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Yvette Lundy déportée à Ravensbrück (matricule47 360),
transférée à Buchenwald (matricule 15 208) - Kommando de Schlieben

(1916-2019)

La résistance et la déportation

Témoigner auprès des jeunes

2006 : Yvette Lundy et la mémoire du réseau d'évasion Possum

2009 ; Yvette Lundy et le film Liberté de Tony Gatlif

2010 : Yvette Lundy témoigne dans la revue Le Déporté pour la Liberté

2011 : le Collège d'Aÿ reçoit le nom d'Yvette Lundy d'Aÿ

2011 : Le Fil de l'araignée

2014 : L'instinct de survie

2015 : Yvette Lundy sur le site Les Résistances de France 3

2016 : le centième anniversaire d'Yvette Lundy

Hommage de la commune d'Oger

Hommage du Collège d'Aÿ

Hommage de la Ville d'Épernay

Hommage de la commune de Gionges

Hommage de la commune de Beine-Nauroy

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Famille LUNDY (1916-2019)
in Jean-Pierre et Jocelyne Husson,La Résistance dans La Marne,
dvd-rom, AERI-Fondation de la Résistance, 201
3

    Sous l’Occupation, cinq frères et sœurs de la famille Lundy participent activement à la résistance dans la Marne. Le berceau de cette famille se trouve à Beine, un village qui a été presque totalement détruit pendant la 1ère guerre mondiale, et où leurs parents sont décédés, Valentine en novembre 1919 et Jules en octobre 1940.   Après la démobilisation et le retour d’exode des uns et des autres à la fin de l’été 1940, chacun reprend son activité :
- René, né en 1897, tient un atelier de bonneterie à Beine avec son épouse Yvonne ;
- Lucien, né en 1901, est cafetier-épicier à Aussonce dans les Ardennes, aux confins de la Marne ;
- Georges, né en 1903, exploite la ferme familiale à Beine ;
- Berthe, née en 1910, qui se destinait à exercer le métier de couturière, seconde Georges à la ferme ;
- Yvette, née en 1916, reprend son poste d’institutrice et de secrétaire de mairie à Gionges.
   En dehors de la Marne, deux autres frère et sœur ne restent pas inactifs : André, né en 1907, qui réside en Aveyron où il est responsable de la station électrique de Verlhaguet près de Montauban, héberge des réfractaires au STO et rejoint un groupe de FFI dans le Tarn-et-Garonne ; Marguerite, née en 1912, et son mari Émile, ambulanciers à Villemonble dans la région parisienne, sont amenés à transporter des clandestins dans leur ambulance.

   Dès le retour d’exode à Beine, René, Georges et Berthe aident des prisonniers de guerre évadés du camp de prisonniers établi près de Bazancourt. René utilise sa voiture à cheval pour les transporter jusqu’à Reims où ils sont pris en charge par la Croix Rouge. Georges, président du Comité d’aide aux prisonniers de Beine, se montre très actif pour obtenir le maximum de rapatriements. À l’automne 1941, Berthe accompagne deux prisonniers tunisiens évadés, leur fait passer la ligne de démarcation en franchissant avec eux le Cher à gué, ce qui lui vaut le surnom de « Poule d’eau ».
   Georges récupère des armes abandonnées par l’armée française en mai-juin 1940 et commence à constituer des caches d’armes. Il repère des terrains d’atterrissage pour le BOA. En juin 1943, il rejoint le Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France. Il organise avec Serge Pigny de CDLR des sabotages sur le canal de l’Aisne à la Marne, sur les voies ferrées près de Sillery, sur des lignes électriques et à la distillerie de Bétheniville.
   René, agent occasionnel de Résistance-Fer à partir d’octobre 1943, transporte des armes, des munitions et des explosifs qu’il cache chez lui. Il y dissimule aussi des postes récepteurs et un poste émetteur radio. Engagé dans la centaine FFI Duriez, il entrepose chez lui du ravitaillement pour les FFI qui participent à partir de juin 1944 aux actions du Plan Paul.
   Les Lundy de Beine hébergent en mai 1943 un aviateur de la RAF, puis en décembre 1943 plusieurs membres d’équipages alliés pris en charge par le réseau d’évasion Possum.
   À Gionges, Yvette utilise sa fonction de secrétaire de mairie pour fournir des papiers d’identité et des cartes d’alimentation à des prisonniers évadés du camp de Bazancourt pris en charge par ses frères de Beine, à des réfractaires au STO et, à la demande d’une amie modiste, à une famille juive de Paris. En contact avec Henri Coquart et Serge Pigny, elle prend en charge des réfractaires au STO, le temps de leur trouver une filière. Elle n’hésite pas à héberger des résistants traqués dont le jeune communiste Marcel Nautré, des membres d’équipages alliés pris en charge par le réseau Possum, des Français libres parachutés pour une mission en France qui lui sont confiés pour quelques jours par l’agent de liaison du BOA Robert Peltier, pseudo « Petit Claude ».
   À Aussonce, Lucien est tout aussi actif. Son café-auberge sert de refuge à des prisonniers évadés. En mai 1942, il est contacté par le docteur Lefrançois de Charleville, médecin major au 29e RI où il avait été mobilisé en 1939, et il accepte d’accueillir deux aviateurs britanniques rescapés d’un crash à Aiglemont qu’il héberge pendant plus de trois mois. Ces aviateurs sont ensuite pris en charge par le réseau Confrérie-Notre-Dame-Castille dont Lucien Lundy devient un agent. Son café-auberge fait aussi partie des gîtes utilisés par le réseau d’évasion Possum.

   Berthe est arrêtée par la Feldgendarmerie le 8 décembre 1942 à Beine. Accusée d’avoir caché dans des cigarettes envoyées à des prisonniers de guerre en Allemagne des messages d’encouragement et des renseignements militaires, elle est condamnée le 13 février 1943 par le tribunal militaire allemand de Châlons-sur-Marne à 30 mois de prison. Déportée en Allemagne le 19 juillet 1943, elle est incarcérée successivement dans les prisons de Trèves, de Gotteszell et de Wittlich. Elle tente à plusieurs reprises de s’évader. Elle est finalement libérée en juillet 1944. De retour en France, elle apprend les arrestations d’Yvette, de Georges et de Lucien et, malgré un état de santé altéré, elle reprend son action dans le secteur de Beine.

   Yvette est arrêtée le 19 juin 1944 à Gionges. Lors des interrogatoires, elle fait croire qu’elle est fille unique pour protéger ses frères. Incarcérée à Châlons-sur-Marne, puis au Fort de Romainville, elle est déportée le 18 juillet 1944 à Sarrebruck Neue Bremm, puis à Ravensbrück (matricule 47 360). Elle est affectée le 16 novembre 1944 sous le matricule 15 208 dans un kommando de Buchenwald, celui de Schlieben, où les déportées travaillent à la fabrication d’armes antichars pour la firme Hasag. Elle est libérée le 21 avril 1945 par l’Armée rouge et rejoint les lignes américaines à Torgaü. Rapatriée par avion le 18 mai 1945, elle passe par l’Hôtel Lutetia où Berthe vient la chercher.

