Lieux de mémoire > Le souvenir de la 2ème GM... > Stèles et plaques > Tunnel de Rilly la Montagne
Menu   Menu

La stèle du tunnel de Rilly la Montagne
commémorant les bombardements de juillet 1944

Dossier réalisé par Jean-Pierre HUSSON

L'inauguration de la stèle en 2009

La stèle et son inscription

Le tunnel de Rilly et les bombardements de juillet 1944

Ressources documentaires

 






L'inauguration de la stèle en 2009

   Depuis juin 2009, se dresse à proximité de l'entrée du tunnel et de la gare de Rilly la Montagne, une stèle qui commémore les bombardements alliés des 17 et 31 juillet 1944.

À gauche, l'entrée du tunnel de Rilly
À droite, le site retenu pour l'érection de la stèle

La stèle avant son inauguration
recouverte d'un voile aux couleurs du Royaume-Uni et de la Royal Air Force

L'inauguration de la stèle le 13 juin 2009 en présence de :
( de gauche à droite )

- Anne FATOUX et Jean-Marie CHAPPELLET, initiateurs du projet
- Alain TOULLEC, maire de Rilly la Montagne
John BELL, vétéran du 617e Squadron
- Robert OWEN, historien britannique officiel de l'association des vétérans du 617e Squadron
- Corinne DEMOTTIER-AROQ, maire de Germaine
- Joachim LELONGT, i,itiateur du projet
- Yves DÉTRAIGNE, sénateur-maire de Witry les Reims

   « Par cette stèle, nous honorons tout particulièrement la mémoire des membres de deux équipages du 617e et du 9e squadron de la Royal Air Force tombés le 31 juillet 1944 à Germaine et à Puisieulx.
   Lors de ces deux crashs, 12 aviateurs trouvèrent la mort.
   Nous n’oublions pas non plus que ce soir là les équipages d’autres squadrons participaient à la mission.
   Cette mission a été accomplie par 205 avions : des Lancaster bombardiers, des Mosquitos éclaireurs, et une escorte de Spitfire, ce qui représente près de 800 hommes d’équipages !
   En effet, la mission « Rilly la Montagne » prend place dans une vaste opération, l’opération CROSBOW. Cette opération avait pour objectif de détruire ou de neutraliser tous les lieux de montage, de stockage ou de lancement des V1 qui pilonnaient l’Angleterre afin d’affaiblir les Forces alliées.
   C’est parce qu’il avait été choisi depuis 1943 par l’armée allemande pour stocker ces bombes volantes, que le tunnel de Rilly à Germaine est devenu la cible des bombardiers alliés le 31 juillet 1944 vers 20 heures 30.
   Mr John Bell, qui nous honore de sa présence aujourd’hui, était à bord de l’un de ces bombardiers.
   Inscrit dans la mémoire locale, le bombardement du tunnel ordonné par la Royal Air Force, réunit ainsi l’histoire de notre pays avec celle de la Grande-Bretagne.
   La cérémonie d’aujourd’hui nous permet de nous souvenir des heures douloureuses que Rilly et sa population vécurent en juillet 1944.
   Elle nous permet aussi d’évoquer les souffrances de la population britannique : aujourd’hui 13 juin, il y a tout juste 65 ans que l’Angleterre était touchée et meurtrie par les premiers V1 allemands, tombés dans la banlieue de Londres.
   C’est pourquoi nous tenions à nous réunir ici pour nous souvenir et honorer la mémoire de tous ces aviateurs alliés qui comme Mr Bell ont lutté, allant même jusqu’à offrir leur vie pour notre liberté !

It’s why we deeply wanted to gather today, to remember and honour all Allied aviators memory. Like you, Mr John Bell, they fighted, and even gave their lives, for our freedom ! »

Allocution du Comité d'organisation lue par Anne Fatoux


La stèle et son inscription

La stèle sur laquelle est gravé l'écusson du 617e Squadron de la RAF

Le 617e Squadron de la RAF constitué en mars 1943
avait reçu pour mission de détruire les barrages hydroélectriques de la Rhur
C'est pourquoi son écusson représente trois éclairs qui frappent
la voûte d'un barrage hydroélectrique dont l'eau du réservoir s'échappe
d'où le surnom de Dam-Busters, « briseurs de barrage », donné à ses équipages
Sa devise  : « Après moi le déluge »

Les 17 et 31 juillet 1944,
le tunnel de Rilly la Montagne,
dépôt de bombes volantes V1 allemandes,
est l'objectif des bombardiers alliés.
Le 31, le Bomber Command britannique
lance 1 mission
de 97 bombardiers Lancaster.
Parmi eux, 16 Lancaster du 617ème Squadron chargés chacun
d'une bombe "  Tall Boy " de "  6 tonnes " à effet sismique.
2 Lancaster ne rentrent pas de cette mission.
Le ME 557 - 617e sqn, le LM 453 - 9e sqn.

