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18 Juin
Journée nationale commémorative de l'appel historique du général de Gaulle
à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l'ennemi

Une commémoration célébrée depuis la Libération
et institutionnalisée en 2006

L'Appel du 18 juin 1940

L'appel « À tous les Français » d'août 1940

Des appels répétés, peu entendus dans l'immédiat
mais d'une grande portée historique

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Une commémoration célébrée depuis la Libération et institutionnalisée en 2006

   Depuis la Libération, l'Appel du 18 juin 1940 est commémoré chaque année par les Français libres et les associations de Résistance qui vont se recueillir devant les monuments aux morts et les mémoriaux érigés au lendemain de la Seconde Guerre mondiale à la mémoire des martyrs de la Résistance, au Mont Valérien à Suresnes et dans la plupart des villes françaises.

Monument aux morts de la ville de Reims

.

Mémorial aux martyrs de la Résistance de Reims

   Le 19 mars 2006 a été publié au Journal Officiel  n° 67 un décret instituant le 18 juin " Journée nationale commémorative de l'appel historique du général de Gaulle à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l'ennemi ".

Décret n° 2006-313 du 10 mars 2006 instituant le 18 juin de chaque année
une Journée nationale commémorative de l'appel historique du général de Gaulle
à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l'ennemi

NOR : DEFD0600178D

  Le Président de la République,

  Sur le rapport du Premier ministre, de la ministre de la défense et du ministre délégué aux anciens combattants,

Vu l'article 37 de la Constitution ;

Vu l'ordonnance n° 7 du 16 novembre 1940 ;

Vu l'ordonnance n° 45-1779 du 10 août 1945 ;

Vu la loi n° 99-418 du 26 mai 1999 créant le Conseil national des communes Compagnon de la Libération,

   Décrète :

Article 1

   Le 18 juin est institué « Journée nationale commémorative de l'appel historique du général de Gaulle à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l'ennemi ».

Article 2

   Chaque année, des cérémonies officielles sont organisées aux niveaux national et départemental.

   Une cérémonie symbolique est organisée au mont Valérien par l'ordre de la Libération en liaison avec les autorités officielles.

   Une cérémonie a lieu dans chaque département, à Mayotte, en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française, à Saint-Pierre-et-Miquelon, dans les îles Wallis et Futuna et dans les communes, dont l'organisation est laissée à l'initiative du représentant de l'Etat.

Article 3

   Le Premier ministre, le ministre d'État, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire, la ministre de la défense, le ministre de l'outre-mer et le ministre délégué aux anciens combattants sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel de la République française.

Fait à Paris, le 10 mars 2006.

Par le Président de la République : Jacques Chirac

Le Premier ministre, Dominique de Villepin
La ministre de la défense, Michèle Alliot-Marie
Le ministre d'Etat, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire, Nicolas Sarkozy
Le ministre de l'outre-mer, François Baroin
Le ministre délégué aux anciens combattants, Hamlaoui Mékachéra


L'Appel du 18 juin 1940

   L'Appel du 18 juin 1940 désigne le discours prononcé par le général de GAULLE à la radio de Londres ( BBC ).
  
    
Officier de carrière formé à Saint-Cyr, Charles DE GAULLE avait participé à la 1ère guerre mondiale au cours de laquelle il avait été fait prisonnier.
   Dans les années 1930
, il avait été un promoteur de l'arme blindée en France.
   En mai 1940
, il avait lancé une contre-offensive à la tête de ses chars à Montcornet (Aisne).
   
Le 21 mai, à Savigny-sur-Ardres (Marne)où il avait installé son poste de commandement, il avait enregistré une allocution considérée aujourd'hui par plusieurs historiens comme l'« appel avant l'Appel », c'est-à-dire comme une préfiguration de l'Appel du 18 juin 1940.
    Le 1er juin, il avait été nommé général de brigade à titre temporaire.
    Le 5 juin, il avait été appelé par le président du Conseil Paul REYNAUD, au poste de sous-secrétaire d'État à la Défense nationale et à la Guerre.