   Georges et Lucien sont arrêtés par la Gestapo de Reims le 18 juillet 1944, jour de la déportation d’Yvette, Georges à Beine, Lucien à Aussonce. Après l’interrogatoire au siège de la Gestapo où Georges est torturé, tous deux sont incarcérés dans les prisons de Reims puis de Châlons-sur-Marne, où Berthe réussit à leur faire savoir qu’elle est rentrée en France. Georges et Lucien sont déportés le 19 août 1944 à Natzweiler-Struthof où ils reçoivent respectivement les matricules 22 816 et 22 817, puis ils sont transférés à Dachau début septembre 1944. Leurs routes se séparent alors.
   Georges décède le 13 mars 1945 à Schörzingen, un kommando de Natzweiler, date et lieu retenus par le JO du 11 janvier 2009.
   Quant à Lucien qui s’est fait inscrire comme charcutier-cuisinier, il est transféré en novembre 1944 à Auschwitz (matricule 200 071). Le 18 janvier 1945, devant l’avance de l’Armée rouge, Auschwitz est évacué et Lucien Lundy subit l’atroce marche de la mort vers Gross-Rosen, à laquelle il survit grâce à l’aide de quelques camarades. Le 9 février 1945, il fait partie d’un convoi vers Buchenwald puis vers Mauthausen (matricule 129 876), où un déporté espagnol parvient à le placer au revier du camp et où la Croix-Rouge le libère comme grand malade le 28 avril 1945. Il rentre en France le 13 mai 1945. Le 22 septembre 1945, il fait partie du peloton d’exécution de Roland Jeunet, agent de la Gestapo originaire de Fismes, responsable de l’arrestation de nombreux patriotes, en particulier de résistants qui s’étaient mis au service du réseau d’évasion Possum.

   À Beine-Nauroy, où une rue porte son nom, Georges Lundy figure sur le monument aux morts avec la mention « chef de trentaine FFI ».
   La famille est très éprouvée par la mort en déportation de Georges mais elle poursuit ses engagements. René est maire de Beine de la libération à 1947, puis conseiller général. Yvette, très active au sein des associations de résistants déportés, UNADIF et CVR, s’est beaucoup impliquée dans le Concours de la résistance et de la déportation et n'a cessé de témoigner auprès des collégiens et lycéens.
   Le collège Les Bleuets d’Aÿ a été rebaptisé et porte désormais le nom d’Yvette Lundy. La cérémonie de changement de nom s’est déroulée le 14 octobre 2011 en sa présence.
  Yvette Lundy a entrepris d’écrire ses mémoires avec la collaboration de Laurence Boisson-Barbarot, mémoires publiés sous le titre Le Fil de l’araignée. Itinéraire d’une résistante déportée marnaise. L’ouvrage a été officiellement présenté le 7 décembre 2011 dans les salons de l’Hôtel de Ville d’Épernay.

   Yvette Lundy est décédée le 2 novembre 2019 à Épernay.

   Georges, Lucien, René et Yvette Lundy sont combattants volontaires de la Résistance, avec la mention FFC pour René, la mention DIR pour Georges, Lucien et Yvette, et ils sont titulaires de la médaille de la Résistance.

Yvette Lundy en juin 1944, quelques jours avant son arrestation par la Gestapo

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La résistance et la déportation

   Yvette LUNDY est née dans la Marne pendant la 1ère guerre mondiale le 22 avril 1916, dans une famille d'agriculteurs originaires de Beine au Nord de Reims, repliée à Oger.
   En 1938, elle a été nommée institutrice à Gionges, où elle faisait office de secrétaire de mairie.
   En mai 1940, lors de l'exode, elle a quitté le département pour y revenir en juillet 1940.
   Sous l'Occupation, elle a fourni des papiers d’identité et des cartes d’alimentation en particulier à des prisonniers évadés du camp de Bazancourt, ainsi qu'à une famille juive à la demande d'une amie, modiste à Paris.
   Ellea assuré l’hébergement de réfractaires du STO, de résistants traqués, en particulier le jeune communiste Marcel NAUTRÉ, de membres d'équipages alliés pris en charge par le réseau d'évasion Possum ou encore de Français libres parachutés pour une mission en France qui lui avaient été confiés pour quelques jours par l’agent de liaison du BOA Robert PELTIER.
   Arrêtée le 19 juin 1944 à Gionges dans sa classe, et interrogée au siège de la Gestapo de Châlons-sur-Marne, elle s'est fait passer pour une fille unique afin de protéger ses frères et sœurs, également engagés dans la résistance.
   Elle a été incarcérée à la prison de Châlons-sur-Marne,  puis elle a été transférée au camp de Romainville.
   Le 18 juillet 1944, elle a été déportée comme résistante à Sarrebruck Neue Bremm, puis à Ravensbrück où elle a reçu le matricule 47 360.
   Le 16 novembre 1944, elle a été transférée à Buchenwald (matricule 15 208) et affectée au kommando de Schlieben où elle a été libérée le 20 avril 1945 par l'Armée rouge. Elle a rejoint les lignes américaines et a été rapatriée en France par avion le 18 mai 1945.
   Elle a retrouvé sa sœur Berthe qui avait été internée en Allemagne, son frère Lucien qui lui aussi a survécu à la déportation, mais pas son frère Georges, décédé le 13 mars 1945 au kommando de Schörzingen, dont l’annonce de la mort lui a causé un immense chagrin.


Témoigner auprès des jeunes

   Yvette LUNDY est devenue une des grandes figures de la Résistance marnaise qui a mis son énergie dans la transmission des valeurs de la Résistance et de la mémoire de la Déportation.
   Elle n'a cesséde témoigner auprès des jeunes, en particulier dans le cadre de la préparation du Concours national de la Résistance et de la Déportation.   

   C'est avec une profonde émotion que je vais rappeler la vie subie dans les camps.
   
Ma Résistance s'est arrêtée net dès que la Gestapo est venue m'arrêter, puis m'interroger dans les locaux du Cours d'Ormesson à Châlons-sur-Marne.
   Ensuite, c'est la prison de Châlons, le fort de Romainville et, toujours sous escorte brutale le petit camp de Neue Bremm.
   Là c'est un contact avec les cris et la brutalité.
   Préambule à ce qui allait suivre.

  Après quelques jours, nous quittons ce camp, entassées à 120 dans un wagon à bestiaux, portes plombées et barbelés aux lucarnes.   
   Il y fait chaud, les odeurs pestilentielles gênent la respiration comme le manque d'air.
   Nous avons faim et soif.
   Quatre jours, trois nuits.
   Quelle angoisse pour aller vers l'inconnu !
   Cet inconnu s'appelle Ravensbrück.
   Dès l'arrivée à la petite gare de Furssenberg, il faut se ranger
« zu fünf », mais chacune ne comprend pas que cela veut dire « par 5 ».
   Les hurlements gutturaux écorchent nos oreilles et nous font trembler de peur, le museau des chiens accrochés aux mollets, les coups de crosse de fusil, les coups de gourdin obligent à avancer.
   Voilà le portail du camp de Ravensbrück qui paraît nous écraser dès qu'on le franchit.
   Choc brutal !
   C'est un autre monde : des êtres faméliques, corps amaigris, les yeux creux, têtes tondues se traînent avec leurs guenilles.

