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Les trois monuments à l'Armée noire de Reims
1924, 1963, 2013-2018

Colloque de l'APIC Guerre et Paix en Champagne et ailleurs, 2024-2014, quels patrimoines ?
C
ontribution de Jean-Pierre Husson présentée le 6 mai 2014 à l'Atelier Canopé de Reims
complétée et actualisée en 2022.

Les origines du monument de Reims « Aux héros de l'Armée noire »

L'inauguration du monument le 13 juillet 1924

La description du monument de Reims, réplique de celui de Bamako

La destruction du monument par les troupes allemandes d'occupation en septembre 1940

L'historique et la description du monument élevé en 1963

Les transpositions du monument de 1924 par le sculpteur Patrice Alexandre en 2001

Le Monument à l'Armée noire dans le rapport de la Commission Becker-Décembre 2007

L'hommage rendu par la Ville de Reims aux soldats de l'Armée noire en novembre 2008

L'association AMAN et la restitution du monument de 1924

L'inauguration officielle en 2018 par le président Emmanuel Macron du monument érigé en 2013

Les autres monuments aux combattants d'Afrique noire

Dossier et sources à télécharger au format PDF

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 L’histoire des trois monuments érigés à Reims successivement en 1924, en 1963 et en 2013, permet d’en dégager les enjeux multiples et complexes dans leurs imbrications politiques, militaires, artistiques, financières, patrimoniales et mémorielles.
          - Pourquoi la Ville de Reims a-t-elle été choisie initialement ?
          - Qui a pris l’initiative de ces trois monuments et du choix de leurs concepteurs ?
          - Dans quelles intentions ont-ils été érigés ?
          - Quelle a été l’implication des pouvoirs publics dans leur réalisation ?
          - Comment ont-ils été financés ? Quels enjeux mémoriels représentent-ils ?
          - Quelle place ont-ils occupée dans le passé et plus récemment dans le déroulement des commémorations liées au centenaire de la 1ère guerre mondiale.

Les origines du monument de Reims « Aux héros de l'Armée noire »

    En 1921 a été créé à Paris le Comité aux héros de l'Armée noire présidé par le général Louis ARCHINARD, ancien commandant supérieur du Soudan français, assisté du général MARCHAND.
   
Ce comité, placé sous le haut patronage du président de la République, du président du Conseil, des ministres des Affaires étrangères, de la Guerre et des Colonies, du commissaire général des Troupes noires et des maréchaux de France, avait pour mission de faire ériger en métropole et en Afrique, un monument à la mémoire des soldats indigènes « Morts pour la France » au cours de la 1ère guerre mondiale, « à l'aide des souscriptions des communes de France et des Amis des Troupes noires françaises ».
    Deux villes ont été rapidement retenues : Reims en métropole, et Bamako capitale du Soudan français (actuel Mali), sur les rives du Niger en Afrique.

   Le 29 octobre 1922 au matin, place du Boulingrin à Reims, le ministre de la Guerre, André MAGINOT, a remis solennellement des Croix de guerre à 166 communes de l'arrondissement de Reims, avant de venir poser la première pierre du monument à 15 heures, sur un terrain cédé gracieusement par le Champagne Pommery et Greno. ce terrain était situé à l'embranchement du Boulevard Henry Vasnier et de l'avenue du général Giraud, à la sortie de Reims en direction de Châlons-sur-Marne (aujourd'hui Châlons-en-Champagne).

Au premier plan à droite, le marquis Melchior de Polignac,
associé-gérant du Champagne Pommery-Greno
(Bibliothèque Carnegie de Reims, H_XV_23_BMR40_139)

   À cette occasion, le ministre a rappelé le « rôle glorieux » des troupes noires au cours de la 1ère guerre mondiale, évoquant la citation du sergent Amadou DI'ALE, du 34e Bataillon de tirailleurs sénégalais, qui fit à lui seul 130 prisonniers et continua de combattre pendant deux jours malgré une blessure, avant d'être finalement évacué sur ordre de ses supérieurs. Il a affirmé que la victoire française de 1918 n'avait pas seulement ramené les frères d'Alsace-Lorraine dans la famille française, mais qu'elle avait aussi scellé les liens qui unissaient cette famille à la France coloniale :

   Aujourd'hui, La France ne compte plus 40 millions de Français.
   Elle compte 100 millions de Français
.

   Blaise DIAGNE, député noir du Sénégal et vice-président du Comité aux Héros de l'Armée noire, a pris la parole à son tour, mais de son discours la presse de l'époque n'a retenu que le passage par lequel il évoquait lasolidité des liens unissant les populations coloniales à la France : « Il faut que l'on sache que la France avec son armée coloniale et ses forces métropolitaines, peut faire respecter sa victoire ».

Le 29 octobre 1922 à Reims Blaise Diagne prend la parole
lors de la pose de la première pierre du Monument aux héros de l'Armée noire
(Archives municipales et communautaires de Reims)

   Blaise DIAGNE était marié à une blanche, Marie Odette VILLAIN.
   
Élu en 1914, il a été un des premiers députés noirs avec Gratien CANDACE, député de la Guadeloupe élu en 1912, à avoir siégé durablement à l’Assemblée nationale.
   Tous les deux avaient revendiqué l'instauration de la conscription dans les colonies, convaincus que c'était le meilleur moyen d'obtenir pour les populations indigènes la reconnaissance claire, pleine et entière de la citoyenneté, l'impôt du sang conduisant à l'égalité civique.
   C'est dans ce contexte que Blaise DIAGNE avait été nommé pendant la 1ère guerre mondiale Commissaire général aux troupes noires avec rang de sous-secrétaire d'État aux Colonies, et qu'il était parvenu à convaincre des milliers d’Africains de s’engager volontairement pour venir défendre la métropole, en leur faisant entrevoir la possibilité d’acquérir à l’issue du conflit la citoyenneté française pleine et entière, promesse qui n’a pas été tenue.

   Le général ARCHINARD a rappelé que les Troupes noires se sont bien battues sur le front partout où elles ont été engagées, et en particulier dans le secteur de Reims qu'elles sont parvenues à tenir dans les moments les plus difficiles, justifiant ainsi le choix de la ville pour l'érection du monument en métropole.

   Le maire Charles ROCHE exprima la fierté des Rémois pour le choix de leur ville, et leur reconnaissance :

  Nous sommes très honorés et très fiers que notre cité ait été choisie pour l'érection de ce monument commémoratif.
   Les motifs qui ont présidé à ce choix paraissent d'ailleurs absolument légitimes. C'est en défendant notre ville que l'Armée noire a subi les pertes les plus lourdes et qu'elle a victorieusement résisté aux assauts les plus terribles de l'ennemi, et c'est encore de notre région que le 5 septembre 1918, elle s'est élancée à la poursuite de l'ennemi, le culbutant sur la Suippe, la Retourne et l'Aisne jusqu'au jour où, il y a bientôt quatre années de cela, les plénipotentiaires allemands sont venus avouer leur défaite [...]
   La dette de reconnaissance que nous avons contractée envers cette Armée noire et cette Armée coloniale ne s'adresse pas seulement aux héros, victimes de la guerre, elle s'étend aux glorieux chefs de ces vaillants soldats [...]
   Au nom de la Ville de Reims, je m'incline respectueusement devant ceux qui symbolisent la vaillance, l'abnégation et le sacrifice.
   J'exprime notre éternelle reconnaissance aux sublimes héros qui, pour la défense de notre chère cité et de notre France immortelle, ont donné leur sang et leur existence, et ont écrit la plus glorieuse page de notre Histoire nationale [...]

