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Vilfrid MAACK
Le parcours d'un jeune Français d'Afrique du Nord
engagé volontaire dans les Spahis
(1943-1945)

   

Le spahi Vilfrid Maack en mai 1943

     Vilfrid MAACK est né le 19 septembre 1925 en Algérie à Sidi-bel-Abbès, berceau de la Légion étrangère, dans laquelle son père, danois originaire du Schleswig-Holstein annexé par la Prusse, s’était engagé en 1912 pour échapper à la conscription allemande et avait servi jusqu’en 1930. Il avait reçu la Croix de guerre 1914-1918 et la Médaulle militaire.

     Il a étudié au lycée de Sidi-bel-Abbès, puis à la rentrée d’octobre 1940 au lycée de Rabat au Maroc, protectorat français moins soumis que l’Algérie à la pression de l’administration du gouvernement de Vichy. Il y fréquenta un groupe de jeunes, Les Gardes, animé par des officiers d’active et des cadres de réserve qui aspiraient à reprendre le combat contre l’Allemagne nazie.
   En février 1941, il rencontra à la base aérienne de Rabat Zaers le lieutenant Édmond MARIN LA MESLÉE, as de l’aviation de chasse en mai-juin 1940, au sein de l’escadrille Champagne de la 5e escadre aérienne de Reims, qui sera abattu par la Flak allemande le 4 février 1945 en Alsace.
   De retour à Sidi-bel-Abbès en juillet 1941, Vilfrid MAACK y a réintégré le lycée pour l’année scolaire 1941-1942.

   Le 8 novembre 1942, le général DE GAULLE a appelé les troupes françaises d’Afrique du Nord et les Français d’Afrique du Nord à ne pas s’opposer au débarquement anglo-américain et à reprendre le combat aux côtés des alliés. Vilfrid MAACK n’a dès lors cessé de tenter de s’engager. Refusé en raison de son jeune âge, il réussit à se faire affecter au Bureau des entrées de l’hôpital Thiers de Sidi-bel-Abbès, hôpital militaire auxiliaire administré par un de ses professeurs, officier de réserve, puis à 17 ans et demi, il obtint son incorporation.
   Engagé volontaire, il rejoignit Meknès au Maroc le 1er avril 1943, où avait été créé le 5e Régiment de spahis marocains (5e RSM). Ce régiment, commandé par le colonel SABAROTS, formait avec le 7e Régiment de spahis algériens (7e RSA), la 1ère Brigade de spahis (1ère BS), commandée par le colonel BRUNOT. Cette Brigade était constituée d’escadrons de cavalerie légère, appuyés par quelques pelotons motorisés, équipés d’half-tracks armés d’obusiers de 75 et de mitrailleuses. C’est dans ce type de peloton motorisé que Vilfrid MAACK a servi.

     En septembre 1944, intégrée à l’Armée B devenue la 1ère Armée française commandée par le général DE LATTRE SE TASSIGNY, qui avait débarqué en Provence le 16 août 1944, la 1ère BS fut débarquée à son tour après dix jours de navigation au large de Marseille, en provenance de Mers-el-Kébir. Les spahis, qui avaient laissé leurs chevaux en Afrique du Nord, descendirent le long de filets accrochés aux coques des navires sur des chaloupes qui les conduisirent à terre.
     Alors qu’ils espéraient rejoindre immédiatement les unités débarquées avant eux, qui avaient remonté les vallées du Rhône et de la Saône et opéraient leur jonction en Bourgogne avec la 2e Division blindée du général LECLERC débarquée en Normandie, ils furent acheminés dans la région de Toulouse. La ville avait été libérée le 19 août 1944 par les Forces françaises de l’intérieur (FFI) commandées par le colonel Serge RAVANEL, qui rassemblaient des combattants appartenant aux Francs-tireurs et partisans français (FTPF), aux Corps francs, aux unités de l’Organisation de Résistance de l‘armée (ORA) et des Républicains espagnols. Dans les jours qui ont suivi la Libération, des tensions très vives opposèrent Albert CAROVIS, pseudo Jean, président du Comité départemental de Libération de Haute-Garonne, à Pierre BERTAUX. Ce dernier avait remplacé au pied levé Jean CASSOU, Commissaire de la République désigné par le gouvernement provisoire, grièvement blessé lors d’un accrochage avec une colonne allemande, nomination qu’Albert CAROVIS contestait. Le général DE GAULLE se rendit à Toulouse les 16 et 17 septembre, avec la volonté d’asseoir son autorité dans le Midi toulousain.

     En novembre 1944, la 1ère BS quitta le Languedoc et rejoignit la 1ère Armée française à Lure en Haute-Saône, où elle fut acheminée par chemin de fer.

     En décembre 1944, lors de la contre-offensive allemande dans les Ardennes, la 1ère BS monta en première ligne et fut affectée en Alsace en renfort de la 9e Division d’infanterie coloniale (9e BIC) du général MORLIÈRE qui appartenait au 1er Corps d’armée (1er CA) du général BÉTHOUART.