   En quelques jours nous allons leur ressembler.
   Nous passons à la fouille, devons abandonner tout ce que nous possédons : bijoux, vêtements, médicaments, lunettes, chaussures.
   Ensuite, c'est la douche commune dans un immense hangar puis la désinfection.
   Habillées de guenilles quand il n'y a plus de tenues rayées.
   Nous sommes méconnaissables avec les cheveux tondus.
   La promiscuité est totale : les voleuses, les criminelles, les prostituées voisinent avec le professeur, l'infirmière, la religieuse.
   Ajoutons à cela la cacophonie des diverses langues.
   Jamais seule ! Jamais le silence !
   L'installation dans le bloc après un appel prolongé se fait sous les cris et les coups de gourdin de ces êtres abjects que sont tous ces SS qu'on ne peut considérer comme des hommes ou des femmes.
   Il faut chercher un châlit libre. On s'y blottit afin d'éviter la schlague. Quelle odeur !
   Les déportées qui s'y sont couchées précédemment ont laissé la trace de leur dysenterie, de leurs abcès purulents.
   La vermine y règne et s'empresse de se régaler d'un sang neuf.
   Quelquefois, nous y sommes à 2 ou 3, en cas de surnombre.
   Nous sommes affamées et maigrissons à vue d'œil, car les 200 grammes de pain et la très très maigre soupe, distribués en principe chaque jour, transforment nos corps en squelettes ambulants.
   Il faut cependant assister à tous les appels qui peuvent durer jusqu'à 5 à 6 heures par jour, quelquefois durant la nuit.
   Nous sommes dans un camp de mort lente, c'est-à-dire que nos bourreaux vont nous faire travailler avec ce qui nous reste de forces.
   Combien en sont mortes ! Casser des cailloux dans la carrière, travailler 12 heures de jour ou de nuit, pousser de lourds wagonnets est au-dessus de nos possibilités.
   Oui, nous sommes des esclaves, mais notre pensée reste libre, « ils » ne peuvent nous la prendre.
   Au cours des longs appels nous nous épaulons et essayons d'accrocher le moral.
   Il y avait des examens médicaux, toujours en présence des SS. Nues. Ils ricanaient.
   Toutes ces séances furent très pénibles. Je garde un souvenir douloureux d'une terrible humiliation, car devant ces êtres odieux, installées en position adéquate, il a fallu subir brutalement, méchamment, sans hygiène, une visite gynécologique !
   Je ne puis oublier les cris déchirants et les pleurs de petites filles tziganes que l'on séparait de leur maman pour les stériliser.
   Je ne dois pas taire la cruauté immonde appliquée dans les camps d'extermination, en particulier à Auschwitz-Birkenau où tant de familles juives ont souffert avant d'être exterminées.
   Entrer par la porte, sortir par la cheminée !
   Nous ne pouvons oublier. Une plaie profonde est toujours prête à saigner.
   Nous savons ce que vaut la vie et la Liberté
dont elle a besoin.
   Nous survivons pour passer un message.
   Merci, jeunes lauréats et professeurs de l'avoir compris.
   Merci aussi à cette jeune association d'anciens lauréats qui transmet la continuité et les valeurs de ce sacrifice.
   Si nous n'étions pas revenus, l'Histoire s'écrirait autrement.
   J'ai confiance en une belle jeunesse.

                                                                                                                                           Yvette LUNDY,
                                                                                                                                                                               Concours national de la Résistance et de la Déportation
                                                                                                                                                 Châlons-en-Champagne, 30 avril 2000


Yvette Lundy, devant le Monument aux martyrs de la Résistance de Reims
à l'issue de la cérémonie organisée le 26 septembre 2005
par l'Amicale des déportées de Ravensbrück


2006
Yvette Lundy et la mémoire du réseau d'évasion Possum

    Le 11 novembre 2006, Yvette LUNDY a participé à la conférence donnée par Jean-Pierre HUSSON à Fismes où s'était installé en 1943 dans le cadre de la Mission Martin l'équipe du commandant POTIER, chef du réseau Possum, un réseau d'évasion pour lequel Yvette LUNDY a accepté, malgré les grands risques encourus, d'héberger des aviateurs alliés en attente d'être exfiltrés vers l'Angleterre.

   Cette conférence organisée par le Ville de Fismes et les Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (AFMD-51), a été suivie d'un débat au cours duquel Yvette LUNDY a pu apporter son témoignage, et auquel ont également participé le commandant Philippe CONNART, chef du Service des Archives notariales au ministère de la Défense à Bruxelles, qui est le meilleur connaisseur de la partie belge du dossier Possum, Fred GREYER, le fils du commandant POTIER, venu de Londres,  Brigitte d'OULTREMONT, fille de Georges d'OULTREMONT qui a assuré l'intérim de POTIER à la tête de Possum, lorsque ce dernier a été rappelé à Londres, et d'Annette BIAZOT, fille de Gaston BIAZOT, membre du groupe de résistants belges qui a pris en charge POTIER lorsqu'il a été parachuté en Belgique pour y préparer la Mission Martin.

Yvette Lundy entourée des participants belges et britanniques
ainsi que du conférencier Jean-Pierre Husson


Histoire et mémoires des réseaux
Le réseau d'évasion Possum, une histoire douloureuse, une mémoire partagée


2009
Yvette Lundy et le film Liberté de Tony Gatlif

   En 2009, Yvette LUNDY, résistante-déportée marnaise, a inspiré le personnage de « Mademoiselle Lundi » dans le film Liberté sorti en salle le 24 février 2010 et réalisé par Tony GATLIF :

   J’ai écrit la première trame du scénario en un mois. Je me suis libéré du poids que je portais depuis longtemps. Tout est devenu clair lorsque j’ai compris que je ne pouvais raconter cette histoire qu’à travers deux Justes. Théodore, un maire et vétérinaire de village et Mlle Lundi, l’institutrice. Les deux personnages m’ont été inspirés de personnages qui ont existé : Théodore, le notaire qui a tenté de sauver Tolloche et sa famille, et Mlle Lundi d’après l’histoire vraie d’une institutrice Yvette Lundy, qui travaillait à Gionges dans la Marne. Résistante, elle fut arrêtée puis déportée. Elle m’a aidé à travailler toutes les scènes qui concernent son personnage et l’école.

   C'est par l'intermédiaire de Delphine MANTOULET, productrice du film, dont la famille est originaire de Gionges, village marnais où Yvette LUNDY était institutrice pendant la 2e guerre mondiale, que le réalisateur Tony GATLIF et l'actrice Marie-Josée CROZE ont rencontré Yvette LUNDY et ont été fortement impressionnés par sa personnalité.
    L'histoire relatée dans le film Liberté n'est pas directement celle d'Yvette LUNDY qui n'a pas eu l'occasion de protéger des tsiganes pendant la 2e guerre mondiale. Elle le dit elle-même : « Le film parle de choses semblables à ce que j'ai vécu, mais ce n'est pas mon histoire ».  Cependant son action résistante a inspiré le personnage de l'institutrice au point de lui donner le nom de « Mademoiselle Lundi ».

   Tony Gatlif et Delphine Mantoulet sont venus ici une journée, avec Marie-Josée Croze qui joue mon rôle. Ils m'ont filmée et ils ont enregistré toutes les paroles que je prononçais afin que l'actrice s'imprègne de ma personne. Je crois qu'elle l'a fait avec beaucoup de psychologie et de finesse d'esprit. J'ai surtout dit à Delphine Mantoulet que je ne voulais aucun mensonge. je n'ai jamais cahé de juifs, je ne leur ai fait que des faux papiers. Tony Gatlif s'est donc librement inspiré de mon histoire mais Marie-Josée Croze s'est imprégnée de moi avec beaucoup de psychologie. Quand je l'ai vue dans le film, je me suis dit : « Oui c'est comme ça, j'étais comme ça à l'époque ».


Dossier de presse du film Liberté
Fiche pédagogique


Jean-Luc FOURNIER
" Yvette Lundy à l'honneur au cinéma "
Le déporté pour la Liberté, n° 564, 2e trimestre 2010


2010
Le témoignage d'Yvette Lundy dans la revue Le Déporté pour la Liberté

   En février 2010, Yvette LUNDY a accepté de témoigner pour la revue de l'UNADIF-FNDIR Le Déporté pour la Liberté.

« Même si je suis quelquefois fatiguée, même si quelquefois c'est lourd...
Tant pis, tant pis ! Il faut y aller ; si on n'y va pas, il y aura assez de détracteurs après.

Il y en a déjà maintenant, il faut y aller. je n'arrêterai pas ! »


Octobre 2011
Le Collège d'Aÿ reçoit le nom d'Yvette Lundy

    Depuis 2011, le collège Les Bleuets d’Aÿ porte le nom d’Yvette LUNDY. La cérémonie de changement de nom s’est déroulée le 14 octobre 2011 en sa présence.