   Charles ROCHE a aussi exprimé sa reconnaissance à la famille Pommery, pour avoir spontanément fait don à la Ville de l'emplacement où allait être érigé le monument.

   En juin 1924
, peu de temps avant l'inauguration du monument, le marquis Melchior DE POLIGNAC, associé-gérant de la maison Pommery et Greno-Louise Pommery Fils et Compagnie, avait informé le maire de Reims que cette maison prestigieuse de champagne acceptait d'officialiser et de régulariser la cession gracieuse à la Ville, annoncée lors de la pose de la première pierre en octobre 1922, de la partie du terrain sur lequel le monument avait été érigé, d'une superficie de 173,75 m2.
   Le 10 juillet 1924, le Conseil municipal autorisa l'administration municipale à accepter cette offre, « moyennant le prix de un franc pour la régularité ».
   L'acte de cession, dressé par le notaire de la Famille Pommery, maître MANDRON, a été signé après l'inauguration, en novembre 1924.

 


Le 13 juillet 1924
l'inauguration du monument
associe l'hommage aux soldats de l'Armée noire
l'exaltation de l'Empire français et la célébration de la résurrection de Reims



(Affiche conservée au musée de la Pompelle de Reims et au Musée de l'Infanterie de marne de Fréjus)

Le programme de l'inauguration du monument aux héros de l'Armée noire de Reims
(Archives municipales et communautaires de Reims)

   Le 13 juillet 1924, en fin de matinée, l'inauguration du monument de Reims a été présidée par Édouard DALADIER, ministre des Colonies, en présence du général ARCHINARD, président du comité d'érection, du préfet de la Marne, BRISAC, du sous-préfet de Reims, MENNECIER, et du maire de Reims, Charles ROCHE.

Édouard Daladier, ministre des Colonies, à la tribune
(Photographie conservée au musée Saint-Remi de Reims)

   Parmi les nombreuses personnalités qui accompagnaient le ministre des colonies, se trouvaient les deux députés noirs Blaise DIAGNE, député du Sénégal et Gratien CANDACE, député de la Guadeloupe.
    Le général ARCHINARD est monté à la tribune et a rappelé le rôle important joué au cours de l'été et de l'automne 1918 par les troupes du 1er Corps d'armée coloniale, dont l'héroïsme a permis de tenir le Fort de la Pompelle et de sauver la ville de Reims gravement menacée par l'offensive allemande.

À la tribune le général Archinard prononce le discours d'inauguration
Photographie publiée dans L'Illustration le 19 juillet 1924
(Archives municipales et communautaires de Reims)

   Tout en affirmant que « les tirailleurs noirs se sont conduits en bons Français », qu'ils « se sont montrés dignes de combattre sous nos trois couleurs, à côté de nous », il a relativisé le rôle joué par les troupes indigènes dans le défense de Reims, en relevant qu'elles n'avaient représenté « qu' à peine le dixième des troupes de toutes armes entrées en ligne sur ce front ».
    Il est vrai que l'inauguration du Monument à l'Armée noire de Reims ne faisait pas l'unanimité et que le général PETIT, qui commandait la 134e division d'infanterie engagée elle aussi en 1918 dans la défense de Reims, estimant que la gloire d'avoir sauvé Reims avait été confisquée par l'Armée noire et l'Armée coloniale, a refusé de participer à la cérémonie.

    Les discours, tout en rendant hommage aux soldats de l'Armée noire, exaltaient la fibre patriotique, la renaissance de Reims, érigée en « ville martyre » et la vitalité de l'Empire colonial.

Le général Archinard président du Comité d'érection :
« Les tirailleurs noirs se sont conduits en bons Français. Ils se sont montrés dignes
de combattre sous nos trois couleurs, à côté de nous »

  «  Les officiers des troupes coloniales, les fonctionnaires coloniaux qui ont vécu au milieu des troupes noires, qui ont pu les apprécier dans la vie de tous les jours, et dans les combats, ont eu la bonne pensée de demander au grand statuaire Moreau-Vauthier, leur compagnon d'armes, de faire un monument à la gloire des tirailleurs noirs et de leurs chefs tombés glorieusement en défendant leur patrie lointaine et leur patrie d'adoption qui, pour nous comme pour eux, forment aujourd'hui la France. [...]
   Nous sommes ici pour glorifier nos troupes noires, mais ce serait laisser planer sur elles quelque ridicule injustifié, que de ne pas réfuter les accusations, le dénigrement de source allemande, aussi bien que l'exagération de leur nombre et de leur rôle.
   Les tirailleurs noirs se sont conduits en bons Français ; ils se sont montrés dignes de combattre sous nos trois couleurs, à côté de nous [...]
   La vérité, c'est que les troupes exotiques
(sic) de toute origine engagées devant Reims, entre le 26 mai et la fin de juillet 1918, représentaient au total une douzaine de bataillons, c'est-à-dire à peine le dixième des troupes de toutes armes entrées en ligne sur ce front.
   Elles s'y sont montrées terribles pour les Allemands parce qu'ils les regardaienrt comme des sauvages [...}
   Au nom du comité que je préside, et au nom de tous les souscripteurs, j'ai l'honneur de remettre ce monument « À la gloire des héros de l'Armée noire et de leurs chefs tombés au champ d'honneur », à la Ville de Reims qui, après avoir vu les sacres des rois de France a subi le terrible baptême du feu qui la rend à nos yeux plus noble et plus aimée.
   Vive la Ville de Reims ! Vive la République française ! »

                                                                                                       Extraits du discours prononcé par le Général Archinard

Charles Roche, maire de Reims :
«  Gloire à l'Armée noire, gloire à ses vaillants combattants, sauveurs de notre chère cité »

     « Aucun emplacement ne se prêtait aussi merveilleusement à l'érection d'une telle œuvre : faisant face aux tranchées ennemies distantes de quelques centaines de mètres seulement, debout sur ce parapet de granit où le burin a gravé pour les générations futures les hauts faits d'armes qu'ils ont accomplis, nos héros noirs sont adossés à cette ravissante montagne de Reims aux coteaux verdoyants, couverte d'arbres et de vignes courbant sous le faix des raisins mûrissant ; cette montagne de Reims, dont le radieux panorama s'étend de tous les côtés à l'horizon , et qui, grâce à ses glorieux défenseurs, est restée inviolée malgré l'énorme poussée de l'adversaire et n'a eu à subir ni la souillure de l'ennemi, ni les dévastations de la guerre. [...]
   La ville de Reims est fière d'avoir la garde d'un monument commémorant des faits aussi glorieux de l'histoire locale et nationale.  [...}
   Gloire à l'Armée noire, gloire à ses vaillants combattants, sauveurs de notre chère cité, et merci à cette foule, qui a tenu à saluer au pied du monument l'aurore de cette ère de prospérité, de justice et de paix bienfaisantes, but suprême de nos communes aspirations, tant désiré de la France tout entière.
»

                                                                                        Extraits du discours prononcé par Charles Roche, maire de Reims

Édouard Daladier, ministre des Colonies
« L'hommage de la Métropole et des Frances qui rayonnent au-delà des océans »

  «  Après le discours, si précis et si documenté, du général Archinard, un des plus remarquables créateurs de notre empire colonial, après les nobles paroles du maire de Reims, le ministre des colonies a le devoir d'associer la France tout entière, celle de la Métropole, et les Frances qui rayonnent au-delà des océans, à l'hommage d'admiration et de respect qui est aujourd'hui rendu aux soldats noirs.
   Lorsqu'en 1914, nos foyers furent envahis, la question se posait de savoir ce que feraient nos colonies.