    Le 17 juin
, au moment où PÉTAIN, devenu chef du gouvernement en remplacement de Paul REYNAUD démissionnaire, appelait les Français à cesser le combat et sollicitait un armistice auprès des Allemands, DE GAULLE refusait d'accepter la défaite et se rendait à Londres, capitale du Royaume-Uni qui, sous la direction du Premier ministre CHURCHILL, était déterminé à poursuivre le combat contre l'Allemagne nazie.

     Dans ce premier appel très peu entendu, lancé le 18 juin en pleine débâcle des armées françaises, le général DE GAULLE invitait les officiers et les soldats français ainsi que les ingénieurs et les ouvriers spécialisés des industries d'armement qui se trouvaient sur le territoire du Royaume-Uni à se mettre en rapport avec lui pour continuer le combat aux côtés de nos alliés britanniques

   Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement.
   Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat.  
   Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l'ennemi.
   Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui.
   Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ?
   Non ! Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.
   Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des Etats-Unis.
   Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.
   Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
   Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.
   Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la Radio de Londres.

   Cet appel n'a pas été filmé, et aucun enregistrement n'en a été conservé.
   Par contre
celui qui a été diffusé le 22 juin 1940 a été enregistré sur un disque conservé à la Phonothèque de l’Institut national de l’audiovisuel ainsi qu’aux Archives sonores de la BBC.


L'appel « À tous les Français » d'août 1940

    Au cours du week-end du 3-4 août 1940, un autre appel a été placardé par voie d'affiche sur les murs de Londres.
    Signé par le général DE GAULLE depuis son quartier général situé 4, Carlton Gardens à Londres, il s'adressait « À tous les Français », militaires et civils, quelles que soient leur profession, leur origine sociale, et où qu'ils se trouvent.
   
Le contexte n'était plus tout à fait le même que celui de juin 1940.
  
Le gouvernement du maréchal PÉTAIN qui avait sollicité et signé l'armistice consacrant la défaite de la France s'était installé à Vichy, avait mis à mort la Troisième République à laquelle il avait substitué un État français qui s'engageait sur la voie de la collaboration avec l'Allemagne nazie.
   À Londres, le général DE GAULLE a jeté les bases de la France libre et appelé à la rejoindre tous ceux qui refusaient la défaite, voulaient résister et continuer le combat.



À tous les Français

La France a perdu une bataille !
Mais la France n'a pas perdu la guerre !

Des gouvernants de rencontre ont pu
capituler, cédant à la panique, oubliant
l'honneur, livrant le pays à la servitude.
Cependant, rien n'est perdu !

Rien n'est perdu, parce que cette guerre est
une guerre mondiale. Dans l'univers libre,
des forces immenses n'ont pas encore donné.
Un jour, ces forces écraseront l'ennemi. Il faut
que la France, ce jour-là, soit présente à la
victoire. Alors, elle retrouvera sa liberté et sa
grandeur. Tel est mon but, mon seul but !

Voilà pourquoi je convie tous les Français,
où qu'ils se trouvent, à s'unir à moi dans
l'action, dans le sacrifice et dans l'espérance.

Notre patrie est en péril de mort.
Luttons tous pour la sauver !

VIVE LA FRANCE !

GÉNÉRAL DE GAULLE      
Quartier général      
4, Carlton Gardens      
London   
   

 Une affiche de mobilisation...

   Le graphisme de cette affiche rappelle celui des affiches officielles de mobilisation générale arborant deux drapeaux français croisés et un liseré tricolore.
   L'effet recherché est double.
   Il s'agit tout d'abord de renouveler et d'amplifier les précédents appels à la résistance lancés par le général DE GAULLE depuis le 18 juin 1940 à la BBC, appels qui ont été peu entendus dans l'immédiat.
   Il s'agit aussi d'affirmer le caractère officiel de la France libre, conçue dès le départ comme le seul véritable gouvernement légitime qui aspire à se faire reconnaître par le gouvernement britannique, face au régime de Vichy constitué par « des gouvernants de rencontre » et considéré par le général DE GAULLE comme un gouvernement qui s'est déshonoré en capitulant et qui a livré la France « à la servitude ».

