En Champagne-Ardenne, l'enquête sur la déportation lancée en 1952 par le Comité d'histoire de la deuxième guerre mondiale a été réalisée par les premiers correspondants départementaux de ce comité dans notre région :
      - Robert CLOET, puis Jacques VADON dans les Ardennes (1) 
      - André AUBERT dans la Marne (2) 
      - Gildas BERNARDdans l'Aube (3)
      - Marcel HENRIOT dans la Haute-Marne (4).

   La statistique de la déportation dans ces quatre départements a été publiée dans les années 1960 .
   En 1985, à l'occasion du 40e anniversaire de la libération des camps, Jean-Pierre HUSSON a rassemblé et commenté ces études statistiques et tenté de dresser le bilan de la déportation en Champagne-Ardenne (5) .

   Dans la Marne où l'enquête a été achevée en 1966, André AUBERT a recensé 829 déportés arrêtés dans ce département, parmi lesquels 467 ne sont pas rentrés.

   Ce chiffre englobe quelques personnes qui n'étaient pas des Marnais, mais qui y ont été arrêtées alors qu'elles s'y trouvaient de passage ou bien y étaient réfugiées.
   D'autre part, parallèlement à l'enquête du Comité d'histoire de la 2e guerre mondiale, il a également recensé 194 déportés qui résidaient dans la Marne à l'époque de la Seconde Guerre mondiale, mais qui ont été arrêtés hors de la Marne.
    Parmi ces déportés dont 90 ne sont pas rentrés :
        - 147 ont été arrêtés dans d'autres départements (réfugiés qui avaient quitté le département au moment de l'exode et qui n'y étaient pas rentrés, résistants, réfractaires du STO, prisonniers de guerre évadés, juifs se cachant en zone sud) ;
        - 47 ont été arrêtés en Allemagne (requis du STO et prisonniers de guerre évadés).

   En Champagne-Ardenne, si l'on s'en tient aux résultats de l'enquête du Comité d'histoire de la 2e guerre mondiale, la proportion de déportés par rapport à la population totale est exactement la même dans la Marne, les Ardennes et l'Aube (2,1 ‰), et sensiblement plus élevée dans la Haute-Marne (2,8 ‰).
   C'est dans la Marne que l'on enregistre le taux le plus élevé de « déportés non rentrés » (56 %).

   Globalement la Champagne-Ardenne n'a pas été épargnée, puisque le nombre des déportés y a été sensiblement plus élevé qu'en Picardie, région voisine pourtant plus peuplée que la Champagne-Ardenne. Il est vrai aussi que le taux des « déportés non rentrés » est plus important en Picardie.

   Les travaux réalisés depuis par les historiens champardennais conduisent à réviser sensiblement à la hausse le nombre des déportés de ces quatre départements, en particulier en ce qui concerne la déportation raciale.