   En janvier 1945, cette Division a été engagée par des températures descendant jusqu’à – 20° dans les violents et meurtriers combats de la Poche de Colmar. Elle participa à l’assaut de la Forêt de la Hardt au Nord-Est de Mulhouse et atteignit le Rhin le 9 février 1945, au Pont de Chalampé, Hombourg, Petit-Landau et Kembs.
   Dans la ville de Colmar libérée le 2 février 1945, le général DE LATTTRE a reçu les clés de la cité et son blason, qui est devenu l’emblème de la 1ère Armée française, Rhin et Danube.

     Après l’achèvement de la libération de l’Alsace, la 1ère BS a été affectée à la garde de la rive gauche du Rhin encore soumise aux tirs de l’artillerie allemande. Après que les escadrons montés eurent retrouvé leurs chevaux, elle a été acheminée jusqu’à Strasbourg, puis envoyée en Allemagne le 1er avril 1945 en passant par le pont de Kehl. Ellea poursuivi le combat dans le massif boisé de la Forêt-Noire, où elle a reçu la mission de nettoyer les poches de résistance allemandes. Les escadrons de cavalerie étaient chargés de débusquer l’ennemi et de le neutraliser en faisant appel chaque fois que cela s’avérait nécessaire aux pelotons motorisés.
    Le 24 avril 1945, elle s’est emparé de la station de ski de Triberg, puis de Titisee-Neustadt le 26, et a atteint Donaueschingen à la source du Danube.

     Le 28 avril, elle est passée sous les ordres de la 10e Région militaire en Allemagne et a été chargée de la sécurité dans la partie méridionale du Bade-Wurtemberg. Le peloton de half-tracks auquel appartenait Vlifrid MAACK était cantonné à Biberach près du PC du colonel.

     À Berlin, capitale du IIIe Reich hitlérien vaincu, dans la nuit du 8 au 9 mai 1945, le commandant en chef de la 1ère Armée française, le général DE LATTRE SE TASSIGNY, désigné par le général DE GAULLE, chef du gouvernement de la République française restaurée, a signé au nom de la France l’acte définitif de la capitulation allemande et il a adressé aux soldats de la 1ère Armée française l’Ordre du jour numéro 9.

     La 1ère BS fut dissoute au début de l’année 1946. Démobilisé le 8 janvier 1946 à Rabat au Maroc, Vilfrid MAACK y retrouva sa famille. Il quitta le service actif avec le grade de maréchal des logis, mais continua d’effectuer des périodes, stages de formation, cours interarmes et manœuvres qui lui ont permis de devenir officier de réserve et de gravir les différents échelons jusqu’au grade de lieutenant-colonel.

     Venu s’installer à Reims en 1957, Vilfrid MAACK est entré au Comité des officiers de réserve dont il a été le vice-président pendant sept ans, et à l’Union française des anciens combattants (UFAC), dont il est devenu le vice-président départemental en 2000.
   Membre de Rhin et Danube, association nationale des anciens de la 1ère Armée française créée dès 1945 par le général DE LATTRE DE TASSIGNY, il en est devenu un des conseillers et administrateurs nationaux jusqu’à sa dissolution en 2005. Après cette dissolution, une association départementale s’est constituée dans la Marne sous sa présidence.

     À son initiative, l’association Rhin et Danube de la Marne a entrepris des démarches auprès des municipalités successives de la Ville de Reims pour l’érection d’une stèle Rhin et Danube dédiée à la mémoire des combattants de la 1ère Armée française morts pour la France, qu’elle a entièrement financée.
     Cette stèle a fait l’objet d’une donation acceptée le 3 mai 2011 par la Ville de Reims qui s’est engagée à déposer une gerbe au pied du monument à l’occasion des commémorations officielles, et principalement celle du 8 mai qui célèbre la victoire alliée en Europe.
     Elle a été érigée dans le quartier de l’Europe, boulevard Maréchal de Lattre de Tassigny, et a été inaugurée le 13 avril 2011 en présence de Wilfrid MAACK.

     À l’occasion du réaménagement à la fin des années 2010 des Hautes Promenades, qui sont devenues les Promenades Jean-Louis Schneiter, la stèle Rhin et Danube y a été a été transférée à proximité du monument aux morts et du monument aux martyrs de la Résistance et de la Déportation.

Commémoration du 8 mai 2023 à Reims
Vilfrid Maack (à droite) et Marcel Weber (à gauche), vétérans de la 1ère Armée française,
déposent une gerbe au pied de la stèle Rhin et Danube

   Vice-président depuis 1988 du Comité rémois du Souvenir français à la demande du colonel Henri CARMINATI, Vilfrid MAACK assure aujourd'hui cette fonction aux côtés du président Philippe LOUGES.