Le 14 octobre 2011, Madame Lundy et le sénateur René-Paul Savary,
président du Conseil général de la Marne,
dévoilent le « totem » d’entrée du collège portant le nom d’Yvette Lundy

Le Collège Yvette Lundy d'Aÿ

 

Décembre 2011
Le Fil de l'araignée
Présentation des mémoires d'Yvette Lundy à Épernay

    Yvette LUNDY a entrepris d’écrire ses mémoires avec la collaboration de Laurence BOISSON-BARBAROT, mémoires publiés sous le titre Le Fil de l’araignée. Itinéraire d’une résistante déportée marnaise. L’ouvrage a été officiellement présenté le 7 décembre 2011 dans les salons de l’Hôtel de Ville d’Épernay.

 

Yvettte Lundy entourée du préfet de région Michel Guillot, du sous-préfet Didier Loth,
du maire Franck Leroy et de Bruno Dupuis, coordonnateur mémoire de l'ONACVG


Yvette LUNDY,
avec la collaboration de Laurence BOISSON-BARBAROT,
Le Fil de l'araignée - Itinéraire d'une résistante déportée marnaise,
Book & Mystère, 2011

   La résistance, c'est d'abord un état d'esprit, les actes suivent. Mon idée de la résistance n'était pas de mourir en martyre sur l'autel de la France libérée, j'avais vingt ans et j'aimais trop la vie pour m'offrir en sacrifice. J'avais plutôt en tête de pourrir la vie de l'occupant autant qu'il nous la pourissait [...]
  
 Nous sommes dans un camp dit « de mort lente » : l'extermination se fait par l'usure et l'épuisement des forces vitales dans des tâches harassantes. Pendant douze heures, parfois plus, de jour et de nuit, nous nous brisons les reins à fendre des pierres meulières dans la carrière, nous poussons de lourds wagonnets jusqu'à ce que nos muscles tétanisés nous lâchent [...]
   
J'ai été écouté par des milliers d'enfants et d'adolescents, attentifs, émus, curieux, révoltés, jamais incrédules. Je leur dis : « Ne laissez jamais personne vous bourrer le crâne d'idées toutes faites ! Réfléchissez par vous mêmes avec votre tête et votre cœur ».
   Cela fait un demi-siècle que je vais au-devant des jeunes avec la même passion et le même leitmotiv : témoigner de ce qui a été pour que cela ne soit plus.
   J'ai quatre-vingt-quinze ans et même si j'ai encore bon pied bon oeil et un joyeux optimisme qui me fait dire parfois que « j'ai la vie devant moi », je sais que je ne pourrai pas continuer éternellement : je me suis attelée à l'écriture de cet ouvrage comme l'ultime étape de mon engagement pour la liberté.


2014
L'instinct de survie ! - Überleben, trotzdem !

   En 2014, à l'occasion du 60e anniversaire du jumelage entre Épernay et Ettlingen en République fédérale d'Allemagne, Yvette LUNDY est allée à la rencontre de jeunes des deux villes jumelées devant lesquels elle a témoigné et avec lesquels elle a dialogué.
   Depuis le 8 mai 2013, cinq jeunes Allemands d'Ettlingen et quatre jeunes Français d'Épernay ont échangé afin de préparer leur rencontre avec Yvette LUNDY à l'Hôtel de Ville d'Épernay, les 23 et 24 avril 2014.

Yvette Lundy au milieu des jeunes Français et Allemands
réunis à l'occasion du 60e anniversaire du jumelage entre les villes d'Épernay et d'Ettlingen

( Photo Hauns, Patrik A. )

   De cette rencontre est né un ouvrage bilingue français-allemand édité par les deux villes d'Épernay et de Ettlingen en 2015, accompagné d'un dévédé-vidéo.


2015
Yvette Lundy sur le site Les Résistances de France 3

   En 2015, Yvette LUNDY a témoigné dans un petit film documentaire de 12 minutes 36, Protéger et cacher, une Marnaise dans la Résistance, réalisé par France3-TV pour son site « Les Résistances - La désobéissance est le plus sage des devoirs ».


Les Résistances - Des Ardennes au Jura 
Doc N° 5 - 01 Les films longs

Site de France3-TV


2016
Le centième anniversaire d'Yvette Lundy

   À l'occasion de son centième anniversaire, de nombreuses manifestations ont été organisées dans la Marne en avril, mai et juin 2016 pour rendre hommage à Yvette LUNDY.


Yvette Lundy fête ses 100 ans :
« Je n'ai pas vu le temps passé »

France bleu Champagne-Ardenne
18 avril 2016


" La vie hors-norme d'une résistante.
Yvette Lundy fête ses 100 ans "

France 3 Champagne-Ardenne
20 avril 2016


Résistante et déportée marnaise,
Yvette Lundy fête ses cents ans

L'Union, 22 avril 2016


27 avril 2016
Hommage de la commune d'Oger où Yvette Lundy est née

    Le 27 avril 2016, dans la commmune d'Oger où elle est née, a été inauguré le Jardin Yvette Lundy, en présence de Rose-Marie ANTOINE, directrice générale de l'ONACVG ( Office national des anciens combattants et victimes de guerre ), de Denis CONUS, préfet de la Marne, et de Pascal DESAUTELS, maire d'Oger et conseiller départemental du canton de Vertus-Plaine Champenoise.

     Tout au long de cette inauguration qui s'est déroulée devant la mairie d'Oger, puis dans la Salle des fêtes de la commune où ont été prononcés plusieurs discours, Yvette LUNDY est restée debout.

et d

Yvette Lundy entourée de Rose-Marie Antoine, directrice général de l'ONACVG
et de Denis Conus, préfet de la Marne

Le Jardin Yvette Lundy à Oger

Jardin Yvette LUNDY
Résistante- Déportée
née à Oger le 22 avril 1916


  
 Yvette Lundy au milieu des enfants des classes de CE1 et CE2 de l'école de Chouilly
qui venaient de chanter pour elle Le Chant des partisans et La Marseillaise

accompagnés par l'harmonie municipale

Pascal Desautels, maire d'Oger

   […] Vous avez , très chère Yvette, traversé toutes les folies et connu tous les espoirs : les deux guerres mondiales, la Résistance, la déportation et son lot indescriptible de souffrances, puis l'engagement citoyen, un engagement pour faire savoir au travers de milliers de témoignages, à ceux qui ne savaient pas, à quel point l'homme peut être cruel et combien la liberté doit être protégée par chacun d'entre nous.
   L'actualité, bien malheureusement, nous rappelle chaque jour combien la paix et la liberté sont fragiles et nécessitent la vigilance particulière de chacun, une actualité qui nous rappelle toute l'importance de la transmission de la mémoire comme outil de la construction de l'avenir.
   Pour vous Yvette, et pour tous ceux qui témoignent depuis 70 ans, ceux-là même dont le destin a contribué à changer l'Histoire de l’Europe et du Monde, n’oublions pas ! N’oublions pas ceux qui ont par leur sang contribué à créer nos conditions actuelles de Paix.
C'est la Grande Guerre qui a fait de vous une Ogiate; vos parents agriculteurs à Beine sont en effet contraints de fuir leur village situé alors sur la ligne de front. Ils trouvent refuge à Oger où vous naissez le 22 avril 1916.
   Après la Grande Guerre, votre famille retourne à Beine-Nauroy mais une fois votre diplôme d'institutrice décroché, c'est à Gionges que vous prenez vos fonctions au service non seulement des élèves du secteur mais également de la mairie dont vous devenez la secrétaire.
   C'est la Seconde Guerre mondiale qui a fait de vous la femme fière, libre et déterminée que nous connaissons aujourd'hui.
Un témoin, Yvette, vous êtes un témoin du 20e siècle, un témoin précieux de la folie de l'homme. Mais par-delà vous êtes également un témoin de ce que le courage et l'envie de vivre, l'envie de vivre libre peuvent apporter comme force pour ne jamais céder. Et en cela vous êtes un exemple pour chacun d'entre nous.
   Chère Yvette, je garde en mémoire cette phrase de votre ouvrage-témoignage Le fil de l'araignée: « Nous savons ce que vaut la vie et la Liberté dont elle a besoin. Nous survivons pour passer un message ». Ces quelques mots définissent parfaitement la force qui vous caractérise et votre engagement auprès des milliers de personnes, et notamment de jeunes, auxquels vous avez raconté inlassablement, raconté la Résistance, raconté les camps, raconté le poids de la douleur, de la peur, raconté encore et encore.
   Yvette, parce que vous avez voué votre vie à la transmission de la mémoire et pour vous témoigner à la fois notre affection sincère et notre reconnaissance profonde, nous avons souhaité baptiser ce jardin « Yvette Lundy », et sommes très fiers que vous ayez accepté. Si cela semble aujourd'hui très symbolique, dès demain il participera au travail de mémoire et de transmission pour lequel vous avez tant œuvré.  

