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Le monument aux infirmières de Reims Dossier mis en ligne en 2000-2005 sur le site « Histoire et mémoires des deux guerres mondiales en Champagne », Juliette Adam et le Comité d'honneur du monument Le choix de Reims et de l'emplacement du monument dans la ville L'inauguration du monument en 1924 La monument, ses sculptures et ses inscriptions Le Livre d'Or des « nobles dames tombées au champ d'honneur » Evelyn Shaw, FANY oubliée du Livre d'Or La plaque commémorative du bombardement du 30 mai 1944 La tempête de 1999 et le ravalement de 2005 La plaque en hommage aux personnels soignants inaugurée en 2020 Un lieu de mémoire et de commémoration Autres monuments dédiées aux infirmières recensés en France _________________________________________________________________________________________________________________________________________________ |
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Au début des années 1920, la Ville de Reims a été choisie pour y élever deux monuments emblématiques de la mémoire de la 1ère guerre mondiale : Juliette Adam et le Comité d'honneur du monument Le monument « à
la gloire des infirmières françaises et alliées
victimes de leur dévouement » érigé à Reims après la Première
Guerre mondiale, a été financé par une souscription
internationale lancée par un Comité
d'honneur fondé
et présidé par Juliette
ADAM, et dont le secrétaire général
était Auguste MAZURE.
Onze nations figuraient sur la liste de ce Comité : « France, Angleterre, Belgique, États-Unis d’Amérique, Grèce, Italie, Japon, Portugal, Roumanie, Russie, Serbie ». Juliette
LAMBERT (1836-1936) avait épousé Edmond
ADAM, député puis sénateur de la
Gauche républicaine. Amie de George
SAND, Juliette ADAM a fondé en
1879 la Nouvelle
Revue et ouvert boulevard Poissonnière puis boulevard Malesherbes à Paris, un salon
politique et littéraire fréquenté
par Léon GAMBETTA, Adolphe
THIERS, Gabriel HANOTAUX, Georges CLEMENCEAU, Gustave
FLAUBERT, Victor HUGO, Guy de MAUPASSANT, Ivan
Serguïevitch TOURGENIEV, Pierre
LOTI, Alexandre DUMAS fils. Juliette Adam photographiée par Nadar en 1896 Fille de médecin, elle avait été soignée dans sa jeunesse pour une grave affection des voies respiratoires. Elle a été une ardente militante de la cause féministe, puis une femme du monde célèbre. Elle a voulu, devenue une dame âgée, « la grand-mère de la Patrie », mettre sa notoriété au service de ce qu’elle appelait l’ŒUVRE. C’est ainsi qu’elle désignait le Comité pour l’érection du monument aux infirmières, afin de rendre hommage à toutes ces femmes qui avaient, au péril de leur vie, porté secours aux soldats blessés sur tous les fronts de la guerre de 1914 à 1918. Le choix de Reims et de l'emplacement du monument dans la Ville de Reims La Ville de Reims a été choisie parce qu’elle était mondialement connue comme la « Ville martyre », symbolisée par les photographies de la ville et de sa cathédrale mutilée entourée de ruines. « La ville de Reims a a payé le plus lourd tribut à la Première guerre mondiale avec près de 800 victimes civiles tuées suite aux bombardements incessants de l’ennemi allemand. Pendant quatre ans, la ville est bombardée 1.100 jours consécutifs. » François COCHET Le
15 février 1922, M. LIÉNARD, au nom de la Commission de Reconstruction de la Ville de Reims,
adonné lecture devant le Conseil municipal
d'une lettre datée du 23
janvier 1922, par laquelle l'architecte
et le sculpteur désignés par le Comité du Monument
aux infirmières informaient le maire que sa ville avait été choisie, parce qu'elle
était « le point le plus
favorable pour se souvenir de la Grande Guerre ». Des plans de la Ville de Reims furent envoyés à l'architecte GIRAULT, indiquant plusieurs emplacements possibles : le Cimetière de l'Est, l'esplanade Cérès, la place de la République, la Patte d'Oie. Le
3 mars 1922, l'architecte GIRAULT et
le secrétaire général du Comité d'érection, Auguste MAZURE, accompagnés par le président
de la Société des architectes de la Marne, M.