   Beaucoup prétendaient qu'elles se révolteraient, et qu'au lieu de nous donner des hommes, il faudrait au contraire en envoyer de la métropole, pour rétablir l'ordre.
   Ceux-là se sont trompés, et le ministre proclame bien haut que les colonies n'ont pas déçu les espoirs qu'on avait mis en elles : 800 000 hommes, dont 600 000 combattants, sont venus à nos côtés, et plus de 30 000 sont tombés glorieusement pour le salut de la patrie commune.
   Ici, à la lisière de la montagne, ici, où passèrent tant d'invasions successives, il convenait d'élever ce monument à la gloire des héros noirs, qui écrivirent une si magnifique épopée  [...]
   Les troupes noires ont participé aux batailles les plus sanglantes de la guerre, et elles ont su mériter l'estime des populations civiles, tout autant que l'admiration de leurs chefs. [...]
   Il fallait sauver la cité historique, où des générations avaient sculpté, au portail de la Cathédrale, une page de pierre où vibrait l'histoire des premiers siècles de notre patrie [...]
   Il faut que la métropole fasse un vigoureux effort, pour aider ces populations courageuses à lutter contre la maladie et la misère, et pour forger, avec les divers éléments de notre empire colonial, une vaste association, pour la grandeur de la France et son rayonnement dans le monde. [...]
   Vive Reims ! Vive la France ! Vive la République !
»

                                                                            Extraits du discours prononcé par Édouard Daladier, ministre des Colonies

     Après l'inauguration, un vin d'honneur a été servi dans le grand hall d'expédition de la Maison Pommery, puis  un banquet a réuni les invités de la Ville de Reims dans les salons Degermann, à l'issue duquel le préfet de la Marne, le représentant du maire de Reims et le ministre des Colonies prirent la parole  :

« Fidélité, souvenir et gratitude envers tous ceux qui sont tombés pour que la France vive »

   « La pensée qui domine cette journée est la même que celle qui commande à toutes les inaugurations de monuments aux morts : fidélité, souvenir et gratitude envers tous ceux qui sont tombés pour que la France vive.
   Mais aujourd'hui, ce ne sont pas les fils de la terre de France que nous glorifions, ce sont ses enfants d'adoption qui sont venus de pays lointains pour défendre notre sol comme si il avait été le leur. [...]
 
Puis s'adressant au ministre Daladier qui avait combattu en Champagne dans les rangs du 118e RI, et qui allait quitter le banquet peu après pour se rendre au cimetière militaire de Sillery se recueillir sur la tombe de camarades de régiment, puis à Verzy où il avait été en cantonnement, et à Prunay, où il voulait revoir l'emplacement de son ancienne cagna
Vous êtes ici dans la Marne que vous avez contribué à défendrequi a connu des heures douloureuses et subi le joug infâme ; dans Reims qu'on a pu croire détruite pour jamais.
   Vous venez ici assister à notre joie de voir sa libération et sa résurrection, nous vous en sommes reconnaissants et nous vous apportons l'hommage de gratitude de la ville de Reims [...]
»

                                                                                               Extraits du discours prononcé par le préfet de la Marne, Brisac

« Les coloniaux ont bien mérité de la Patrie »

  «  Vous nous avez confié le monument. Il restera sous la garde vigilante des habitants et il fera l'admiration de tous ceux qui passeront sur la route 44 et qui diront en s'y arrêtant : « Les coloniaux ont bien mérité de la Patrie. »

                                                                                                                                                       Monsieur Doneux, adjoint,
                                                                            représentant du maire de Reims « qu'un deuil récent a écarté de la fête »

Célébrer « la résurrection de Reims » et magnifier « l'effort colonial »

  « Et comment ne célébrerai-je pas, mon cher préfet, la résurrection de Reims, car, lorsque nous fûmes témoins du martyre atroce de la ville que les Barbares voulurent détruire parce qu'ils ne pouvaient la piller, nous ne doutions pas qu'un jour prochain Reims allait sortir plus belle et plus riche que jamais de ses ruines [...]
   Vous garderez pieusement ce monument  ; mais je voudrais aussi que vous songiez aux nécessités de la vie, aux difficultés qui vous attendent, aux problèmes formidables qui se posent, et je vous demande de penser à ce grand empire colonial et à ces Français qui, perdus dans la brousse, travaillent à la grandeur morale de la France.
   Je lève mon verre à tous les artisans de cet effort colonial qui a pour but d'élargir la Patrie dans le vaste monde. »

                                                                                                                                  Édouard Daladier, ministre des Colonies
   

Un grande fête militaire et sportive à la gloire des soldats de marine et des coloniaux

    Au cours de l'après-midi, une grande fête militaire et sportive a rassemblé 10 000 personnes au Parc Pommery tout proche du monument.
   Défilé historique, la lecture au haut-parleur d'un poème en prose de Michel CLAUDE, fanfares et chœurs, minute de silence et Marseillaise, puis épreuves sportives se sont succédés tout au long de l'après-midi.
 

La fête sportive et militaire annoncée dans L'Éclaireur de l'Est du 13 juillet 1924

Sur le programme des festivités
(Archives municipales et communautaires de Reims)

L'Éclaireur de l'Est du 14 juillet 1924

Photographie publiée dans L'Illustration le 19 juillet 1924
Défilé historique de l'Armée coloniale dans le stade du Collège d'Athlètes
(Archives municipales et communautaires de Reims)


La description du monument de Reims réplique de celui de Bamako

(Carte postale - Collection Jean-Pierre et Jocelyne Husson)

Aux héros de l'Armée noire
-
 Reims
M
arne
Château-Thierry
   Aisne
     -
     1924

   Le monument à l'Armée noire de Reims est l'œuvre de deux Parisiens, le sculpteur Paul MOREAU-VAUTHIER et l'architecte Auguste BLUYSEN.
    I
l était constitué d'un socle en granit de 4 mètres de haut rapporté d'Afrique, en forme de « Tata », fortin traditionnel africain, sur lequel étaient gravés les noms des principales batailles de la 1ère guerre mondiale au cours desquelles les troupes africaines ont été engagées. Ce socle était surmonté d'un bronze de trois mètres de haut représentant un groupe de soldats du corps d'armée colonial constitué de quatre tirailleurs africains rassemblés autour d'un drapeau français porté par un officier blanc, selon la représentation habituelle de la Force noire, déjà illustrée à la Une du Petit Journal en 1919.