                                                                                                                                                                                                                                         Pascal DESAUTELS,
                                                                                                                                                                                                                                                maire d’Oger      
  

L'hommage de la directrice générale de l'ONACVG à Yvette Lundy,
entourée du préfet de la Marne et du maire d'Oger

         Madame Lundy, Chère Yvette,
   Je suis très heureuse d’être ici avec vous, avec votre famille, avec les habitants d’Oger, votre commune de naissance, avec les enfants de l’école de Chouilly, avec les Marnais en général, afin de célébrer votre siècle d’existence.
   Car vous êtes une enfant du siècle précédent, un siècle de guerres et de souffrances.
   Une enfant de la Grande Guerre car votre naissance à Oger est d’abord une conséquence de la guerre. Cette Première Guerre mondiale qui a ravagé votre village de Beine-Nauroy et la ferme de vos parents. Votre mère est malheureusement disparue trop tôt au sortir de la guerre. Votre père et l’ensemble de votre famille vous ont alors entouré de tout leur amour en même temps qu’il participait activement à la reconstruction. La reconstruction, cet épisode oublié de notre Histoire. Un épisode important pour la Marne et qui mérite toute notre attention.
   Une enfant de la Seconde Guerre mondiale évidemment. L’exode, à vélo pour vous qui traversez la France pour retrouver votre famille. L’occupation que vous rejetez dès votre première rencontre avec les soldats allemands. Déjà un pas dans la résistance. La Résistance, radio Londres, des actes de tous les jours, ce « Vive de Gaulle » jeté à la figure des soldats allemands dans votre salle de cours, puis le réseau Possum. Votre mission : réaliser des cartes d’identité et des cartes d’alimentation pour les réfugiés, les prisonniers évadés, les Juifs, les réfractaires du S.T.O. Mais aussi les accueillir. La Résistance, une affaire de famille. Votre frère André résiste dans le Quercy. Votre autre frère Georges et votre Sœur Berthe à Beine-Nauroy, eux aussi au sein du réseau Possum, Lucien dans les Ardennes, René en tant qu’agent de liaison, Marguerite et son mari, Emile, qui transportent des clandestins dans leur ambulance.
   Quelle famille !
   Un engagement malheureusement marqué par les arrestations de Berthe, de Georges et de Lucien. Comme vous, Georges et Lucien connaîtront la déportation mais Georges n’en reviendra pas.
   Cette déportation qui a marqué votre existence à tout jamais. Ravensbrück ce camp de la mort lente où vous et vos camarades vous subissez la faim, le froid, les violences en tout genre, la mort au quotidien.
   De tout cela, vous avez mis du temps à parler, comme tant d’autres.
   C’est là le deuxième combat de votre vie, après la Résistance et la survie à l’enfer concentrationnaire.
   Et quel combat ! Depuis des années, vous parcourez inlassablement les établissements scolaires de toute la région, expliquant votre parcours, décrivant vos souffrances et celles de votre famille, racontant méthodiquement votre terrible expérience. Vous êtes un témoin capital investi depuis 1958 dans le Concours national de la Résistance et de la Déportation. Investi également depuis des années dans le monde combattant, au sein d’associations et de l’ONACVG.
   Une dame de 100 ans qui il y a deux ans encore foulait la pelouse du stade de Reims pour promouvoir le Bleuet de France et qui recevait les hommages du public. Une dame de 100 ans au service des autres.
   Je sais que votre humilité vous demandera de nous remercier aujourd’hui pour cette cérémonie.
   Je voudrais vous en dispenser, car c’est d’avantage nous qui devons vous remercier. Pour votre engagement, pour votre courage, pour votre exemplarité, pour votre pédagogie, pour votre optimisme sans faille.

                                                                                                                                                                                                                            Rose-Marie ANTOINE,     
                                                                                                                                                                                                             directrice générale de l'ONACVG
  

 

« Il ne faut pas mentir, il ne faut pas tricher.
Quand on est témoin de quelque chose,
on doit dire haut et fort :
" J’ai vu, je l’ai vécu ".
Sinon, on ne dit rien. »


12 mai 2016
Hommage du Collège d'Aÿ qui porte le nom d'Yvette Lundy

  Le 12 mai 2016, le Collège d'Aÿ qui porte son nom a rendu un vibrant hommage à Yvette LUNDY.

Fabienne Dherse, professeur d'histoire, accueille Madame Lundy dans la salle multimédia

Madame Bonnet, directrice du collège et Madame Lundy

   Professeurs et élèves avaient préparé à son intention des poèmes, des dessins, des scénettes, des chants et des vidéos qui lui ont été présentés avec beaucoup de chaleur. Poèmes et dessins d'élèves avaient été rassemblés dans un Livre d'Or qui lui a été remis par Madame BONNET, chef d'établissement.

Madame Bonnet remet le Livre d'Or à Madame Lundy



Le Livre d'Or
À télécharger au format PDF 11,9 Mo



Yvette Lundy remercie les élèves et leurs professeurs

 

     Je suis profondément émue, sensible et touchée par cette fête à laquelle je ne m’attendais pas... avec tant de sentiment, de gentillesse et de souvenir. J’admire toute cette jeunesse qui a parlé et qui s’est manifestée avec son cœur, avec joie et sentiment.
    Je voudrais dire merci du cœur. Ce n’est pas un merci qui s’écrit en lettres, mais c’est un merci du cœur. C’est mon cœur qui vous dit merci. Je suis bouleversée, émue. Et si vous saviez ce que cela me rend confiance, courage.
    Je ne pourrai plus témoigner, et c’est bien dommage, mais je sais que ce témoignage a porté ses fruits... vous en êtes la preuve vivante... et les fruits du témoignage, c’est l’amour de la paix et la tolérance.
    Avec la tolérance, on est en paix, et avec la paix, on tolère tout le monde. C’est la meilleure chose que je puisse souhaiter et l’image aussi de la vérité, parce que je peux affirmer en toute conscience, que dans tous mes témoignages, je n’ai jamais affabulé. J’ai dit la vérité toute simple, quelquefois terre à terre, mais la vérité elle est telle quelle …. j’ai dit la vérité, c’est ma force... et comme je parle depuis 1959, je puis affirmer que jamais quelqu’un ne m’a dit que j’avais dit une chose fausse. J’en ai oublié c’est forcé, mais j’ai toujours dit ce que j’avais vu, ce que j’avais vécu. En toute conscience, et vous l’avez reçu.
   Je vous remercie tous pour cette atmosphère chaleureuse, vibrante, émouvante. Vous vous êtes manifestés autour de moi avec une puissance qui me ragaillardit. D’un seul coup je perds mes deux zéros de cent ans […]. Merci à chacun de vous.
   Je veux dire merci aussi parce que les préparatifs ne se sont pas fait seuls. Les divers professeurs ont apporté chacun leur ténacité, leur capacité, et les enfants ont très bien suivi dans un esprit que j’ai toujours trouvé à Aÿ… d’une force psychologique... c’est un tout, on ne trouve pas de faille, on ne trébuche pas, on va droit vers la vérité et vers l’action.
   Madame la directrice, Mesdames, Messieurs, c’est tout à votre honneur d’avoir su garder cette puissance de réalisme historique. Merci.
   Je ne peux pas vous embrasser tous mais le cœur y est. Je souhaite beaucoup de bonnes choses et de réussite scolaire pour vous les jeunes. La réussite elle vient quand on travaille. Et surtout, il y a un point sur lequel j’insiste toujours : si vous êtes témoins, soyez témoins, soyez les témoins de ce que vous avez vu, de ce que vous avez entendu, et sachez dire « je ne sais pas » si vous ne savez pas, parce que un faux-témoin peut créer des drames. Donc témoin, c’est la vérité.
   Dans la vie, tenez-vous droits dans vos bottes, ne soyez pas un macaroni cuit, tenez-vous droits dans vos bottes avec votre franchise, votre vérité et votre courage.
    Merci d’être si nombreux.
   Je vous embrasse tous