ALLARD, se rendirent à Reims où ils visitèrent les différents
emplacements possibles.
Il reconnaissait en même temps que son projet pouvait être remanié en accord avec la situation du lieu choisi. Le 10 mars 1922, le Conseil municipal de Reims, par 17 voix contre 7, a adopté les conclusions du rapport de la Commission de Reconstruction, présenté par M. LIÉNARD, qui proposait d'offrir au Comité du Monument aux infirmières l'emplacement de l'Esplanade Cérèsre située à la croisée du boulevard Lundy, du boulevard de la Paix, de l'avenue Jean-Jaurès et de la rue Cérès. L'inauguration du monument en 1924 Malgré la ferme opposition de quelques conseillers municipaux, le monument aux infirmières a donc été finalement érigé au centre du Square de l'Esplanade Cérès. Il a été inauguré le 11 novembre 1924, en présence des autorités civiles et militaires de Reims, du cardinal LUÇON, archevêque de Reims, du pasteur GONIN, du rabbin HERMANN, du général PAU, président de la Croix-Rouge française, et d'une délégation des trois sociétés de la Croix-Rouge française.
Le monument, ses sculptures et ses inscriptions
Sur la base octogonale Élevé au centre de l'Esplanade
Cérès, rebaptisée en
1932 Place Aristide BRIAND, le monument aux infirmières de Reims est constitué d'une colonne
cylindrique de 5 mètres de hauteur, entourée dans sa partie supérieure
d'une frise de lauriers et surmontée
d'une urne funéraire entourée
d'une guirlande et décorée
de pommes de pin, symbole d'éternité. Face au boulevard Lundy : « Pologne - Grèce - Portugal - Japon - Australie - Canada - France - Grande-Bretagne - Italie » Face au boulevard de la Paix : « Belgique - États-Unis d'Amérique - Union Sud-Africaine - Indes - Russie - Roumanie - Serbie » Les sculptures Deux sculptures intégrées en hauts-reliefs à la colonne font face à la rue Cérès et à l’avenue Jean-Jaurès : Face à la rue Cérès : deux infirmières portant secours à un soldat blessé Face à l'avenue Jean-Jaurès, au-dessus de l'inscription « 1914-1948 » : un ange ailé apportant des roses, symbole de renouveau Les inscriptions Deux inscriptions sont gravées sur le monument faisant face au boulevard Lundy et au boulevard de la Paix : Face au boulevard Lundy : Face au Boulevard Lundy déclare : Le « Livre d'Or des nobles femmes tombées au champ d'honneur » En 1922, le Comité d'érection du monument avait souhaité qu'« au pourtour du fût soient gravés les noms des infirmières mortes aux Armées », projet qui a été finalement abandonné en raison du nombre trop important qu'il aurait fallu inscrire sur le monument aux infirmières qui, comme le monument aux morts de Reims inauguré plus tard en 1930 et pour la même raison, est donc un monument sans nom. La liste des nations qui figurent sur le Livre d’Or diffère un peu de la liste des nations qui figuraient dans le Comité d’érection du monument. L’« Angleterre » fait place à l’« Empire britannique » intégrant l’« Afrique du Sud », l'« Australie » et le « Canada ». La « Pologne » a été ajoutée ; partagée à la fin du XVIIIe siècle entre la Prusse, l’Empire russe et l’Autriche-Hongrie, elle a retrouvé son indépendance, proclamée dès le 11 novembre 1918. S’agissant de la France, les 211 noms ne concernent que les infirmières civiles appartenant aux trois sociétés de la Croix-Rouge française. Selon un article mis en ligne sur le site du Souvenir Français le 30 avril 2020, le nombre total des infirmières françaises qui se sont dévouées auprès des soldats blessés ou malades tout au long du conflit, a atteint 100 000 dont 70 000 bénévoles. Au total, 350 sont mortes pour la France au cours du conflit ; 3 000 ont été décorées. Le nombre des infirmières françaises (211) qui figurent sur le Livre d'Or est sensiblement moins élevé que celui des infirmières de l'Empire britannique (434) et que celui des infirmières des État-Unis (283), pays pourtant entré en guerre tardivement en 1917. Ce décalage s'explique sans doute par le fait que les infirmières françaises étaient toutes des infirmières civiles appartenant aux sociétés de la Croix-Rouge, qui se dévouaient essentiellement dans les hôpitaux de l'arrière, alors que les infirmières britanniques et américaines, qu'elles soient militaires ou appartenant à des organisations et sociétés caritatives, devenues des auxilaires des armées, se sont davantage exposées en conduisant des ambulances, en venant au secours des blessés au plus près du front, et parfois à proximité des premières lignes, ou encore en servant sur des navires-hôpitaux.