La Force noire honorée à la Une du Petit Journal du 1er juin 1919

                        En haut : le général Faidherbe, gouverneur du Sénégal et créateur des tirailleurs sénégalais en 1857 (à gauche)
                        et  Blaise Diagne, Commissaire général aux troupes noires en 1917-1918 ( à droite )
                        En bas : le général Mangin organisateur de la Force noire (à gauche) et le général Marchand qui a commandé
                        les tirailleurs sénégalais au Soudan (à droite)

Le groupe de bronze du monument de Reims
(Carte postale, Thuillier éditeur, Reims. Collection Jean-Pierre et Jocelyne Husson)

   C'est un groupe de cinq combattants. Un sous-lieutenant imberbe étreint un drapeau tandis qu'à sa droite, un tirailleur en chéchia semble guetter encore l'ennemi, du côté de la Pompelle.
    À gauche, un autre tirailleur semble avoir été surpris au moment où il se lève pour sortir de la tranchée.
   Derrière, deux colosses noirs semblent dire : « Nous sommes là, si l'on a besoin de nous ».
   Un murmure d'admiration parcourt la foule, qui reconnaît le symbole du dévouement et de la fidélité de nos soldats noirs.

L'Éclaireur de l'Est, 14 juillet 1924

   Le monument « Aux héros de l'Armée noire », érigé à Reims « en témoignage de reconnaissance envers les Enfants d'adoption de la France, morts en combattant pour la Liberté et la Civilisation », était la réplique du monument inauguré le 3 janvier 1924 à Bamako.

Le monument de Bamako
(Archives municipales et communautaires de Reims)

La maquette conservée au Musée des troupes de marine à Fréjus
présentée dans l'exposition " Tenir ! Reims sur le front 1914-1918 "
au musée Saint Remi de Reims en novembre-décembre 2008
(Photo Jean-Pierre et Jocelyne Husson)


Le monument démantelé par les autorités allemandes d'occupation en septembre 1940

   Pendant la 2e guerre mondiale, dès le début de l'Occupation, la statuaire de bronze a été démontée par les Allemands, embarquée sur un wagon de chemin de fer pour une destination inconnue. Elle a sans doute été fondue pour en récupérer le métal, tandis que le socle du monument était détruit.
   Marcel COCSET est parvenu à photographier clandestinement l'enlèvement du monument en septembre 1940, puis des membres de sa famille venus déposer des fleurs à l'emplacement du monument disparu au début du mois d'octobre 1940.

Le démantèlement du monument par les troupes d'occupation allemandes
photographié par Marcel Cocset en septembre 1940

Photographie clandestine des membres de la famille Cocset venus déposer des fleurs
sur les gravats du monument détruit par les Allemands au début d'octobre 1940
(Témoignage et photographies recueillis en 2008 par Jacques Cohen, maire-adjoint)

Le chargement de la statue en gare de Reims - À l'arrière plan, les entrepôts des Comptoirs Français.
(Photographie extraite de Jean Joly, La Résistance et les Forces françaises de l'intérieur, Mouvement Ceux de la Résistance-Arrondissement de Reims, monographie dactylographiée achevée après son décès en 1994 par Daniel Marquet, Reims, 1998)


L'historique et la description du monument inauguré en 1963

Les origines du monument

    Au milieu des années 1950, l'Amicale des anciens coloniaux et marins de Reims a sollicité l'appui du gouverneur général de l'Afrique occidentale française en poste à Dakar, pour le lancement d'une souscription destinée à la réédification du monument à l'Armée noire de Reims.

   Le 4 juin 1955, le préfet de la Marne avisé par le gouverneur de cette démarche, l'informait que la Ville de Reims envisageait de constituer un comité chargé d'étudier les moyens à mettre en œuvre pour la réédification du monument, et lui demandait d'inviter l'Amicale des anciens coloniaux à se mettre en relation avec le maire de Reims.

   En réalité, la Ville de Reims, qui en était propriétaire, était partagée sur le projet de reconstruction.
   Elle craignait de voir se rallumer les tensions opposant anciens combattants des troupes coloniales et anciens combattants des régiments métropolitains qui se disputaient le mérite d'avoir sauvé Reims en 1918.
   En outre, elle considérait alors qu'elle n'avait pas les moyens financiers pour s'engager
dans la reconstruction à l'identique de ce monument dont la valeur avait été estimée à 250 000 francs de 1939.   
   L'indemnité pour dommages de guerre ne s'élevait qu'à 7 760 francs, et une étude préalable faisait apparaître que la réédification du monument primitif, à partir de la réplique préservée à Bamako, coûterait entre 200 000 et 400 000 francs, une somme jugée difficile à réunir à l'époque.

   En septembre 1958, à l'occasion du 40e anniversaire de la défense de Reims par les Corps d'armée coloniaux, une stèle provisoire a été inaugurée sur le site de l'ancien monument, au cours d'une cérémonie présidée par le général MORLIÈRE, au cours de laquelle il a rendu hommage « aux troupes d'Outre-Mer de toutes races et de toutes couleurs » :

   « Aujourd'hui, et par cette stèle, c'est à tous ceux qui, en 1918, préservèrent la Ville des sacres de l'envahisseur, que Reims rend avec nous tous un hommage reconnaissant et mérité.
   Et parmi tous ces héroïques défenseurs, Reims fait dans son cœur une place de choix aux troupes d'Outre-Mer de toutes races et de toutes couleurs.
»

La Ville de Reims
à
ses défenseurs
-
Les troupes coloniales
et
les anciens combattants coloniaux
à
leurs morts

La stèle provisoire érigée en 1958
(Archives municipales et communautaires de Reims)

   Au début des années 1960, avec la fin de la guerre d'Algérie qui clôturait le long et difficile processus de la décolonisation, la reconstruction à l'identique du monument ancien fut écartée, parce que ce monument évoquait l'engagement des troupes indigènes dans la 1ère guerre mondiale d'une façon qui pouvait être considérée désormais comme trop coloniale, voire trop colonialiste, alors que la Ville de Reims était jumelée avec Brazzaville, qu'elle recevait assez fréquemment des visites de personnalités africaines et que son université accueillait de plus en plus d'étudiants africains.
   On retint donc l'idée d'un nouveau monument, plus simple, plus discret, destiné à commémorer le souvenir des soldats africains tombés pour la défense de la Ville de Reims, « sous une forme ne pouvant choquer personne ».

    En 1961, la municipalité de Reims et la délégation locale de l'Association française des coloniaux et anciens combattants d'outre-mer ont pris l'initiative de créer un Comité du Monument aux soldats d'outre-mer à Reims, déclaré en sous-préfecture le 30 mars 1961, dont la mission était « de faire édifier à Reims un Monument en remplacement du Monument à l'Armée noire détruit sous l'Occupation ».

   Le comité a lancé un concours ouvert aux élèves de l'École régionale des Beaux-Arts et des Arts appliqués, et il a finalement retenu le projet de monument présenté par Jean-Marie MAYA-PEREZ, projet élaboré sous la direction de son professeur, l'architecte Claude DUCHER.

