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Durant l'entre-deux-guerres


   Au lendemain de la 1ère guerre mondiale, se posa la question de savoir si les corps des soldats tués au combat seraient rassemblés dans des nécropoles ou rendus à leur famille.
   Il fut décidé que les corps des soldats seraient regroupés dans des cimetières nationaux ou bien, à leur demande, restitués aux familles.

   La loi du 25 novembre 1918 a créé une Commission nationale des sépultures pour définir les principes architecturaux de base des cimetières militaires.
   Le décret du 27 janvier 1920 a créé le ministère des Pensions qui a absorbé et étoffé le Service général des pensions.
    L'article 105 de la loi du 31 juillet 1920 a confié à la Nation les cimetières militaires créés ou à créer sur l'ancien front, pour en assurer la propriété et l'entretien.
   Des « carrés militaires » ont été aménagés dans les cimetières municipaux.
   Partout les stèles devaient être conformes à un modèle standard
 ; elles devaient respecter les confessions religieuses, permettre l'identification du militaire et comporter la mention « Mort pour la France ».


Les trois types de stèles
à la nécropole nationale de Sept-Saulx (Marne)

   Le travail entrepris durant la guerre et poursuivi en 1919 s'amplifia dans les années 1920.

   La loi du 29 octobre 1921 a institué le droit au pèlerinage annuel aux frais de l'Etat, pour les familles qui désiraient se rendre sur la tombe de leur parent reposant en sépulture perpétuelle.

   En 1924, les équipes de l'état civil avaient procédé, sur les anciens fronts, à 960 000 exhumations tandis que, grâce à la loi du 31 juillet 1920, 230 000 corps étaient restitués aux familles.

   Les agents de l'administration contrôlaient et inspectaient les entreprises privées chargées des regroupements en cimetières nationaux et des restitutions.
   Des missions spéciales rapatrièrent d'Allemagne, en 1925-1926, les corps de 22 000 prisonniers de guerre décédés en captivité.
   Dans le même temps, des associations se sont créées et ont pris l'initiative de donner une sépulture aux « oubliés du champ de bataille ».

   Dans la Marne, furent ainsi érigés le Calvaire de la Ferme des Wacques dédié aux morts de la 28ème brigade décimée en 1915, qui a été inauguré en 1919, puis le Monument-Ossuaire de la Ferme de Navarin élevé à la mémoire des combattants français et alliés morts sur le front de Champagne de 1914 à 1918, qui a été inauguré en 1924.

   Sur l'ex-front d'Orient, 5 100 corps furent rapatriés pour être remis aux familles, tandis que les autres étaient regroupés dans de grands cimetières tels que Bitola en Yougoslavie, Salonique en Grèce ou Seddul Bahr en Turquie

   Sur l'ancien front d'Italie fut construit l'ossuaire de Pederobba.

    Après les exhumations dans des petits cimetières et la création de cimetières de regroupement comme celui de Sillery dans la Marne, les équipes d'identificateurs de l'état civil relevèrent, de 1926 à 1928, 32 025 corps sans sépulture, parmi lesquels 6 911 Français furent identifiés.
    La densité des découvertes fut particulièrement élevée en Champagne et en Argonne où ont été dénombrés environ 14 corps par hectare.
   Les recherches poursuivies de 1929 à 1931 permirent de relever encore 42 510 corps.

   La loi de finances du 11 juillet 1931 pour l'embellissement des nécropoles a permis d'accélérer l'achèvement des nécropoles de Notre-Dame de Lorette, Douaumont, Souain - « La Crouée », Suippes, le Vieil-Armand …

   L'accroissement des crédits autorisa un nouveau développement de recherches qui aboutit à la découverte, entre 1932 et 1935, de 47 890 corps ( 26 699 Français et 25 191 Allemands ) ; leurs plaques permirent l'identification de 9 625 Français.

   Les recherches systématiques cessèrent officiellement vers la fin de 1935.
   L'ensemble des opérations laissa cependant subsister des milliers de « carrés militaires » à l'intérieur de cimetières communaux qui furent réaménagés.
   Leur entretien fut confié aux municipalités, au Souvenir français et parfois à des associations de bénévoles.
   Pour honorer la mémoire des soldats disparus, un soldat inconnu, choisi à Verdun parmi huit cercueils ramenés de huit secteurs du front, fut inhumé à l'Arc de Triomphe à Paris, le 28 janvier 1921.