Belgique (22) dont une infirmière française, une infirmière anglaise, et trois infirmières religieuses Empire britannique (434) ANGLETERRE : 346 infirmières
[ NAVAL AND MILITARY HOSPITAL SHIPS SUNK (12) : Anglia, Britannic, Dover-Castle, Galeka, Glenart-Castle, Lanfranc, Letitia, Llandovery-Castle, Rohilla, Rewa, Salta, Warilda ] États-Unis d'Amérique (283) - American Red Cross Nurses : 273 dont Reserve, Army Nurse Corps (89) et Navy Nurse Corps (1) [ SANITARY FORMATIONS SUBJECTED TO ENEMY BOMPS : France (211) - Association des Dames de France : 28
Grèce Italie - Crossa Rossa Italiana : 33 Japon Pologne Portugal Roumanie : 18 Russie Serbie TOTAL : 1 001 « nobles femmes tombées au champ d'honneur »
Evelyn Fidgeon SHAW, FANY oubliée du Livre d'Or du monument aux infirmières de Reims Imperial War Museum Dans le Carré militaire britannique du cimetière de Sézanne (Marne), repose la dépouille d'Evelyn Fidgeon SHAW décédée le 24 août 1918, unique femme reposant dans ce carré militaire. Evelyn SHAW est née en 1881 à Aston, une ville appartenant aujourd'hui à l'arrondissement métropolitain de Birmingham dans les Midlands. Le 24 août 2018, un hommage a été rendu à Evelyn SHAW dans le carré militaire britannique de Sézanne par une délégation de la FANY conduite par leur aumônière, Canon Flora WINFIELD, les associations d'Anciens combattants de la Marne et le Souvenir Français. Stèle numéro 40, au bout de la rangée A, accolée à la haie qui sépare le carré militaire britannique du cimetière communal de Sézanne À Londres, le nom d'Evelyn SHAW est gravé au-dessus de la plaque commémorative ddiée aux FANYs de la 2e guerre mondiale, apposée sur le mur extérieur de l'église Saint-Paul dans le quartier de Knightbridge. « 1914 - Evelyne Fidgeon SHAW Croix de guerre - 1918 » Tout au long du conflit les FANYs ont été engagées sur les différents fronts en particulier dans l'organisation des convois d'ambulances qui allaient chercher les soldats blessés ou gazés dans les postes de secours des premières lignes pour les évacuer dans les hôpitaux militaires de l'arrière. La plaque commémorative du bombardement du 30 mai 1944 apposée par la Croix-Rouge Au
lendemain de la Seconde Guerre mondiale, une plaque
commémorative a été ajoutée
à la base du monument face à la rue Cérès, à la mémoire des infirmières
et brancardiers de la Croix-Rouge tués lors du bombardement
allié du 30 mai 1944 qui a fait 52 morts et 70 blessés
graves. La plaque en hommage aux personnels soignants inaugurée en 2020 Le 13 juillet 2020, à la sortie du confinement imposé par l'épidémie de la COVID-19 et dans le cadre de la célébration de la Fête nationale, une plaque commémorative a été inaugurée au pied du monument aux infirmières de Reims pour remercier les personnels soignants. « Nous le devons en respect à tous les soignants qui se sont battus pour nous et ont payé lourdement le prix. Un lieu de mémoire et de commémoration Le monument aux infirmières de Reims a été un lieu de mémoire où les Rémois et leurs élus venaient chaque année se recueillir et déposer des gerbes de fleurs à l'occasion de la fête nationale et des commémorations liées aux deux guerres mondiales. Depuis quelques années, l'allongement de la durée des cérémonies devant le monument aux morts qui désormais donnent lieu à des remises de médailles délivrées dans le cadre des opérations extérieures (OPEX), mais aussi la difficulté d'accéder au monument situé au centre d'un rond-point de plus en plus fréquenté ont conduit à limiter le nombre des commémorations en ce lieu.