Les plans et la maquette du monument érigé en 1963
 (Archives municipales et communautaires de Reims)

    Considérant que la somme allouée au titre des dommages de guerre était insuffisante pour mener à bien ce projet dont le coût était évalué au début des années 1960 à environ 30 0000 ( nouveaux ) francs, le comité d'érection présidé par Roger CRESPIN, conseiller général, adjoint au maire de Reims, Jean TAITTINGER, et président des anciens des Forces françaises libres, avait demandé au ministère des Anciens combattants une subvention de 10 000 ( nouveaux ) francs.
   Mais le mandatement de cette subvention était subordonné à la production des travaux exécutés.
   Le 6 juillet 1960, le ministre de l'Intérieur informait le préfet de la Marne qu'il donnait son accord préalable au projet de reconstruction du monument présenté par la Ville de Reims.
   Le 17 août 1962, le préfet de la Marne adressait au ministre de l'Intérieur le dossier règlementaire à soumettre à l'avis de la Commission centrale des monuments commémoratifs. Il appelait tout spécialement l'attention du ministre « sur l'intérêt que le Comité d'érection attacherait à pouvoir procéder à l'inauguration de ce monument le 11 novembre prochain », c'est-à-dire le 11 novembre 1962, et lui demandait avec insistance de bien vouloir intervenir pour activer la procédure.
   Le 10 décembre 1962, était promulgué le décret du Premier ministre, Georges POMPIDOU, approuvant « l'érection du monument commémoratif : REIMS ( Marne ) Monument à la Mémoire des Morts de l'Armée noire », sur proposition du ministre de l'Intérieur Roger FREY et avec l'avis favorable de la Commission centrale des monuments commémoratifs.
   Le 19 décembre 1962, le sous-préfet de Reims, pas encore informé de cette décision, alertait le préfet sur le fait que les travaux n'ayant pu commencer tant que le décret n'était pas promulgué, la Ville de Reims risquait de perdre le bénéfice de cette subvention.
    Le 21 décembre 1962, le préfet de la Marne faisait parvenir au sous-préfet de Reims deux ampliations du décret ministériel approuvant l'érection du monument et lui demandait de notifier cette décision au maire de Reims.
   La construction du monument, confiée à un entrepreneur rémois, Émile NIGRON, a été réalisée avec le concours des services municipaux ( voirie et jardins ).
   Le 27 juillet 1963, l'édition rémoise du quotidien L'Union datée du 27 juillet 1963, publiait une photographie du monument presqu'achevé et annonçait le lancement d'une souscription publique destinée « à parfaire le financement du nouveau monument aux soldats africains ».
   Le 27 septembre 1963, quelques jours avant l'inauguration du monument, le sous-préfet de Reims faisait parvenir au préfet de la Marne une brève notice historique rédigée par Monsieur CRESPIN, président du Comité d'érection et adjoint au maire de Reims, et il l'informait que sur les 70 communes de l'arrondissement sollicitées pour participer à son financement, 8 seulement avaient répondu favorablement et apporté au total une contribution de 230 francs.

     Le 6 octobre 1963, le monument fut inauguré sous le patronage de Pierre MESSMER, ministre des Armées, Jean SAINTENY, ministre des Anciens combattants, Jacques FOCCART, secrétaire général pour la Communauté et les affaires africaines et malgaches, et le général CATROUX, grand chancelier de la Légion d'honneur.
   Au sein du Comité d'honneur départemental figuraient le préfet, Émile VIÉ, Pierre SCHNEITER, ancien président de l'Assemblée nationale, les parlementaires marnais, le président du conseil général, les conseillers généraux de Reims.

Achèvement des travaux d’érection et inauguration du monument le 6 octobre 1963
(Archives municipales et communautaires de Reims)

La présentation du monument de 1963

   Le monument de 1963, désigné sous le nom de « Monument aux soldats d'Outre-mer » par le Comité d'érection et qualifié de « Monument à la mémoire des morts de l'Armée noire » par le décret ministériel approuvant son érection, est constitué de deux obélisques de 7 mètres de haut en pierre d'Eurville, érigés sur un bloc d'une tonne, et entouré d'un dallage de schistes de Rimogne.
   Les deux obélisques représentent l'union des combattants métropolitains et africains. Le bloc central sur lequel est gravée l’inscription « La France et la Ville de Reims aux soldats africains tombés pour la défense de la liberté 1914-1918 » symbolise la Résistance de Reims et de ses défenseurs pendant la 1ère guerre mondiale.

   La section rémoise de L’Union Française des associations d’Anciens Combattants (UFAC) a pris ultérieurement l’initiative d’y déposer une plaque commémorative rappelant que le monument érigé en 1924 à cet emplacement, avait été détruit en 1940 par « haine raciale » par les occupants allemands :

« Ici fut érigé en 1924 un monument qui témoignait de la reconnaissance de la Ville de Reims envers les soldats africains qui défendirent la cité en 1918. L’occupant détruisit par haine raciale ce " Monument aux Noirs " en septembre 1940. Les anciens combattants ont tenu à ce que son souvenir demeure dans notre mémoire »

(Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson)


Le monument de 1924 transposé par le sculpteur Patrice ALEXANDRE
Sculptures de mémoire - Études de dix monuments de 14-18
Marne, pays d'histoires, 2001-2003

   « Sur son socle se dressait un groupe de combattants en bronze.
   Les restes du socle de ce monument sont visibles au musée du Fort de la Pompelle
.
   La sculpture se présentait comme une pyramide tronquée.
   Le statuaire Moreau-Vauthier, d'une rare habileté, a conjugué composition et savoir-faire du modelé.
   Technique éprouvée, issue de la sculpture coloniale, bien à l'aise, pour représenter ces hommes de l'autre côté de la Méditerranée.
   Ils n'ont pas encore le droit de porter le drapeau.
   On leur demande de prendre la pose autour d'un officier blanc
. »

                                                                                                                                                   Patrice ALEXANDRE

            Transposition académique                          Transposition cubiste                   Transposition africaine

    Les transpositions du sculpteur Patrice ALEXANDRE ont été présentées à Reims en 2004 dans l'exposition « Hosties noires »....

Exposition " Hosties noires " - Reims 2004
(Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson)

    ...et en 2013 au Musée de l'Armée et d'Histoire militaire de Bruxelles dans le cadre du cycle d'expositions temporaires « Reflet(s) de la Grande Guerre 1914-1918 ».

 Patrice Alexandre, « Monumentum.Souvenirs de pierre, créations de terre »
(Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson)


Le Monument à l'Armée noire dans le rapport de la Commission Becker
Décembre 2007

    En octobre 2007, la présidence d'une commission chargée de définir des orientations pour la célébration en 2008 du 90e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale a été confiée à Jean-Jacques BECKER, professeur émérite de l’Université Paris X- Nanterre, président du Centre de recherche de l’Historial de la Grande Guerre.
    La
Commission Becker a rendu son rapport en décembre 2007, un rapport qui évoquait la possibilité en septembre 2008 « d'une cérémonie à Reims lors de la réinstallation du monument " Aux héros de l’Armée
noire " érigé à Reims " en témoignage de reconnaissance envers les enfants d’adoption de la France, morts en combattant pour la Liberté et la Civilisation " »
.
    La formulation
« réinstallation » était pour le moins ambiguë dans la mesure où elle ne précisait pas que ce monument, dont l'Annexe 2 du rapport rappelle qu'il a été démonté en 1940 par les nazis et emmené en Allemagne où il a disparu, devait pour être réinstallé, d'abord être reconstruit à l'identique.