                                                                                                                                                                                                                                               Yvette LUNDY    


Yvette Lundy souffle les bougies de son gateau d'anniversaire

Yvette Lundy photographiée au milieu des élèves du collège
lauréats du Concours 2016 de la Résistance et de la Déportation
avec leur professeur Fabienne Dherse

 

 


29 mai 2016
Hommage de la Ville d'Epernay où Yvette Lundy résidait

   Le 27 mai 2016, la Ville d'Epernay a reçu Yvette LUNDY dans les salons de l'Hôtel de Ville où le maire, Franck LEROY, lui a rendu un vibrant hommage et lui a remis la médaille de la Ville d'Epernay.

   Nous avons tous notre propre destin. Comment qualifier le vôtre, si ce n'est que constater qu'il ne vous a rien épargné mais qu'il a fait de vous un modèle et une force de la nature. Votre caractère, votre courage et les épreuves personnelles que vous avez surmontées forcent le respect et l'admiration de tous. Je crois pouvoir dire que si nous sommes réunis, ici, aujourd'hui, c'est aussi parce que vous n'êtes pas une femme comme les autres et, de ce fait, vous n'êtes pas une centenaire comme les autres !
    Née en plein cœur de la première guerre mondiale, vous ne gardez pas de souvenir de cette époque. Mais vous avez grandi au cœur de cette période charnière de l'histoire de l'Europe que constitue l'entre-deux-guerres. La seconde guerre mondiale débute alors que vous avez 23 ans. Vous êtes institutrice et secrétaire de mairie à Gionges. C'est durant les premières années de la guerre que vous devenez résistante.
   Vous fournissez des faux-papiers et des cartes d'alimentation, vous hébergez des réfractaires au STO et vous êtes proche du réseau Possum, réseau clandestin d'évasion chargé d'exfiltrer les pilotes alliés tombés en territoire occupé.
   À un poste stratégique dans votre commune, vous faites partie des nombreux fonctionnaires qui ont usé de leur position pour résister et servir l'intérêt du pays face à l'occupant.
   Ces actes héroïques vous ont coûté votre liberté et de belles années de votre jeunesse. Mais c'est également ce qui a fait de vous une femme unique et respectée de tous.
   Arrêtée à Gionges en juin 1944, vous êtes interrogées à Châlons-en­ Champagne. Au cours de ces interrogatoires, vous protégez vos frères et sœurs en vous déclarant fille unique.
   Vous  êtes  finalement déportée,  en tant  que  résistante et  menée  au camp de Ravensbrück tout comme environ 130 000 femmes durant la guerre. Ce camp était réservé uniquement aux femmes et à quelques enfants. C'était un « camp de la mort lente »  où les prisonniers étaient exterminés à force de travail, de privations et de mauvais traitements. Vous direz que la seule liberté que les détenues pouvaient entrevoir était la mort ! 90 000 femmes n'y ont pas survécu.
   De votre propre aveu, vous avez été sauvée en étant affectée au Kommando de Schlieben dépendant du camp de Buchenwald. Celui-ci avait pour mission de fabriquer des  armes  antichar mais  les  conditions de  vie  y étaient moins difficiles.
Votre  tempérament  de  résistante  ne  vous a jamais  quittée  puisque lorsque les gardes avaient le dos tourné, vous n'hésitiez pas à ne remplir qu'à moitié les cartouches et les caisses qui étaient expédiées sur les champs de bataille. Quel courage !
   Vous avez été libérée le 21 avril 1945, et vous avez retrouvé la France le 8 mai suivant. J'ai une pensée émue en imaginant les sentiments qui se sont emparés de vous lorsque vous avez reposé le pied en France libre après tant de souffrances.
   Il vous a été particulièrement difficile d'exprimer vos sentiments après ces épreuves. Mais  le  temps a  fait son œuvre et  vous  avez  pu  témoigner comme vous aimez le dire et l'écrire pour « que rien de cela n'ait été vain ». C'est avec une énergie sans fin que vous avez transmis votre histoire et les leçons qui l'accompagnent. Pour que les jeunes générations n'oublient rien et que les sceptiques se taisent [...] Cette jeunesse vous en avez  été particulièrement proche. D'abord grâce à  votre métier mais aussi parce que c'est vers elle, en particulier, que vous avez orienté vos témoignages.

   Vous nous avez marqués, en tant que Français, mais vos témoignages et votre énergie ont également marqué nos amis allemands. Ceux qui ont été vos ennemis, vous sont aujourd'hui reconnaissants et l'Europe divisée que vous avez connue, ne l'est plus désormais. À ce titre, Johannes ARNOLD, Maire d'Ettlingen [ville jumelée avec la ville d'Epernay ],  a souhaité que je lise une lettre qu'il m'a adressée spontanément pour votre anniversaire :

   «  Chère Madame LUNDY, Au nom de la Ville d'Ettlingen, son Conseil municipal,  ses  citoyens  et  surtout  au  nom  de  la  jeune  génération d'Ettlingen  je  vous  présente  nos  félicitations  sincères,  notre  grand respect et notre amitié profonde lors de votre 100e anniversaire.
   J'ajoute    un   remerciement   particulier   à   vous,   Mme   LUNDY,  pour l'exemple que vous nous avez donné, vous qui avez vécu tout un siècle, supporté des atrocités, vous qui n'avez jamais perdu l'espoir et vous qui avez été prête à vous investir avec des jeunes d'Epernay et d'Ettlingen dans un projet de livre qui a été publié il y a un an.
   Nous sommes heureux de vous connaÎtre, nous sommes fiers de pouvoir vous mettre au nombre des amis du jumelage entre Epernay et Ettlingen. Vous incarnez pour nous des valeurs fondamentales de l'humanité.
   Votre opinion, vos expériences  nous seront toujours chers : plus jamais de guerre entre nos deux peuples, la réconciliation est la base de l'amitié entre les hommes et les peuples, il faut cultiver un esprit de paix partout et tous  les  jours  et il  n'y  a pas  d'alternative  à  une  Europe  unie,  car l'Europe  est  garante  de  la  paix  et  de  notre  avenir.  Je  suis  heureux Madame Lundy que nous soyons amis.
   Ettlingen  s'incline  devant  vous,  devant  votre  enthousiasme   pour  la jeunesse et pour la paix. Merci Mme LUNDY de nous montrer la grande valeur du pardon. »

    Ce texte est émouvant et éclatant de sincérité et de respect [...]

