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Le crématoire

 

Le bâtiment du crématoire

   Le bâtiment où a été installé le four crématoire est situé dans la partie inférieure du camp à côté du Bunker.
   Jusqu'à la mise en service de ce bâtiment, en octobre 1943, les corps étaient brûlés à la Ferme IDOUX, dans un four crématoire ambulant installé près de la chambre à gaz.

Dessin de Henry GAYOT, déporté NN
matricule 11 784

   Les cadavres qui devaient être incinérés étaient d'abord entreposés dans la morgue qui se trouvait en-dessous, puis montés au pied du four crématoire par un monte-charge situé à droite de l'entrée.

 



Musée du Struthof

 

Le four crématoire

   Les cadavres étaient placés sur un brancard métallique muni de roulettes à l'avant, et introduits dans le four qui était chauffé au coke.

   Par les ouvertures situées au fond du four, les flammes léchaient directement les cadavres posés sur une plaque d'amiante et les desséchaient.
   Les cadavres brûlaient ensuite comme des torches.
   La chaleur ainsi dégagée était récupérée pour chauffer l'eau d'un
accumulateur qui servait à alimenter les douches installées dans la pièce voisine.
    Au-dessous de l'accumulateur, sont conservés quelques exemplaires de
sabots et de savates portés par les déportés.
   C'est
pieds nus dans ces chaussures que les déportés étaient astreints à des appels prolongés, qui devenaient insupportables en plein hiver.

   Derrière le four crématoire, subsistent au plafond quatre crochets destinés aux pendaisons rapides hors de la vue des autres déportés.

   Ces pendaisons se déroulaient de la façon suivante :
         - lorsqu'il était tout seul, le déporté était placé debout sur un escabeau, les mains liées derrière le dos ; les bourreaux SS lui passaient une corde au cou, la fixaient au crochet et donnaient ensuite un coup de pied brutal dans l'escabeau ;
         - lorsqu'ils étaient plusieurs à être pendus en même temps, les déportés devaient monter sur une planche posée sur deux escabeaux, qu'un SS faisait également tomber brutalement.
      Mais dans les deux cas, les déportés ne tombaient pas d'assez haut pour que leur chute entraîna la mort instantanée par rupture de la colonne vertébrale.

   Ils mourraient donc par strangulation dans d'atroces souffrances.


Les plaques commémoratives

   Dans l'entrée du four crématoire, ont été apposées trois plaques commémoratives sur lesquelles sont gravés les noms de résistants et de résistantes exécutés dans le bâtiment du crématoire.

   Le 6 juillet 1944, quatre femmes britanniques et françaises, agents de laison du Special Operations Exucutive ( SOE ) parachutés en France, ont été exécutés par injection.

    Andrée BORREL et Sonia OLSCHANEZKY étaient françaises, Vera LEIGH et Diana ROWDEN, britanniques.
   Arrêtées au cours des années 1942-1943, incarcérées en prison en France et en Allemagne,
elles ont été amenées au camp de Natzweiler-Struthof pour y être exécutées en juillet 1944.

   Dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944, des membres du réseau Alliance et du Groupe mobile Alsace-Vosges ont été exécutés d'une balle dans la nuque dans la chambre d'exécution.

Plaque apposée en 1960 à l'entrée du bâtiment du four crématoire

   Parmi les 107 membres du réseau " Alliance " exécutés à Natzweiler-Struthof : 15 femmes, le général LABAT, un homme de 79 ans, le colonel VIELJEUX, maire de la Rochelle, et le Rémois Roland SEYDOUX.

Le général Paul LABAT, membre du réseau Alliance , arrêté le 30 mars 1943

Plaque apposée par la Ville de Reims
au domicile de
Roland SEYDOUX
36, Boulevard Lundy à Reims

   La dernière nuit passée dans ce camp j'ai eu peur.
   Ceux qui se serraient contre moi pour regarder à travers la fenêtre de la cabane ne disaient rien.
   Mais je sentais leur inquiétude.
   Rien de pire que cette impression d'insécurité collective...
   Des camions que nous distinguions à peine descendaient vers le crématoire.
   Puis, on entendait des cris, des appels et quelques coups de feu.
   On percevait encore des grondements de moteurs, des ordres lancés...

Témoignage du Châlonnais Jacques SONGY

La liste des 33 membres du Groupe mobile Alsace-Vosges exécutés au Struthof

La chambre d'exécution

   La chambre d'exécution est la première salle à gauche lorsqu'on s'avance dans le couloir du bâtiment du crématoire.



   Les déportés sont tués d'une balle dans la nuque.
   La déclivité du sol vers un puisard permet l'écoulement du sang et le rapide lavage après les exécutions.
   Dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944, sont massacrés 107 membres du réseau " Alliance " dont 15 femmes, ainsi que 33 membres du Groupe mobile Vosges-Alsace.

Signalétique du camp

La chambre des urnes

   La première salle à droite contient des urnes funéraires destinées à recueillir les cendres des détenus allemands incinérés au four crématoire.
   Pour recevoir ces urnes, les familles de ces détenus allemands devaient verser une somme variant entre 60 et 100 reichsmarks, sans avoir la certitude que les urnes qu'on leur expédiait contenaient bien les cendres des leurs.
   Selon certains témoignages, les urnes étaient en effet remplies avec n'importe quelles cendres.
   À la Libération, il restait ici 29 kilos de cheveux et de poils de déportés, dont les cadavres étaient systématiquement tondus avant de passer au crématoire.   
   Ils ont été brûlés par les autorités françaises le 20 septembre 1945, et les cendres qui en résultèrent sont contenues dans les urnes placées sur une table.
   Pendant toute la période où le camp a fonctionné, les cheveux des déportés tondus étaient récupérés et expédiés par les SS à une fabrique de feutres en Allemagne.
   De même, les dents en or étaient extraites de la bouche des cadavres avant l'incinération. Quelques déportés étaient chargés de cette macabre besogne
.

La « chambre des cobayes »

   En avançant un peu plus dans le couloir, on découvre la « partie médicale » du bâtiment.
   À gauche, il y a une pièce peinte à l'intérieur et disposant d'un lavabo, qui servait de
bureau aux médecins nazis HIRT, HAGEN et BICKENBACH.
   En face, se trouvait leur secrétariat, et dans le fond à droite, la « chambre des cobayes ».

   C'est là que furent enfermés des déportés, en particulier des Juifs et des Tziganes amenés d'Auschwitz auxquels a été inoculé le virus de certaines maladies, ou qui ont été gazés ou stérilisés, et sur lesquels des médecins et professeurs nazis procédaient à des expériences et à des recherches.
   
   Dans cette salle sont conservés des
lits comme ceux qui étaient disposés dans les baraques.
   Dans les baraques où étaient entassées les déportés, ces lits étaient rassemblés en châlits comportant trois étages superposés.
   Ceux qui sont présentés ici correspondent à des châlits comportant seulement deux étages.

La salle d'autopsie

   Tout au fond du couloir, se trouve la salle d'autopsie où les médecins SS disséquaient les cadavres qui leur semblaients intéressants.
   Les rainures diagonales de la table de dissection située au centre de la salle, permettaient l'écoulement du sang
.


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