
militaires et civils

Le projet présenté par Henri Royer en 1924
(Archives municipales et communautaires de Reims, AMCR 179 W 16)


   Le monument aux morts de Reims, conçu par Henri Royer a été réalisé avec la collaboration du statuaire Paul LEFEBVRE et le gros œuvre en a été confié à l'entreprise Laidebeur.

   Le Comité d'érection du monument, institué sous le haut patronage de la municipalité et du conseil municipal, était présidé par Jules GUICHARD, adjoint de Paul MARCHANDEAU, député-maire de Reims de 1925 à 1942, lui-même président d'honneur de ce comité.

    Il a été inauguré le 1er juin 1930 par André MAGINOT, ministre de la Guerre, en présence du maréchal PÉTAIN, de Paul MARCHANDEAU, député-maire de Reims, et du cardinal LUÇON, archevêque de Reims. La Flamme du souvenir a été allumée par un grand mutilé accompagné de deux jeunes pupilles de la nation.

Le monument en 1930, année de son inauguration
(Archives municipales et communautaires de Reims, AMCR bl210)


La présentation du monument en 1930

   À l'occasion de la remise du monument à la Ville de Reims et de son inauguration en 1930, une plaquette de présentation a été diffusée.

(Archives municipales et communautaires de Reims, AMCR bl210)

Le Monument aux morts de la Ville de Reims, œuvre magistrale inspirée des grands monuments de l'Antiquité, est dû à l'architecte Henri Royer et à Paul Lefebvre, statuaire rémois déjà connu par son monument du Poilu du 132e, érigé cours Langlet [ce monument a été transféré ultérieurement place Léon Bourgeois où il se dresse aujourd'hui].

(Archives municipales et communautaires de Reims, AMCR bl210)

   Construit dans le square de la « Mission de 1821 », au-dessus d'une grotte que le Comité tint à conserver, il domine l'admirable perspective des hautes promenades, dite des marronniers, à laquelle il forme un fond de toute beauté.
   La pensée du visiteur, devant cette architecture simple, fortement accrochée au sol, le forcera à se croire devant le temple du souvenir, vers lequel viendront s'incliner pieusement toutes les générations qui nous suivront.
   
Le motif central qui symbolise la « pensée accomplissant son effort de Résurrection » s'estompe légèrement dans l'ombre de l'exèdre formée par le monument ; la stèle de gauche « 1914 », est dédiée aux familles des Morts pour exalter la grandeur de leur sacrifice et celle de droite « 1918 », aux générations nouvelles pour qu'elles sachent et se souviennent.
   L'ensemble est précédé d'un jeu de terrasses, de perrons et de parterres, complétant heureusement le monument, en lui créant un recul suffisant pour évoquer le silence et le respect.

(Archives municipales et communautaires de Reims, AMCR bl210)

Enfants de Reims tombés
au champ d'honneur
que ce monument édifié
par votre ville meurtrie
exprime à jamais son deuil
et sa fierté

   Au pied du motif central, la flamme de leur souvenir, surgissant de l'ancienne grotte centenaire de la « Mission de 1821 », l'architecture sévère et l'épaisse verdure qui l'entoure de mystère et aussi l'isolement voulu dans lequel se trouve le monument, seront autant d'éléments de recueillement qui inciteront nos descendants au renouvellement de pieux pèlerinages.
   L
e soir venu une lueur discrète, lunaire pourrait-on dire, détachera la façade du monument, les jours de fêtes publiques, pour que jamais ne soient oubliés ceux qui ont tout donné pour l'ultime sacrifice.

La pensée accomplissant
son effort de résurrection

(Archives municipales et communautaires de Reims, AMCR bl210)

   Le poète sensible qu'est notre statuaire, a réalisé dans ce bronze rugueux un chef-d'œuvre d'anatomie, de plastique et de lignes : combien était difficile de traduire la pensée du relèvement des ruines de notre cité, sans tomber dans une inspiration provocante par son attitude même ?
   L'avenir confirmera, espérons-le, l'avis unanime du temps présent, qui place cette statue au premier rang de notre art national.
   Notre architecte, dans sa composition d'ensemble, a su tirer un parti grandiose de son architecture, de quelque endroit qu'on l'étudie, comme le prouve cette vue prise sur le côté gauche de l'exèdre, mettant en valeur le déambulatoire aussi mystérieux qu'un entre-colonnement grec de Pœstum.

1914
Aux familles des morts
pour exalter la grandeur de leur sacrifice

(Archives municipales et communautaires de Reims, AMCR bl210)

   Date fatale qui a vu consommer la ruine de notre Ville, de ses chefs-d'œuvre artistiques et de nos foyers, le feu ravageant tous nos souvenirs, accompagné d'un bombardement atroce semant la mort dans l'innocente population civile désespérément accrochée à ses ruines, pendant que 123 régiments de héros lutteront jusqu'à la mort, durant cinq années de martyre, contre la ruée barbare.
   On comprendra, dès lors, quelle sublime interprétation de ce désastre, le statuaire Paul Lefebvre a su tirer pour la composition de ce groupe.
   Voyez ce jeune éphèbe armé de son bouclier, représentant le devoir calme devant l'effort à accomplir et aussi cette mère qui le pousse doucement à l'épaule indiquant par ce geste poignant, qu'elle le sacrifie pour la Patrie.
   Puis, vient ensuite la résignation dans la douleur, que tant de familles ont éprouvée.
   Pour terminer ce groupe, l'artiste rémois, qui a vécu ce qu'il traduit, a complété sa stèle par un homme étendu et une femme qui le soutient, exprimant ainsi le « dévouement qui calme la blessure », lentement mais sûrement.