   Voilà ce que l'on peut accomplir  en 100 ans. Combattre  pour vivre libre, puis construire et partager un monde de paix et d'amitié, un monde où la tolérance et la fraternité doivent triompher du sectarisme, de la haine et du repli sur soi. Toute votre vie vous avez mené ce combat, sans relâche, en souvenir de toutes celles et de tous ceux qui combattants, résistants, déportés et civils ont perdu la vie au cours de ces années noires. Cet engagement au service du devoir de mémoire, ce combat pour  la paix et la réconciliation, vous vaut aujourd'hui notre reconnaissance éternelle.

                                                                                                                                                                                                                                           Franck LEROY,     
                                                                                                                                                                                                                                           maire d'Epernay  

   


2 juin 2016
Hommage de la commune de Gionges

   Le 2 juin 2016, la commune de Gionges où elle exerçait les fonctions d'institutrice et de secrétaire de mairie pendant la 2e guerre mondiale, et où elle a été arrêtée par la Gestapo le 19 juin 1944, commune où elle a été institutrice et secrétaire de mairie, a rendu hommage à Yvette LUNDY.
  Elle y a été reçue et accueillie par le maire de Gionges, Michel ANQUET, et plusieurs de ses anciens élèves, Bernadette, Mariette, Simone Françoise, Marc, dans la salle de classe et où elle a été arrêtée par la Police allemande le 19 juin 1944, qui est devenue la salle du conseil municipal, baptisée en 2012 « Salle Yvette LUNDY ».

Michel Anquet, maire de Gionges
introduit Yvette Lundy dans la salle du conseil




   J’entre avec beaucoup d’émotion dans cet espace. Vous m’accueillez gentiment et moi ça fait toc toc, avec tous les souvenirs qui sont attachés à ma vie à Gionges.
   Je salue chacun de vous avec beaucoup de sentiments d’amitié.
   Merci Monsieur le maire d’avoir tout organisé
.
                                                                                                                                                                                                                                                Yvette LUNDY

   Après lui avoir rendu hommage, Michel ANQUET a remis à Yvette LUNDY un brevet de citoyenne d'honneur de Gionges ainsi qu'une médaille de la commune.

      Madame Lundy,

   100 ans déjà que dire de plus… Nous savons tous que c’est à Gionges que votre histoire a commencé. C’est ici dans cette pièce, ici où se trouve toujours votre bureau d’institutrice, ici que  vous avez été arrêtée par la Gestapo le 19 juin 1944 à 15 heures 45. C’est ici que votre calvaire a débuté.
   Heureusement vous êtes revenue saine et sauve et vous avez, après toutes ces épreuves, mesuré les vraies valeurs de la vie. Vous avez su nous transmettre votre histoire en publiant un livre, en intervenant dans les écoles, pour entretenir la mémoire de ceux qui ne sont pas revenus.
   Ainsi le conseil municipal a souhaité vous rendre hommage et vous remercier de tous vos enseignements.
   Nous l’avons déjà fait en donnant votre nom à notre salle de conseil, mais aujourd’hui la place de la mairie portera aussi votre nom.
  Je ne suis pas en mesure, votre vie a été si intense, de retracer toutes vos aventures heureuses ou malheureuses. Mes collègues l’ont fait au cours des dernières semaines.
   Je suis fier aujourd’hui de prononcer ce petit discours en votre honneur.
   Vous m’avez inculqué des valeurs que je n’oublierai jamais en tant qu’homme, en tant que maire de Gionges.
  Permettez-moi de vous remettre cette distinction de citoyenne d’honneur de Gionges.
  Merci pour tout.

                                                                                                                                                                                                                                           Michel ANQUET,    
                                                                                                                                                                                                                                          maire de Gionges 
    

 

 

 

   

      Monsieur le Maire,

   Je suis très touchée, bouleversée par vos propos qui sentent une amitié sincère, pleine de souvenirs. Pour moi, cela me rappelle bien des moments. Être dans cette salle est une émotion que peu de personnes ont la chance d’avoir, où on est très entourée d’anciennes connaissances… des noms que je ne peux pas toujours remettre, mais qui me reconnaissent.
   Merci à vous Monseur le Maire. Merci à toutes les personnes de Gionges et à toutes les personnes présentes.
   Je ne sais pas s’il y a beaucoup de personnes qui peuvent avoir la chance que me procurent des réunions comme celle-ci, sincères, spontanées, avec tant de souvenirs, cela met du baume au cœur. Cela rajeunit tout en étant très âgée, et ça donne un sens à ma vie. La vie vaut la peine d’être vécue, même s’il y a des moments douloureux J’ai été arrêtée ici. Il y avait ici le couloir qui conduisait à mon petit appartement. J’ouvre donc la porte et je vois trois types qui sont entrés. « Bonjour messieurs. Si vous voulez voir Monsieur le maire il n’est pas là. Voulez-vous me montrer votre carte d’identité, parce que vous êtes à la mairie ». La carte d’identité, c’était le pétard dans la main. Ah bon ! J’ai compris. J’ai eu l’air idiote, mais dans des moments comme ça, vaut mieux avoir l’air idiot que trop malin… ce qui m’a permis de survivre, et j’en suis fort aise, puisque je suis ici, très entourée, avec beaucoup de gentillesse, avec beaucoup de souvenirs.

   Merci à chacun de vous.
                                                                                                                                                                                                                                                Yvette LUNDY

    Yvette LUNDY a ensuite été invitée à dévoiler la plaque apposée Place de la mairie qui porte désormais son nom.


   Au cours du verre de l'amitié qui a clôturé la cérémonie, Marc, son ancien élève, a remis à Yvette LUNDY un cadre rassemblant des photographies de l'inauguration en 2012 de la « Salle Yvettte Lundy ».




20 juin 2016
Hommage de la commune de Beine-Nauroy, berceau de la famille Lundy

    Le 20 juin 2016, en présence de Patrick NAUDIN, sous-préfet d'Épernay représentant le préfet de la Marne, et de Julien FARGETTAS, directeur du service départemental de l'ONACVG, la commune de Beine-Nauroy, berceau de la famille Lundy, a rendu un émouvant hommage à Yvette LUNDY et à son frère Georges LUNDY, mort en déportation, en inaugurant une plaque apposée à l'entrée de la Bibliothèque municipale qui porte désormais leurs noms.

