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Le Monument des fusillés du Bois de la Rosière
à Tournes ( Ardennes )

Dossier mis en ligne par Jean-Pierre Husson

Un monument oublié auquel on accède difficilement par un chemin envahi par la végétation

Un monument érigé à la mémoire de 13 patriotes exécutés en août 1944

Les trois Rémois exécutés au Bois de la Rosière

L'inauguration du Monument d e Tournes le 30 août 1947

La mémoire de la pierre

Les sépultures du cimetière de Tournes

La commémoration annuelle

Sources

 


 

 





Un monument oublié
auquel on accède difficilement par un chemin
envahi par la végétation

Le Monument du Bois de la Rosière a été érigé en 1947 sur le territoire de la commune de Tournes près de Charleville-Mézières, à l'orée du bois qui lui a donné son nom, en retrait de la N 43 qui relie le chef-lieu des Ardennes à Hirson, à la sortie du hameau de La Mal Campée qui marque la fin du territoire de la commune de Warcq.

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Face à ce monument, respectez la mémoire des Patriotes.
Cet endroit n'est ni un lieu de plaisir, ni de camping.
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aux voitures, motos, caravanes
Merci


Un monument érigé à la mémoire
de 13 patriotes exécutés en août 1944

   Voici comment, sous le titre " Un de leurs derniers crimes ", l'historien ardennais, Jacques VADON, a retracé le massacre du Bois de la Rosière :

   Le 29 août 1944, quelques heures avant leur départ, les Allemands se résignent à libérer les patriotes détenus à la prison de Charleville, place Carnot, environ une cinquantaine d'hommes et de femmes.
   Mais sur l'insistance de la Gestapo et de la Milice française, ils décidèrent de fusiller au préalable quelques otages.
   Et c'est ainsi que treize malheureux, désignés au hasard, sont extraits de leur cellule et transportés en camion au bois de la Rosière ( commune de Tournes ) où ils sont aussitôt abattus.
   On leur avait fait croire qu'on allait les libérer.
   Parmi eux, il y avait deux femmes.

Les fusillés du Bois de la Rosière le 29 août 1944 à Tournes

         De droite à gauche :
                - Marie-Thérèse OGNOIS, un bouquet de fleurs glissé sous son bras par des habitants de Tournes
                - Paul SCHLEISS en pantalon rayé
                - et André SCHNEITER

  À la veille de la Libération, alors que les troupes alliées s'approchaient, les chefs de la Résistance ardennaise, ayant appris que les Allemands rassemblaient des autocars pour transférer en Allemagne les patriotes internés à la prison de Charleville, place Carnot, ont pris la décision de détruire ces véhicules.
. Après ce sabotage, une unité de la Gestapo d'Orléans repliée à Charleville a fait sortir onze hommes et deux femmes des cellules, les a alignés le long d'un mur, puis les a fait monter dans un fourgon cellulaire stationné dans la cour de la prison : 13 autocars avaient été détruits par la résistance, 13 résistants allaient être exécutés.

Première identification des treize massacrés
dans la grange où leurs corps ont été déposés

   - Georges BAILLEUL : né le 24 juin 1917 à la Neuville aux Tourneurs ( Ardennes ), domicilié dans cette commune, entré au maquis de Brognon le 1er janvier 1944, arrêté pendant l’exécution d’un sabotage le 16 février 1944, près de la gare d’Auvillers-les-Forges..
   - Arthur DECRUYENAERE : né le 26 août 1925 à Roubaix ( Nord ).
   - Georges DUPONT : né le 15 août 1920 à Lières ( Pas de Calais ), responsable FTPF de Monthermé.
   - Louis MANON : né le 3 mai 1891 à Haybes ( Ardennes ), résistant dans le secteur de Fumay, confection de faux papiers, hébergement de réfractaires, dénoncé en mars 1944.
   - Roger MATHIEU : né le 23 novembre 1914 à Piennes ( Meurthe et Moselle ), coiffeur rue Bourbon à Charleville, arrêté à La Francheville le 29 mars 1944, agent d'un réseau d'évasion d'équipages alliés.
   - Henri MOREAU, pseudo Lucien : né le 24 avril 1919 à Nouic ( Haute Vienne ), charpentier-menuisier, chef départemental du Bureau des Opérations Aériennes dans les Ardennes puis dans la Marne.
   - Marie-Thérèse OGNOIS, née THIRION : née le 7 octobre 1898 à Champy Haut, commune de Nouart ( Ardennes ), militante socialiste, membre de Libération-Nord, agent de liaison, diffusion de journaux clandestins, arrêtée le 8 juillet 1944 à Reims.
   - Robert PAL : Juif hongrois, ouvrier agricole dans le cadre de la WOL à Remaucourt, s'est caché dans une grange du Rethélois pour échapper à la rafle de janvier 14944, dénoncé et interné à la prison de Rethel, puis transféré à la prison de Charleville.
   - Lily BAUER : Juive hongroise, compagne de Robert Pal, arrêtée en même temps que lui.
   - Guy ROY : né le 6 avril 1922 à Paris, agent de liaison dans le secteur de Signy-l'Abbaye.
   - Charles SAINT-MICHEL : né le 29 janvier 1920 à Saint-Florent ( Deux-Sèvres ).
   - Paul SCHLEISS, pseudo Titi : né le 27 mars 1913 à Reims, militant socialiste et responsable rémois de Libération-Nord, arrêté le 8 juillet 1944 à Reims.
   - André SCHNEITER, pseudo Dédé Salavin : né le 27 juin l9l4 à Reims, chef de CDLR, du BOA et des FFI de l'arrondissement de Reims, arrêté le 8 juillet 1944 à Reims.