L'hommage rendu par la Ville de Reims aux soldats de l'Armée noire
le 3 novembre 2008 à l'occasion du 90e anniversaire de l'Armistice de 1918

Mémoires de la Grande Guerre
Programme du 90e anniversaire de l'Armistice de 1918 à Reims

   Le 3 novembre 2008, à l'occasion du 90e anniversaire de l'Armistice de 1918, la Ville de Reims a rendu solennellement hommage aux soldats de l'Armée noire au cours d'une cérémonie présidée par Jean-Marie BOCKEL, secrétaire d’État à la Défense et aux Anciens combattants, Rama YADE, secrétaire d’État aux Affaires étrangères et aux Droits de l’homme, et Adeline HAZAN, maire de Reims, en présence du ministre de la Défense et des Anciens combattants du Mali, Natié PLÉA, et de nombreux ambassadeurs ou attachés d'ambassade de pays africains.
   Après avoir fleuri le Monument à l'Armée noire élevé en 1963 à lemplacement de celui qui avait été démantelé par les nazis en 1940, les personnalités se sont rendues au Musée Saint-Remi où leur a été présenté l'espace consacré à la Force noire de l'exposition " Tenir ! Reims sur le front 1914-1918 ", puis sur la Place de l'Hôtel de Ville où s'est déroulée la célébration.

Jean-Marie Bockel, Rama Yade et Adeline Hazan devant l'espace " Force noire "
de l'exposition Tenir ! Reims sur le fronte 1914-1918 au Musée Saint Remi
devant la maquette du monument de 1924 conservée au Musée des troupes de marine à Fréjus

L'arrivée des personnalités Place de l'Hôtel de Ville
Rama Yade, Jean-Marie Bockel et Adeline Hazan entourés des personnalités invitées

(Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson)

   Adeline HAZAN a annoncé que la Ville de Reims prenait l'initiative de reconstruire à l'identique le Monument aux héros de l'Armée noire érigée en 1924, en expliquant le sens quelle entendait donner à cette « renaissance du monument » :

 

« Il s’agit bien sur d’un hommage aux exploits militaires des soldats venus d’Afrique, il y a un siècle, pour défendre la démocratie française.
   Il s’agit aussi d’un hommage à tous ceux qui ont traversé des épreuves inhumaines pour défendre, loin de leurs racines, la République et la Liberté face à leurs ennemis.
   Il s’agit enfin d’une nouvelle étape dans le parcours que notre mémoire républicaine doit aux peuples africains. Notre pays a commis des erreurs historiques. Il lui est arrivé de négliger, par delà ses frontières, les principes fondamentaux de liberté, d’égalité, de fraternité, qui font sa force et sa fierté.
   En rappelant le rôle de l’Armée Noire dans la défense de la République pendant la Grande Guerre, nous soulignons haut et fort combien le traitement que cette République a réservé aux
peuples africains était indigne de notre histoire commune.
   Nous sommes ici à Reims les héritiers de toutes les mémoires de la grande guerre : des civils sous le feu, des soldats de tous pays et de toutes origines.
   Pour les pays du sud alors colonisés, la participation des troupes coloniales à la première guerre mondiale est encore aujourd’hui une fierté.
   Certes, leur jeunesse y fut broyée comme chair à canons, comme tant d’autres. Mais en même temps, elle acquérait chèrement la reconnaissance de sa valeur. Chaque soldat de la
force noire devenait ainsi un soldat français comme les autres. Cette reconnaissance comme soldats était aussi et d’abord vécue comme une reconnaissance comme des êtres humains,
effaçant la honte coloniale des exhibitions dans des zoos humains bien peu de temps auparavant.
   Certes l’espoir de devenir ensuite des citoyens comme les autres a été ensuite déçu par le retour des vieux démons coloniaux. Mais c’est aussi de cette ambition d’égalité civique,
qui aboutit aux luttes d’indépendance, que témoigne la mémoire de la Force noire.
   L’initiative de reconstruire ce monument résulte d’une prise de conscience partagée. C’est donc naturellement en partenariat avec la région Champagne-Ardenne, le département de la
Marne, et avec le soutien des ministère de la Défense et des Affaires étrangères que nous lançons la renaissance de ce monument.
   J’espère que nous serons nombreux, réunis autour du nouveau monument, le 11 novembre 2010, au Parc de Champagne.
   Il ne s’agira que de célébrer tous les humanismes, toutes les victoires que les peuples sont capables d’emporter sur eux mêmes, pour la paix et la liberté. »

   Rama YADE a dit sa fierté de se trouver à Reims « une ville qui, du baptême de Clovis au dernier sacre d’un roi de France, a été intimement liée à la constitution de la Nation française. Une ville aussi qui a été aux avants-postes des combats sanglants de deux guerres mondiales, et à la défense de laquelle les « Tirailleurs sénégalais » se distinguèrent par leur ardeur et leur courage » :

« Près d’un million de combattants issus de ce qui constituait alors l’empire colonial français ont servi dans l’armée française au cours du XXe siècle. Originaires du Maghreb,
d’Afrique noire, de Madagascar, d’Asie, près de 100 000 d’entre eux sont « morts pour la France ».
   De 1914 à 1918, 250 000 soldats africains noirs ont combattu sur notre sol et 27 000 d’entre eux y ont fait le sacrifice de leur vie.
   La France leur a rendu hommage en érigeant dans votre ville en 1924 un monument « aux Héros de l’Armée noire », un témoignage que les nazis se sont empressés de détruire en 1940 et qu’aujourd’hui nous devons rebâtir. Ce projet existe aussi parce qu’un homme, Chekh Sakho, s’est mobilisé, faisant preuve d’une détermination sans faille, jamais désespérée.
   Je salue avec une très grande émotion cette entreprise. Que cela n’a-t-il été fait avant ?
   Le peuple français a une dette envers les tirailleurs sénégalais. Cette dette est sacrée. Elle
touche à la Nation. Les tirailleurs sont tombés pour que la France ne meure pas. Pour que vive
la France. Loin de chez eux. Disons le clairement : l’hommage de la France aux Tirailleurs
sénégalais a été en deçà de leur sacrifice [...]
   Il faut pleinement voir à quel point la « Force noire » chère au général MANGIN [...] constituait la face ultime d’un « pacte colonial » fondé sur l’égoïsme des intérêts et l’inégalité des conditions. Une inégalité statutaire, organisée, même si la fraternité des armes a dû très régulièrement en atténuer les conséquences. [...]
   Honte d’un côté. Mais dignité de l’autre. Nous sommes nombreux à avoir en tête l’image de ces vieux tirailleurs africains qui ont vécu longtemps sans rien demander. Oui, ils avaient subi l’injustice. Oui, ils avaient payé le prix du sang sans en être remerciés. Mais combien d’entre eux ont traîné leur silhouette dans les villes et villages africains, dignes, ne revendiquant rien, étant simplement fiers d’avoir servi un pays qu’ils n’ont cessé d’appeler la mère patrie. Silence exceptionnel de ces hommes. Jusqu’à l’absurde. [...]
   Je veux à travers ce récit, à travers l’épopée des tirailleurs, vous dire, chers amis, que ce qui nous rassemble est plus important que ce qui nous divise. Les facteurs d’unité plus puissants que les ferments de la discorde. Vous dire que des hommes noirs ont un jour aimé ce pays jusqu’à mourir pour lui. Que cet héritage devrait être le socle d’une unité nationale que l’on ne retrouve nul par ailleurs. »