En 2016, à l’initiative de Josy COTTEZ, secrétaire du Comité rémois du Souvenir Français, et de Catherine VAUTRIN, présidente de l’agglomération, la Ville de Reims a entrepris de célébrer désormais chaque année le 8 mars la Journée internationale des droits des femmes devant le monument Josy COTTEZ Le 8 mars 2023, la célébration de la Journée internationale des droits des femmes s'est déroulée en présence de Patricia MIRALLÈS, secrétaire d’État auprès du ministre des Armées chargée des Anciens combattants et de la Mémoire, de Serge BARCELLINI, Contrôleur général des Armées et président national du Souvenir Français et d'Henri PRÉVOST, préfet de la Marne.
La tempête de 1999 et le ravalement de 2005 La tempête de décembre 1999 a arraché les arbres dont les feuillages masquaient en partie le monument, désormais bien dégagé. En 2005, à l'occasion du 60e anniversaire de la Victoire alliée de 1945, la Ville de Reims a fait ravaler le monument. Autres monuments dédiés aux infirmières recensés en France Alors que le monument de Reims était dédié à toutes les infirmières des pays alliés, d'autres initiatives ont vu le jour pour honorer plus spécifiquement les infirmières françaises. La maquette du projet de monument aux infirmières françaises À défaut de monument parisien dédié aux infirmières françaises, un bas-relief leur a rendu hommage au siège de l'Union des Femmes de France 102, boulevard Malesherbes à Paris.
Le général Gouraud remet la rosette
d'officier de la Légion d'honneur à Madame Barbier-Hugo,
La Fontaine du Souvenir de Chaulnes (Somme) - 1922 Sur le site du Souvenir Français « En souvenir « Que l’eau qui s’écoule dans la vasque soit un symbole destiné à laver les souillures subies par la malheureuse cité. Que l’infirmière qui tient amoureusement un enfant de Chaulnes dans ses bras rappelle tous ceux qu’elle a sauvés » .
Le Grand écho du Nord de la France, 9 octobre 1924 Sur le site officiel de la commune de Berck-sur-Mer « Monument érigé à la gloire des infirmières françaises blessées ou mortes au champ d'honneur lors de la Première Guerre mondiale, en hommage à leur dévouement et leur patriotisme », ce monument a été inauguré à Berck-Plage le 23 novembre 1924, quelques jours après l'inauguration du monument de Reims. Élevé à l'initiative de Lucien DUVET et de l'Association Amicale des combattants de la Grande Guerre de la région de Berck, il est l'œuvre de Robert JOURDAIN DE L'ETOILLE, président de l'Union des combattants d'Argoules (Somme).
(Photographie communiquée par Jean-Pierre Boureux) Dédié « Aux infirmières militaires », ce monument a été érigé en 1955 à l'initiative des « anciens combattants reconnaissants » à Pierrefonds (Oise), dans le parc de l'Hôtel des Bains, transformé en ambulance chirurgicale pendant la 1ère guerre mondiale, à l'endroit où l'infirmière Elisabeth JALAGUIER a été tuée le 20 août 1918 lors d'un bombardement aérien. « À Elisabeth Jalaguier, Après
le bombardement de 1918, une pierre
blanche a été posée à lendroit
précis où cette infirmière avait été
tuée, puis en
1933, une souscription a été lancée
pour l'érection d'un monument sur le site qui a été vendu en
1954 à lUnion
Nationale des Combattants par la société
propriétaire du parc. Le monument, inauguré en 1955, intègre une statue
en bronze réalisée daprès un
projet en plâtre du sculpteur REAL DEL
SARTE, retrouvé dans les caves du château
et exposé aujourdhui dans léglise Saint-Sulpice de Pierrefonds. Sources documentaires
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