   Encadré par deux tractions-avant noires, le fourgon a quitté Charleville en direction de Warcq - La Bellevue du Nord - La Mal Campée. En arrivant sur le territoire de la commune de Tournes, il s'est arrêté à l'orée du Bois de la Rosière.
   Au fur et à mesure qu'ils ont été extraits du fourgon, les 13 patriotes ont été abattus à la mitraillette.
   Les véhicules reculèrent ensuite très rapidement pour reprendre la route nationale encombrée de troupes allemandes battant en retraite.
   Lorsque les habitants des fermes voisines alertés par la fusillade, arrivèrent sur les lieux, le jeune Guy ROY, agé de 22 ans, leur déclara avant de mourir :

   Nous étions treize.
   Ils nous ont fait descendre deux par deux en nous disant  :    « Vous êtes libres ».
   J'ai couru et j'ai tenté de me coucher avant que la rafale ne m'atteigne... 

   Pendant ce temps à Charleville, les autres détenus étaient sortis libres de la prison.
   Devant la porte, un homme pleurait seul en silence. C'était le Rémois Maurice OGNOIS, séparé de sa femme en cellule, il l'attendait en vain et allait bientôt apprendre qu'elle avait été exécutée à Tournes en même temps que ses camarades Paul SCHLEISS et André SCHNEITER.


Les trois Rémois exécutés au Bois de la Rosière

André Schneiter
Marie-Thérèse Ognois
Paul Schleiss


http://www.crdp-reims.fr/memoire/enseigner/memoire_resistance/resistance/remois_tournes.htm


L'inauguration du Monument
de Tournes
le 30 août 1947

   Le Monument de Tournes a été inauguré le 30 août 1947 en présence de nombreuses personnalités :
   - le préfet des Ardennes, Maurice PICARD 
;
   -
le maire de Tournes, Monsieur GUILLAUME ;
   - 
le colonel NÉROT, colonel AUBUSSON dans la Résistance, ancien chef d'état-major au sein du commandement militaire FFI de la la Région C dont faisait partie le département des Ardennes ;
   - le Commandant POINT, Commandant FOURNIER dans la Résistance, chef départemental des FFI ;
   - Pierre SCHNEITER, député de la Marne, frère d'André SCHNEITER, chef du BOA et des FFI de l'arrondissement de Reims, exécuté par les nazis à Tournes le 29 août 1944.

   Érigé à l'initiative de la commune, en faisant appel à une souscription publique, ce monument est l'œuvre du sculpteur rémois Gustave MAILY. Il se dresse à l'orée du Bois de la Rosière, le dos à la route nationale, sur les lieux-mêmes du massacre, où avait été élevé après la Libération un monument provisoire constitué d'une Croix de Lorraine en bois.

Le monument provisoire érigé après la Libération

L'inauguration du Monument ...

... le 30 août 1947


La mémoire de la pierre

L'ensemble du monument
avec ses plaques commémoratives
et son urne

29 août 1944
Aux Martyrs de la Résistance
Ils ont donné leur vie
pour nous
Ne l'oublions jamais

1944 - 1994
En hommage aux 13 fusillés
du Bois de la Rosière
La commune de Tournes

Ici
le 29 août 1944
à la veille
de la Libération
treize patriotes
ont été fusillés
par les Allemands

BAILLEUL Georges
DUPONT Georges
MANON Louis
MATHIEU Roger
MOREAU Henri
OGNOIS Maris-Thérèse
PAL RObert
PAL Lily
ROY Guy
SAINT-MICHEL Charles
SCHLEISS Paul
SCHNEITER André
DECRUYENAERE Arthur

À
ceux
qui
n'ont pas douté


Les sépultures du cimetière de Tournes

Dans le cimetière de Tournes, la croix érigée à la mémoire des résistants
exécutés par les nazis au Bois de la Rosière le 29 août 1944

Les sépultures de Arthur Decruyenaere, de Robert Pal et de Lily Bauer
surmontées de drapeaux aux couleurs de la France
et de la Hongrie, pays dont étaient originaires Robert Pal et Lily Bauer


La commémoration annuelle

   Chaque année, en août ou en septembre, une cérémonie du souvenir se déroule au cimetière, puis au Bois de la Rosière en présence des élus et des assocations d'anciens résistants.

Le 14 septembre 2008 au cimetière de Tournes ...

... puis au Bois de la Rosière

Denise Richard-Ognois ( en imperméable blanc ), fille de Marie-Thérèse Ognois,
se recueille devant le Monument des fusillés le 14 septembre 2008


Sources

   Archives de la famille Ognois conservées par Denise RICHARD-OGNOIS
   
C. ASCAS, J. GENON, C. et M. THIÉRY, M. WOIRIN, 29 août 1944, massacre au Bois de la Rosière
, brochure réalisée avec le concours de la commune de Tournes, non daté.
   
Gérard GIULANO, 29 août 1944 - Massacre au Bois de la Rosière
, non daté.
   
Jacques VADON, 1940/1944 les Ardennes en images
, Bruxelles, SODIM, 1977.
   
Philippe LECLER, Le massacre du Bois de la Rosière ", in Le temps des partisans, éditions Dominique Guéniot, 2009.

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