Jean-Marie Bockel et Rama Yade
(Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson)

  Jean-Marie BOCKEL, après avoir salué « le remarquable travail de la Ville de Reims pour mettre en valeur son riche patrimoine historique et mémoriel de la Grande Guerre », a rendu hommage à son tour à « ces hommes venus d'ailleurs... mourir pour la République » et a formulé le vœu que « cette histoire exemplaire de la Force noire  entre dans toutes les écoles » :

   « Aujourd’hui, la France se souvient et honore l’engagement de ces hommes venus d’ailleurs au nom d’un idéal commun.
   Aujourd’hui la France adresse un salut fraternel aux nations héritières de ces fiers soldats, qui firent l’admiration de tous sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale.
   Aujourd’hui, la France exprime sa gratitude à ces enfants d’Afrique venus mourir pour la République et ses nobles idéaux.
   Monsieur le ministre, Mesdames et messieurs les Ambassadeurs, ces événements du passé nous lient pour toujours, par delà les vicissitudes de notre histoire.
   Ces pages glorieuses et tragiques de notre histoire commune s’élèvent au-dessus de toutes les polémiques et de toutes les déceptions, car ces événements nous rassemblent plutôt qu’ils
nous divisent.
   Aujourd’hui, cette histoire s’adresse également aux enfants et aux petits-enfants de ces valeureux tirailleurs, dont certains sont devenus des fils et des filles à part entière de notre
République. Ils doivent être fiers d’êtres les héritiers de ces hommes courageux et intrépides.

   C’est pourquoi je voudrais formuler devant vous un voeu : que cette histoire exemplaire de la « Force Noire » entre à compter d’aujourd’hui dans tous les foyers et dans toutes les écoles de France, afin que nul ne puisse ignorer le sacrifice des ces hommes venus d’ailleurs.
   C’est pourquoi j’appelle également de mes voeux la renaissance du monument « aux héros de l’armée noire », que  les habitants de la ville de Reims avaient érigé en 1924 à la mémoire des valeureux combattants de 1918 [...]
»

L'association AMAN et la restitution en 2013 du monument de 1924

   C'est en janvier 2009 qu'a été lancé par l'Association pour la mémoire de l'Armée noire ( AMAN ), conformément à ses statuts, le projet de reconstruction du monument « Aux héros de l'Armée noire » de Reims :

   « L'association AMAN a pour but l'approfondissement de l'histoire et le développement de la mémoire des troupes coloniales d'origine sub-sahélienne » et « notamment la réalisation de la réplique de la statue dédiée aux " Héros de l'Armée noire " inaugurée à Reims en 1924, détruite en 1940, lors de la deuxième guerre mondiale ».

   L'association, parrainée par la Ville de Reims, animée par Raymond RIQUIER et présidée par le vice-amiral d’escadre, Laurent MERER préfet maritime à Brest, s'est engagée dans un projet qui se donnait comme objectif de reconstruire à l'exact identique le monument de 1924. Dès 2009, une délégation conduite par Raymond RIQUIER et Jacques COHEN, maire-adjoint, s’est rendue au Mali pour y étudier comment pourraient y être effectués des travaux de mesure au laser et de moulages du monument de Bamako. Mais la dégradation de la situation politique et la montée de l’insécurité au Mali ont conduit à abandonner ce projet de reconstruction à l'identique. S’en est suivie une période de confusions et de tensions au sein de l’AMAN qui a débouché sur la démission du vice-amiral MERER en juin 2011 remplacé par le général Jean-Marie LEMOINE, puis sur le départ de Raymond RIQUIER en février 2012.

   Après l’abandon du projet initial de reconstruction à l'exact identique, il a été envisagé de se contenter de mesures plus rapides permettant de réaliser une copie raisonnablement fidèle du monument de 1924, tout en abaissant sensiblement le coût de l'opération.
La procédure d’appel d’offres a abouti à confier la réalisation du projet au sculpteur Jean-François GAVOTY. Ce dernier proposait une « recréation du monument » s’appuyant sur la réalisation d’« une réplique aussi fidèle que possible » de la sculpture de Paul MOREAU-VAUTHIER, à partir de mesures réalisées sur le monument de Bamako, et d’un « socle ouvert » en forme d’arche, sur laquelle devait figurer un bas-relief rendant hommage à l’architecte BLUYSEN qui avait conçu le socle de 1924 en forme de fortin africain.

   Au début du mois de janvier 2013, Jean-François GAVOTY s’est rendu à Bamako où il a été autorisé à accéder au Monument à l’Armée noire jumeau de celui de Reims, pour y effectuer des mesures précises et des relevés photographiques. De retour dans son atelier, il a entrepris de reconstituer le moulage de la statue de 1924, en 34 pièces en argile, qui ont permis la réalisation de 34 pièces en bronze coulées au printemps-été 2013 dans l’Atelier 960 à Carcès dans le Var par l’équipe de fondeurs de Laurent INQUIMBERT. Quant au socle, il en a confié la réalisation à l’entreprise Oesterlé Mobilier Urbain dirigée par Philippe FESSLER à Lutterbach dans le Haut-Rhin.

Le travail de modelage réalisé dans l'atelier de Jean-Ftançois Gavoty au Puid dans les Vosges
(Photos Jean-Pierre Husson, avec l'aimable autorisation de Jean-François Gavoty)

   Le 8 novembre 2013, la réplique et son socle ont été installés dans le Parc de Champagne. Ce parc de 22 hectares a été conçu par le paysagiste Édouard REDONT à la demande du marquis Melchior de POLIGNAC, directeur de la maison de Champagne Pommery, qui y avait installé en 1912 le Collège des athlètes confié à Georges HÉBERT, promoteur de la méthode d’éducation physique naturelle.
   Cédé à la Ville de Reims en 2003 par le groupe LVMH au terme de la signature d’un bail emphytéotique, le Parc de Champagne est situé à proximité du site où avait été érigé le monument de 1924 dont il est la réplique, à la sortie de Reims en direction du Fort de la Pompelle, un des points les plus sensibles et les plus disputés de la défense de Reims, lors des combats de l’été 1918. Il constitue un site remarquable, protégé, mais l'accès au monument est limité aux jours et heures d’ouverture du Parc, et de novembre à février seulement les mercredis, samedis et dimanches ainsi que pendant les vacances solaires.