" En mémoire de ces deux équipages, tombés pour notre liberté "

Le Buddy Poppies, la couronne de coquelicots
déposée par l'association des vétérans du 617e Squadrons
au pied de la stèle de Rilly et sur la tombe du pilote abattu au-dessus de Germaine

( couronne de coquelicots qui honore la mémoire des anciens combattants dans les pays du Commonwealth )

La sépulture du sergent Stewart mécanicien-navigant
abattu en mission au-dessus du tunnel de Rilly le 31 juillet 1944
et inhumé dans le cimetière communal de Germaine


Le tunnel de Rilly
et les bombardements des 17 et 31 juillet 1944

   Creusé et mis en service au milieu du 19e siècle, le tunnel ferroviaire de Rilly-la-Montagne, d'une longueur de 3 450 mètres, est emprunté par la ligne de chemin de fer qui relie Reims à Épernay.
   
En avril-mai 1940, l'armée française battant en retraite a fait sauter les deux extrêmités du tunnel.
   Les troupes d'occupation allemandes
et la Reichbahn ont pris le contrôle du tunnel et ont entrepris de le faire déblayer. La ligne entre Reims et Épernay qui empruntait le tunnel fut rétablie à la fin de 1940, mais en mars 1944, l'accès au tunnel fut interdit, et les voyageurs furent transférés de Rilly à Germaine par la route dans des camions à gazogène.
   Les deux entrées du tunnel ont été
refermées par un mur de briques et des portes. Le tunnel a été aménagé par l'Organisation Todt et transformé en usine d'assemblage et de stockage de V1, le Feldmulag n° 1116 qui avait pour nom de code « Richard ».
   
Le 20 mai 1944, Robert GILLERY, forgeron au dépôt SNCF de Reims, membre des Corps francs Turma-Vengeance, est parvenu à pénétrer et à ressortir du tunnel en se cachant sous un wagon venu ravitailler l'usine souterraine. Son rapport transmis aux Alliés attestait la présence de V1 dans le tunnel ce qui conduisit le commandement allié à le bombarder.
                  
   Le
bombardement du tunnel de Rilly la Montagne par la Royal Air Force en juillet 1944 se rattache à l'Opération Crossbow, en français « Opération Arbalète », qui désigne l'ensemble des bombardements aériens effectués par les Alliés contre les lieux de production, les dépôts et les rampes de lancement de V1 à partir de décembre 1943.

   Le  17 juillet 1944, selon les archives de la SNCF, les gares de Rilly la Montagne et de Germaine ont subi un premier bombardement qui a entraîné l'obstruction de l’entrée du tunnel et la mise hors-service de la voie unique reliant Reims à Épernay, mais la circulation avait pu être rétablie dès le 25 juillet.

    Le 31 juillet 1944, le Bomber Command décida donc de déclencher une seconde mission de bombardement, plus importante.
   Selon les archives britanniques, 103 bombardiers de la Royal Air Force ont participé à cette mission : 
      - 
97 quadri-moteurs Avro Lancaster MK 1 et 3 , dont 16 bombardiers appartenant au 617e Squadron, transformés pour transporter chacun une bombe « tall boy » de 5,7 tonnes à effet sismique mise au point pour détruire les installations souterraines.
      - 
5 bi-moteurs Mosquito marqueur de cibles,
      - 
1 bi-moteur Mosquito reconnaissance photo.
   L'
escorte de protection était constituée de 102 avions de chasse Spitfire.

   Les bombardiers de la RAF sont arrivés sur leurs cibles constituées par les deux entrées du tunnel ( côté Rilly et côté Germaine ) sans avoir été interceptés par la chasse allemande, mais ils ont essuyé de nombreux tirs de la Flak ( défense anti-aérienne allemande ).
   
