Histoire et mémoire 51 > Histoire et mémoire des réseaux > L'histoire tragique du réseau Possum | |
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Le réseau
d'évasion Possum, Dossier mis en ligne en 2000 par Jean-Pierre Husson et actualisé jusqu'en 2010 sur le site _________________ « Un réseau est un organisme créé en vue d'un travail militaire précis, essentiellement de renseignement, accessoirement le sabotage, fréquemment aussi l'évasion de prisonniers de guerre et de pilotes tombés chez l'ennemi »
Message
de la BBC « Le soleil luira pour tout le monde » |
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Plus
de 60 ans après la chute du réseau d'évasion Possum
intervenue fin 1943-début 1944 et
qui a été suivie de nombreuses
arrestations et déportations, les causes de la
fin tragique de ce réseau
d'évasion n'ont toujours pas été clairement
élucidées. Du réseau Possum, je ne connaissais au départ que l'état nominatif des agents P1 (agents occasionnels) et agents P2 (agents permanents) établi en 1947 par Pierre CAMPINCHI, le liquidateur responsable de ce réseau à la Commission nationale des réseaux des Forces françaises combattants (FFC) au ministère des Armées. Cette copie, qui lui avait été communiquée par le Comité d'histoire de la 2e guerre mondiale, figurait dans les archives d'André AUBERT et m'ont été léguées après son décès en 1979. Ces homologations rétroactives concernaient essentiellement des « helpers », c'est-à-dire des hommes et des femmes qui avaient occasionnellement accepté d'héberger des pilotes alliés pris en charge par Possum sans même connaître le nom de ce réseau, et qui, lorsqu'ils ont été victimes de la répression nazie (le plus souvent morts en déportation), ont été homologués dans la catégorie des agents P2 (membres ayant eu une activité permanente) avec des grades d'assimilation d'officiers. C'était sans doute le seul moyen de permettre à leurs ayant-droits de bénéficier d'un « dédommagement », en intégrant ces « helpers » aux Forces françaises combattantes. En
2004-2005, David HANNI,
collecteur Mémoire à l'Hôpital
de Fismes, a recueilli le témoignage de Monsieur
POITRINE, boucher qui abattait les bêtes destinées
à ravitailler les pilotes alliés pris en charge par
le réseau Possum et hébergés dans les gîtes du secteur
de Fismes, en relation avec le
radio Conrad LAFLEUR. En
décembre 2006, j'ai reçu une lettre de Monique de BRIEY,
comtesse de Hemricourt de Grunne me précisant les circonstances de sa venue à Fismes en janvier 1944, qu'elle avait décrite dans un rapport rédigé après la Libération et conservé dans les archives américaines. Recrutée par Georges d'OULTREMONT,
agent belge qui a assuré l'intérim du chef de Possum
rappelé
à Londres de la mi-novembre à
la mi-décembre 1943, elle a été
chargée après l'arrestation du commandant POTIER, d'aller enquêter auprès
de la Famille JEUNET de Fismes. Elle m'a apporté des informations complémentaires dans une lettre datée du 9 mars 2007. En janvier 2007, Brigitte D'OULTREMONT m'a fait parvenir 8 pages dactylographiées extraites des notes manuscrites rédigées à l'intention de ses enfants par son père, Georges d'OULTREMONT, qui a assuré l'intérim du commandant POTIER, chef de Possum, rappelé à Londres entre la mi-novembre et la mi-décembre 1943. En novembre 2007, Anne SIROT m’a communiqué l’important dossier retrouvé dans les archives de sa famille. Son père Jean et son grand-père Raymond SIROT, mort en déportation, étaient tous les deux membres de l’équipe BOA de Gueux. Ce dossier contient les recherches effectuées par Jean SIROT sur le BOA-Marne, recherches qui malheureusement n’ont pas abouti sur une publication, ainsi que l’abondante correspondance qu’il a échangée avec Michel PICHARD. Ce dernier qui, sous le pseudo de PIC, avait été le chef des opérations aériennes dans la région C dont faisait partie la Marne, puis le coordonnateur national du BOA, travaillait à la rédaction d’un ouvrage sur les réseaux BOA de la France libre finalement publié en 1990 sous le titre L’Espoir des ténèbres-Parachutages sous l’Occupation. En février 2008, Jacqueline CAVIGNAUX-THIRION qui, avec ses parents et ses frères, a hébergé dans leur ferme de Prin, près de Savigny-sur-Ardres, des pilotes alliés convoyés par le réseau Possum, m'a fait parvenir quelques photocopies de documents familiaux. En avril 2009, Michèle BARRÉ-RIGAUX de Fismes, fille et petite-fille d'agents du réseau Possum, m'a autorisé à numériser quelques documents et photographies tirés de ses archives familiales. Son père, Camille RIGAUX fils a échappé à l'arrestation, mais sa grand-mère Jeanne DÉSOTHEZ a été gazée à Ravensbrück, tandis que ses deux grands-pères, Camille RIGAUX et Maurice DÉSOTHEZ sont décédés à Buchenwald. En septembre 2010, j'ai pu m'entretenir longuement au téléphone avec Christopher WOOG, le fils d'Armel GUERNE, responsable au sein du réseau SOE Physician Prosper des sous-réseaux de l'Aisne et des Ardennes, dont plusieurs agents ont été ensuite recrutés par le chef du réeau Possum. Il m'a fait part de sa conviction que son père, qu'il a peu connu, n'a pas trahi. |