Le 9 novembre 2013, Jean François Gavoty apporte la dernière touche au monument qui vient d’être installé

   La statue constitue lorsqu’on la compare aux photographies des monuments jumeaux élevés en 1924 à Reims et à Bamako, et à la maquette conservée au Musée des troupes de marine de Fréjus, une réplique fidèle, représentant un groupe de soldats africains de la Force noire rassemblés autour d'un drapeau français porté par un officier blanc.
   Le socle de la statue n’est pas une réplique du socle en forme de Tata ou fortin africain conçu en 1924 par Auguste BLUYSEN. Il s’agit d’une arche ouverte que l’on peut traverser. Les parois intérieures sont décorées de bas-reliefs réalisés à partir de moulages des fragments du socle de 1924, en forme de fortin africain. Le plafond est décoré avec de petits bronzes conçus par les étudiants artistes des ESAD (Écoles supérieurs d’Art et de design), de Reims et de Bamako, qui évoquent l’histoire des tirailleurs sénégalais.

Inscription du monument gravée à l'arrière du monument

« Reproduction 2013 de l’œuvre de PAUL MOREAU-VAUTHIER (1922) - J. F. GAVOTY ARTISTES & ASSOCIÉS »

 

 Plaque dédicace du monument
(Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson)

« En hommage aux héros de l'Armée noire,
Tirailleurs combattant dans l'Armée française entre 1857 et 1965
Venus d'Afrique ils se sont battus pour défendre la République et la Liberté
Deux monuments ont été érigés en 1924 à Reims et à Bamako
pour témoigner de la reconnaissance de la France
à l'issue de la Première Guerre mondiale
Cette restitution en 2013 du monument rémois démantelé en 1940
inscrit ce que notre histoire républicaine doit aux peuples africains »

   Installée en novembre 2013, la restitution du monument à l'Armée noire de 1924 n'a été officiellement inaugurée qu'en novembre 2018 au terme de deux procédures judiciaires engagées ontre la Ville de Reims par le sculpteur Joël VERGNE qui a contesté la procédure d'appel d'offres ayant abouti au choix de Jean-François GAVOTY et par la Fondation Moreau-Vauthier qui considérait que la statue de 1924 et son socle constituaient une œuvre indissociable et que cette restitution du monument de 1924 était « une dénaturation de l’œuvre originale ».

   Au civil, la Fondation Moreau-Vauthier a rapidement été déboutée. Mais au pénal, la procédure s’est prolongée. Après une relaxe en première instance, le parquet a fait appel et en septembre 2016, la Cour d’Appel de Reims a condamné à 200 000 euros d’amende avec sursis pour délit de favoritisme le cadre de la Mairie de Reims qui avait géré l’appel d’offres.
   La voie était ouverte pour organiser l’inauguration officielle du monument installé dans le Parc de Champagne en novembre 2013. Cependant, la Ville de Reims et son maire Arnaud ROBINET ont préféré repousser cette inauguration à 2018, pour lui donner plus d’éclat en l’associant aux cérémonies du centenaire de l’armistice du 11 novembre 2018 qui a mis fin à la 1ère guerre mondiale, et en demandant à Emmanuel MACRON, président de la République, de venir présider la cérémonie d’inauguration.

L'inauguration officielle en 2018 par le président Emmanuel Macron
du monument érigé en 2013

   En octobre 2018, le monument qui avait été initialement installé près de l’entrée du Parc de Champagne, sous les arbres et à contre-jour parce que tourné symboliquement vers le nord c’est-çà-dire vers la ligne de front de 1918, a été déplacé et réinstallé dans un espace plus ouvert et plus ensoleillé, ce qui le met en valeur et le rend plus visible par les visiteurs. Ce transfert permettait aussi de donner, à la demande des services de l’Élysée, un caractère plus solennel à l’inauguration officielle du monument programmée le 6 novembre 2018, aboutissement d’une « itinérance mémorielle » du président de la République dans le Grand Est organisée dans le cadre du centenaire de la 1ère guerre mondiale.

   L’inauguration officielle de la restitution du monument aux héros de l’Armée noire de Reims a eu lieu le 6 novembre 2018 en présence du président de la République, Emmanuel MACRON, et du président du Mali, Ibrahim BOUBACAR KEÏTA.

(Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson)

    Seuls le président malien, Ibrahim BOUBACAR KEITA et le poète écrivain franco-congolais Alain MABANCKOU ont pris la parole :

  « Ils se sont battus pour l’empire, par monts et par vaux, ils se sont battus de jour et de nuit, et plus souvent de nuit que de jour. Ils se sont battus pour la France, mais pour eux-mêmes aussi. »
                                                                                                                                Ibrahim Boubacar Keïta

   « Ils ont écrit l’histoire de France avec leur sang et ils méritent leur place dans la mémoire collective. »
                                                                                                                                     Alain Mabanckou

   La restitution en 2013-2018 du Monument aux héros de l’Armée noire, détruit en 1940 par haine raciale, qui avait été écartée en 1963 parce que dans le contexte de la décolonisation et des indépendances, elle pouvait être perçue alors comme teintée de paternalisme, voire de colonialisme, a permis de réaffirmer le rôle important joué par la Force noire au cours des deux guerres mondiales. Elle a été l’aboutissement d’un long et tortueux parcours traduisant la volonté de la Ville de Reims qui en était la gardienne, d’inscrire clairement cette renaissance symbolique dans le cadre de la lutte contre le racisme et la xénophobie.

Les autres monuments aux combattants d'Afrique noire en France

   En France métropolitaine, d'autres monuments, peu nombreux, rendent hommage aux combattants d'Afrique noire.

Les monuments du Jardin d'agronomie tropicale de Paris

   Deux d'entre eux se dressent dans l'enceinte du Jardin d'agronomie tropicale de Paris, à l'extrémité Nord-Est du Bois ed Vincennes. Créé en 1899, ce jardin avait accueilli l'Exposition coloniale de 1907. Après le 1ère guerre mondiale, des monuments y ont été érigés en hommage aux soldats indigènes des colonies, morts pour la France en 14-18, en particulier un monument aux soldats noirs et un monument aux soldats de Madagascar.
    Ce jardin a été racheté en 2003 par la Ville de Paris.

Le monument aux soldats noirs

Le monument aux soldats de Madagascar
(Photographies de Suzanne Gilles)

Les monuments du département du Var

   Deux autres monuments ont été érigés dans le département du Var, où étaient installés pendant la 1ère guerre mondiale les dépôts de l'armée dite « coloniale indigène » créée par décret en 1915 :
         - le « Mémorial à l'Armée d'Afrique » à Saint-Raphaël
         - le « Mémorial de l'Armée noire » à Fréjus.
 

   Le Mémorial à l'Armée d'Afrique érigé à Saint-Raphaël, a été inauguré le 15 août 1975 par le ministre de l'Intérieur, Michel PONIATOWSKI, à l'occasion 31e anniversaire du débarquement de Provence.

   Élevé en 1994 dans la ville où était déjà implanté le Musée des troupes de marine, le Mémorial de l'Armée noire dont la statuaire en bronze, œuvre du sculpteur Yvon GUIDEZ, a été fondue en Pologne, se dresse devant la plage de Fréjus.

Sur la plage de Fréjus

(Photo Jean-Pierre et Jocelyne Husson)


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