Trois appareils, contfrontés à des pannes de moteur, ont dû faire demi tour avant d'atteindre leur cible.
   Quatre autres ne sont pas parvenus à larguer leur bombe sur la cible.

   44 bombardiers Lancaster ont largué 254 tonnes de bombes sur l'entrée du tunnel, côté Germaine.
   
46 bombardiers Lancaster ont largué 241 tonnes de bombes sur l'entrée du tunnel, côté Rilly.
   Le bombardement a été très rapide et d'une grande intensité.
   Les deux extrêmités du tunnel ont été recouvertes d'
énormes nuages de fumée.

    Le bombardement a été considéré comme généralement bon et confiné dans la zone des cibles,
les extrémités du tunnel ayant été endommagées et en partie obstruées.

   Selon les archives de la SNCF, les deux entrées du tunnel ont bien été obstruées, mais elles ont été rapidement dégagées et les voies endommagées remises en service une quinzaine de jours après ce second bombardement.
   
   
Deux Lancaster ont été abattus au cours de cette mission :
      - le
ME557 KC S appartenant au 617e Squadron, tombé à Germaine
      - 
le LM543 WS E appartenant au 9e Squadron,tombé à Puisieulx.
   Sur les
14 membres d'équipage de ces deux bombardiers :
      - 
deux ont été faits prisonniers
      -
12 ont été tués au combat.

Membres d’équipage du Lancaster ME557 KC S
tombé sur le territoire de Germaine

Pilote : F/Lt W. Bill REID, fait prisonnier
Mécanicien navigant : 
F/Sgt D.G.W.STEWART, tué au combat
Navigateur : 
F/O J.O. PELTIER, tué au combat
Bombardier : 
P/O L.G. ROLTON, tué au combat
Opérateur radio : 
F/O D. LUKER, prisonnier de guerre
Mitrailleur : 
F/Sgt A.A. HOLT, tué au combat
Mitrailleur : 
W/O J.W. HUTTON, tué au combat

Membres d’équipage du Lancaster LM543 WS E
tombé sur le territoire de Puisieulx

Pilote : F/O C.E.M. WORNER, tué au combat
Mécanicien navigant : 
F/Sgt W.E. MOSELEY, tué au combat
Navigateur : 
P/O T.J. PEACORE, tué au combat
Bombardier : 
P/O R.F. Mc KINNEY, tué au combat
Opérateur radio : 
F/Sgt W.D. PHILLIPS, tué au combat
Mitrailleur : 
F/Sgt J.S.ANDERSON, tué au combat
Mitrailleur : F/Sgt J. KERFOOT, tué au combat

Conversion des grades

F/Lt = Flight Lieutenant = Capitaine
F/O = Flying Officer = Lieutenant
P/O = Pilot Officer = Sous-lieutenant
W/O = Warrant Officer I = Adjudant
F/Sg = Flight Sergeant = Sergen
t

    Ce bombardement fit plusieurs victimes civiles dans la population de Rilly-la-Montagne comme l'atteste le monument aux morts communal.

 

Le monument aux morts de Rilly-la-Montagne

   Une centaine de maisons furent détruites et beaucoup d'autres ont été endommagées.    


Ressources documentaires

Archives de la SNCF, Région Est : 4e Arrondissement - Exploitation - Reims.
Archives de l'ONAC-51.
-
Dossier réalisé par Anne FATOUX et Jean-Marie CHAPPELLET à partir des archives britanniques ( Headquarters Bomber Command « post operation reports », 617 Squadron « post operation reports », Robert OWEN, Official historian aircrew association et témoignage du vétéran Tom BENNETT ).
M. CHANEZ, L'Histoire du tunnel de Rilly, Rilly-la-Montagne, 2009.
Hervé CHABAUD, " 65e anniversaire des bombardements. Rilly-la-Montagne se souvient ", L'Union,18 juin 2009.
Romain URLI, Rilly la Montagne, Feldmulag n° 1116, étude mise en ligne sur le site consacré aux centres de stockage de V1 dans le Nord de la France, septembre 2009.

Menu

© CRDP de Champagne-Ardenne 2009
Tous droits de traduction, de reproduction
et d'adaptation réservés pour tous pays.