   C’est un grand honneur pour notre commune de Beine-Nauroy, de vous accueillir, chère Madame Lundy, entourée de votre famille, d’amis, de personnes admiratives de ce que vous êtes, de ce que vous avez fait et de ce que vous faites encore aujourd’hui.
   Vos parents, Valentine et Jules, étaient agriculteurs à Beine-Nauroy rue de la République. Suite à la déclaration  de la Première Guerre mondiale, ils migrent jusqu’à Oger, village où vous voyez le jour le 22 avril 1916. Vous êtes la dernière d’une famille de 7 enfants, René, Lucien, Georges, André, Berthe et Marguerite, vos frères et sœurs.
   De retour à Beine à l’automne 1919, vous aviez 3 ans. L’état de délabrement de la ferme était tel qu’il fut difficile de la reconnaitre. Chaque membre de la famille s’attela au dur labeur de sa reconstruction.  Malgré les conditions de vie précaires et insalubres, Valentine s’efforça d’assurer les besoins vitaux, l’essentiel, mais l’épuisement aussi bien physique que moral l’emporta. Veuf, votre père assura les fonctions familiales, professionnelles avec le soutien de  vos frères et sœurs et de votre grand-mère. Cette force vive qui l’habite le motive même à servir l’intérêt général. Il s’engage  dans la vie communale en créant le corps des sapeurs-pompiers de Beine et la coopérative de reconstruction du village. Vous en parlez encore aujourd’hui avec beaucoup d’admiration.
   Vous obtenez votre brevet supérieur en 1936. Après vos études, vous êtes nommée institutrice à Gionges où vous exercez aussi comme secrétaire de mairie.
   Avec l’entrée de la France dans la Seconde Guerre mondiale, vos frères sont mobilisés. L’inquiétude grandit. De nouveau, l’exode et la crainte pour votre père de voir tous ses efforts de reconstruction réduits à néant au point qu’il en tombe malade.
En octobre 1940, suite au décès de votre père, Georges démobilisé reprend la ferme avec le soutien de Berthe. La période d’occupation compte tenu du rationnement, des réquisitions, des interdictions, est difficile. Mais vous n’hésitez pas à travers les actes du quotidien à entrer en résistance jusqu’à intégrer le réseau d’évasion Possum.
   Arrêtée en juin 1944 à Gionges, sur dénonciation, vous avez vécu la prison au siège de la Gestapo à Châlons-sur-Marne, enduré les camps de concentration avec les conditions de détention épouvantables. Quatre autres membres de votre famille seront également arrêtés. Georges subira des conditions de détention et d’interrogatoires atroces au point qu’il n’y survivra pas. Cette nouvelle vous affectera énormément. Dans votre livre Le Fil de l’araignée, vous décrivez les horreurs des camps, mais aussi les liens d’amitiés créés, les moments de soutien,  de rigolade, l’énergie que vous avez pu transmettre pour supporter ensemble ces conditions. Libérée par l’Armée rouge en avril 1945, vous rejoignez la France par vos propres moyens. Nouveau périple, nouvelles galères.
   Les valeurs que votre père vous a transmises telles que l’altruisme, l’amour, la liberté, le sens des responsabilités vous ont permis de vous engager et d’affronter la réalité. Cet état d’esprit qui vous habite est  l’ADN de votre famille.
   Pour ne pas oublier, pour ces membres et amis disparus, vous avez fait de votre témoignage un devoir  de transmission des valeurs de la résistance et de la mémoire de la déportation auprès des jeunes générations.
   Merci Madame Lundy pour ce témoignage, pour votre engagement, votre joie de vivre et pour cette leçon de vie que vous nous donnez.
   Votre centième anniversaire est l’occasion pour notre commune de faire honneur à votre engagement et de rendre hommage à  votre frère Georges.
   C’est pourquoi, avec votre accord, le conseil municipal a souhaité prolonger votre travail de mémoire  en nommant  notre bibliothèque municipale  « Bibliothèque municipale Georges et Yvette Lundy ».

                                                                                                                                                                                                                                      Catherine RENARD,   
                                                                                                                                                                                                                                     maire de Beine-Nauroy 

 

    Je vous remercie pour votre aimable accueil. […]  C’est pour moi une très grande émotion que de me trouver ici aujourd’hui dans cet espace où je suis venue à l’école. Là c’était la cour de récréation, et pour l’instant je remarque tous ces jeunes…c’est une cour de sagesse et je vous en félicite.
    Merci à toutes les personnes présentes.

Yvette LUNDY       

   Les enfants de Beine-Nauroy ont chanté « On n'a pas tous les jours 100 ans, chanson revue et corrigée pour Yvette Lundy ».  

   À l'occasion de cette inauguration, Jenny MONGROLLE responsable de la bibliothèque, a rassemblé des photographies et des documents relatant l'histoire de la famille LUNDY et son engagement dans la Résistance.

    Un album rassemblant des dessins des enfants de Beine-Nauroy a été offert à Yvette LUNDY.

      La cérémonie s'est achevée 19, rue de la République où se dresse la ferme familiale et où une gerbe a été déposée au pied de la plaque commémorative qui honore la mémoire de Georges LUNDY, mort en déportation.

 


    La famille VERZEAUX qui a repris la ferme en 1946, après la mort en déportation de Georges, a rendu un émouvant hommage à la famille LUNDY avec laquelle elle a tissé des liens très forts et dont elle perpétue le souvenir à Beine-Nauroy.

      Chère Madame Lundy,

   Bienvenue au 19 rue de la République.
   Le conseil municipal a souhaité vous rendre hommage dans cette ferme qui appartenait à vos parents. Cette maison où vous avez passé votre jeunesse fut habitée successivement par mes grands-parents qui nous ont quittés et mes parents, ici présents. Depuis novembre 2011, c’est notre tour et désormais ce sont les rires de nos trois enfants qui résonnent dans la cour.
Nos familles se succèdent tous unis par des liens forts.
   Le lien c’est d’abord cette maison et ses dépendances. Au sortir de la 1ère guerre mondiale en 1919, le retour sur Beine marque à tout jamais vos trois ans. Vous ne retrouvez que les deux bornes dressées devant la porte-cochère, seuls vestiges reconnaissables. Votre père, Jules Lundy, président de la coopérative de reconstruction, mène avec énergie les travaux aidé par l’architecte Dubouillon. Au départ vous vivez dans des baraquements en bois, en attendant la reconstruction complète en 1923. Votre père souhaite pouvoir circuler complètement à l’abri entre la maison et les dépendances. Nous profitons encore aujourd’hui de cette organisation fonctionnelle. Pour l’époque, la maison est d’un confort rare avec le chauffage central, l’électricité et l’eau chaude. Les radiateurs des années 1920 sont toujours opérationnels et font l’admiration de nos hôtes.
   L’autre lien qui nous unit c’est l’agriculture. Vos parents étaient agriculteurs. Seules les productions ont évolué. Ils élevaient des vaches, des poules, des lapins, et remettaient en état les champs ravagés par la 1ère guerre mondiale. L’auge pour les chevaux est toujours présente. Mon grand-père arrive en 1946 et y élève des moutons. Il met petit à petit en culture les pâtures et les friches qui composent le paysage local. Il rebouche les trous d’obus et les tranchées. Il défriche les sapins. C’est le développement de la mécanisation avec l’arrivée des premiers tracteurs. Puis mon père poursuit les évolutions à partir de 1980 en agrandissant les bâtiments pour s’adapter au matériel grandissant. Il développe de nouvelles productions, bovins à viande, oignons, carottes notamment. Quant à moi, j’intègre l’exploitation en 2011. Je continue de faire évoluer l’exploitation, avide de nouveautés, d’innovations et passionné de nouvelles technologies. En 70 ans, nous sommes ainsi passés du cheval au satellite. Que de chemin parcouru !
   Enfin, nous sommes liés par l’Histoire avec un grand H. Nos familles conservent des liens forts, font perdurer le souvenir, conscients de l’importance du devoir de mémoire. Tous les ans à l’occasion du 8 mai, nous sortons le drapeau. Notre maison est fleurie par la commune. Cette cérémonie permet de se remémorer et de saluer l’engagement de votre frère Georges dans la Résistance. Mais pour les souvenirs, je vais plutôt laisser la parole à mon père ».

                                                                                                                                                                                                                                      Benjamin VERZEAUX 

   Nous sommes en effet liés par l’Histoire. Mon père Paul Verzeaux, qui a vécu cinq ans en captivité en Allemagne, nous a transmis une grande sensibilité sur cette période noire de l’histoire et un grand respect pour la famille Lundy forcément éprouvée par la perte d’un être cher, Georges. Nous nous recevions réciproquement chaque année avec la famille de René Lundy, votre frère aîné, ici à Beine-Nauroy, et dont le fils Pierre est présent parmi nous. Nous étions très honorés de la visite de nombreux frères et sœurs de toute la famille lors de leur passage dans leur village natal, et très intéressés aussi par les récits de leurs souvenirs et des actes de résistance de la famille Lundy face à l’occupant.
   Chaque année, lors des cérémonies du 8 mai, la maison est fleurie par la commune afin de garder en mémoire l’engagement de votre frère Georges dans la Résistance. Nous sommes ô combien reconnaissants auprès de vous et de votre famille pour cet héritage chargé d’histoire, pour votre engagement sans bornes pour défendre une cause juste,
à savoir notre souveraineté et notre liberté.
   Puissions-nous par votre exemple, par notre exemple, transmettre ces valeurs à nos enfants
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Jean-Pol VERZEAUX    

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