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La foi pendant la Grande Guerre

Dossier élaboré par
Emmanuel VEZIAT
responsable du Service éducatif
de la Caverne du Dragon
et du Chemin des Dames

 





1. La foi et la mort

   Durant la guerre, la mort est omniprésente.
   Les soldats se posent alors au moins deux questions :

  • Quand la mort va-t-elle arriver ?
  • Si elle arrive, qu'y a-t-il après ?

   Ces interrogations engendrent une certaine vie spirituelle qui peut alors se manifester par un recours à la foi.
   Pour des combattants, il s'agit de placer sa vie entre les mains de Dieu grâce à des prières, à des messes.
   Des saints et des saintes constituent également des intercesseurs auprès de Dieu.
   Au cas où la mort surviendrait quand-même, la foi offre une espérance en l'avenir : celle d'une vie meilleure après la mort, celle du paradis après l'enfer des tranchées.
   Cela peut aussi être, pour des hommes dépassés par la guerre, un moyen de ne pas fléchir et d'accomplir son devoir, un moyen de supporter l'omniprésence de la mort.

2. La foi et la vie

   La souffrance est quasiment quotidienne pour les soldats.
   Cette guerre assimilée à une longue torture, à un calvaire pour le combattant s'apparente parfois au propre calvaire du Christ : les soldats tombent, se relèvent, retombent à nouveau, portent leur croix.
   Ainsi, devant les combats meurtriers, suivre le Christ dans sa passion donne un espoir, celui d'atteindre, comme lui, une vie éternelle.
   Le soldat puise dans sa foi une force, recherche son salut personnel.
   L'idée de résurrection peut offrir un sens aux massacres pour le soldat qui croit marcher sur les pas du Christ.

   La foi permet également d'apporter des explications à cette guerre qui devient incompréhensible.
   La souffrance devient justifiée par le sacrifice pour une cause jugée juste.
   La France pense alors se battre, certes pour récupérer l'Alsace-Lorraine mais aussi pour le Droit, la Liberté, la Justice et contre ce que l'on qualifiait, à l'époque, la barbarie allemande.
   Beaucoup de croyants trouvent ainsi un espoir en marchant dans les pas du Christ.
   Donc, la pratique religieuse n'est pas seulement un moyen de se « mettre en règle » au dernier moment, c'est aussi un moyen de tenir, un moyen de tenter de comprendre l'incroyable.

   Enfin, comme dans la quasi totalité des guerres, chaque camp est persuadé de mener une guerre avec Dieu à ses côtés, l'ennemi devenant l'incarnation du mal, du diable.
   De nombreux écrits dénoncent, ainsi, les destructions d'églises, de lieux sacrés, qualifiant ces actes de gratuits, sacrilèges et barbares.

3. La foi dans la Caverne du Dragon et au Chemin des Dames

   Dans la Caverne comme dans la plupart des autres creutes utilisées par les soldats, on trouve une chapelle.
   Elle prouve que la spiritualité en temps de guerre est fondamentale.
   Souvent, l'autel se trouve dans le fond, au calme.
   Dans la Caverne du Dragon, la salle communautaire pouvait aussi avoir une fonction religieuse puisque c'est là que la messe de Minuit a été célébrée en 1914.
   On trouve également dans la Caverne un artisanat de tranchées religieux ( calices ... ), preuve que la spiritualité est essentielle durant la guerre puisque certains soldats y passaient une partie de leurs loisirs.

   Dans l'après-guerre, la religion est toujours présente en certains lieux du Chemin des Dames.
   Deux croix en marquent les extrémités est et ouest, comme s'il s'agissait de placer cet espace sous la protection divine, de le sacraliser, un peu comme un vaste cimetière.

   De nombreux monuments particuliers jalonnent également la route à la mémoire de soldats tombés en ces lieux.
   Les références religieuses y sont fréquentes comme au monument de Malval.

   Au mémorial de Cerny-en-Laonnois, le religieux cohabite avec le militaire.
   Ce mémorial est d'abord une chapelle.
   Érigée en 1951, elle est l'oeuvre d'un comité dont les membres d'honneur sont d'anciens officiers mais aussi des dignitaires de l'Église catholique, de la religion protestante ou juive.
   Mais par delà cet aspect œcuménique, l'édifice bâti est d'abord un édifice catholique.
   Il comporte les statues de deux saint, Saint Remi et Sainte Anne. Quant au tableau au dessus de l'autel, il constitue clairement un parallèle entre le martyre du soldat et celui du Christ.

Bibliographie sommaire

  • Annette BECKER,
     - La Guerre et la Foi. De la mort à la mémoire. 1914 - 1930. Paris, Armand Colin, 1994, 141 p. ;
     - 
    Croire, Amiens, 1996
  • Nadine-Josette CHALINE, " Chrétiens dans la Première Guerre Mondiale ", dans Actes des Journées tenues à Amiens et à Péronne les 16 mai et 22 juillet 1992, Paris, Les Éditions du Cerf, 1993, 201 p.
  • Gérard CHOLVY et Yves-Marie HILAIRE , Histoire religieuse de la France contemporaine, tome 11, 1880-1930, Privat, 1986.

 

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