1918
Aux générations nouvelles
pour qu'elles sachent et se souviennent

(Archives municipales et communautaires de Reims, AMCR bl210)

    Leçon morale pour l'avenir que cette dédicace heureuse symbolisée par ce jeune enfant tenant un livre, pendant que l'histoire, dans un geste solennel, lui fera la leçon du passé glorieux et douloureux.
   La jeune femme, qui s'incline pieusement en portant des fleurs, personnifie le « Souvenir impérissable » suivi de cette généreuse pensée exprimée par la « Charité consolant la souffrance » en un geste de soutien doux et affectueux, si bien vécu, hélas ! par tous nos héros.
   Exprimons l'espoir que les générations futures accomplissant dans notre ville martyre un pèlerinage national pour que soit évité à jamais, le retour du plus grand fléau de l'humanité
.

Un monument érigé au cœur de la ville dans la perspectives des Hautes-Promenades

    Le monument aux morts de Reims surplombe la Place de la République, dans la perspective des Hautes Promenades aménagées sur l'emplacement des remparts de la ville médiévale.

Le monument aux morts dans la perspective des Hautes Promenades
avant que le monument aux martyrs de la Résistance et de la Déportation
ne soit entouré d'une grille de protection en 2007...

... et avant que le Luchrone de la Place de la République ne soit démonté
à l'occasion des travaux de construction de la ligne de tramway en 2009

Le monument aux martyrs de la Résistance et de la Déportation et le monument aux morts
dans la perspective des Hautes Promenades réaménagées
et rebaptisées Promenades Jean-Louis Scnhneiter en 2019

Le monument de face

Enfants de Reims tombés au champ d'honneur
que ce monument édifié par votre ville meurtrie
exprime à jamais son deuil et sa fierté

   Pendant la 2e guerre mondiale, le monument situé tout près de la gare de marchandises SNCF a été touché par les bombardements qui en ont abîmé la partie supérieure-gauche.

Le monument en 1944

    À l'occasion de sa réfection après la guerre, les années 1914 et 1918 gravées de part et d'autre du monument ont été effacées.
    On a envisagé un temps d'y implanter en contre-bas le monument aux martyrs de la Résistance et de la Déportation finalement érigé sur les Hautes promenades.

    Le monument a été entièrement ravalé et restauré en 2005 à l'occasion du 60e anniversaire de la victoire alliée en Europe.

Le monument vu du côté droit

 

La statue centrale

Oeuvre du sculpteur Paul LEFEBVRE
cette statue en bronze n'est pas sans rappeler Le Penseur de Rodin

Au pied de la statue, la flamme du souvenir,
ranimée à l'occasion de chaque commémoration

MCMXIV
-
Decorum est
pro patria mori
-
MCMXVIII

Le bas-relief de gauche
1914
Le Sacrifice

Aux familles des morts
pour exalter la grandeur
de leur sacrifice

Le bas-relief de droite
1918  
La Leçon du passé

Aux générations
nouvelles pour qu'elles
sachent et se souviennent


Un monument aux morts de la 1ère guerre mondiale
devenu aussi un lieu de mémoire et de commémoration de la 2e guerre mondiale

La célébration de la victoire alliée le 9 mai 1945

Juin 2000 :
60e anniversaire de l'Appel du 18 juin 1940


30 avril 2005  :
60e anniversaire de la libération
des camps de concentration et d'extermination nazis
La veillée du souvenir des déportés

 

7 mai 2005 :
60e anniversaire de la capitulation de l'Allemagne nazie à Reims
et de la victoire alliée en Europe
Spectacle Son et Lumière Entrez dans la Mémoire

30 août 2008
64e anniversaire de la Libération de Reims
Raymond Gourlin, président de l'UNADIF, ranime la flamme


La commémoration du 11 novembre 2014

Le rassemblement des drapeaux au pied de la statue et de la flamme

Les personnalités présidant la cérémonie :
Arnaud Robinet, député-maire de Reims, Michel Bernard, sous-préfet de Reims,
et Catherine Vautrin, présidente de Reims Métropole

La sonnerie aux morts après le dépôt des gerbes de fleurs

La Maîtrise de la Cathédrale accompagnée par l'Harmonie municipale
entonne La Marseillaise

SOURCES

- Archives municipales et communautaires de Reims : 179 W 16, plans du monument aux morts ; bl210, plaquette du monument aux morts.
Olivier RIGAUD et Marc BÉDARIDA, Reims Reconstruction 1920-1930, Ville de Reims, novembre 1988.
Olivier RIGAUD, Reims à l'époque de l'Art Déco, Patrimoine Ressources, Scérén-CRDP de Champagne-Ardenne, 2006