... énumérant les raisons d'espérer des Français

   Les raisons d'espérer des Français en 1940 résident dans la conviction prémonitoire affirmée avec force par le chef de la France libre : 
       - que « la France a perdu une bataille », mais qu'elle « n'a pas perdu la guerre » ;
       - et que la guerre de 1939-1940 est une nouvelle « guerre mondiale » dans laquelle « des forces immenses n'ont pas encore donné » ;
   Le général DE GAULLE fait ici allusion aux ressources et aux troupes de l'Empire britannique qui n'ont pas encore été totalement mobilisées, mais aussi à celles de l'Empire colonial français dont il espère le ralliement.
   Ancien combattant de la 1ère guerre mondiale, il pense aussi à l'engagement prévisible tôt ou tard aux côtés des Alliés de l'Union soviétique et des États-Unis.


Des appels répétés, peu entendus dans l'immédiat
mais d'une grande portée historique

   Certes dans l'immédiat, l'Appel du 18 juin 1940 et ceux qui l'ont suivi n'ont guère été entendus.
   Un seul officier général s'est rallié à DE GAULLE, l'amiral MUSELIER, et parmi les 15 000 marins qui se trouvaient en territoire britannique après l'armistice du 22 juin 1940, quelques centaines seulement se sont engagés dans les Forces françaises libres.
   Néanmoins cet appel constitue bien le principal acte fondateur de la Résistance française extérieure et intérieure, dont les forces se sont progressivement affermies et que le général DE GAULLE est parvenu à unifier sous son autorité avec l'aide de Jean MOULIN.
   Même si l'engagement dans la Résistance suscité par ces appels est resté le fait d'une minorité de Français, il a permis à terme d'associer la France à la victoire alliée de 1945.
   En juin 2004, l'Institut national de l'Audiovisuel (INA) et la British Broadcasting Corporation (BBC) ont adressé conjointement à l'UNESCO un dossier de proposition d'inscription au Programme « Mémoire du Monde » de l'UNESCO de quatre documents d'archives relatifs à l'Appel du 18 juin : « le manuscrit du texte de l’Appel radiodiffusé du 18 juin, l’enregistrement radiophonique de l’Appel du 22 juin, le manuscrit de l’affiche du 3 août et l’affiche elle-même ».
   En juin 2005, le Comité consultatif international du Programme « Mémoire du monde », réuni à Lijiang en République populaire de Chine, a retenu cette proposition qui a été approuvée par le Directeur général de l'UNESCO.

   Aujourd'hui, les historiens continuent de s'interroger sur l'inexistence d'un enregistrement de l'allocution de Savigny et plus surprenant de l'Appel du 18 juin à la BBC, comme sur les variantes et les différentes versions des appels successifs lancés par le général DE GAULLE depuis Londres au cours de l'été 1940.

   En juin 2008, dans un éditorial mis en ligne sur son blog, l'historien François DELPLA, auteur de L'Appel du 18 juin 1940 publié en  2000 chez Grasset, explique pourquoi « le discours du 18 juin est un objet historique des plus complexes » qu'il faut replacer dans son contexte. Face à la demande d'un officier français peu connu qui appelle les militaires français à désobéir, alors que le maréchal PÉTAIN, le prestigieux vainqueur de Verdun, chef du gouvernement d'un pays allié, appelle unilatéralement à cesser le combat et sollicite un armistice, le gouvernement britannique était très embarrassé et même divisé quant à l'attitude à adopter à l'égard du général DE GAULLE et même sur la poursuite de la guerre :

  « Il en résulte un grand retard dans le lancement de l’appel, qui pourrait avoir lieu dès le 17 en milieu d’après-midi et ne se produit que dans la soirée du lendemain, à 22 heures. Le ministre des Affaires étrangères Edward Halifax est fermement opposé à cette démarche, et paraît longtemps en mesure de l’emporter sur le premier ministre Churchill, qui n’en fait précisément pas une affaire d’État. Le cabinet britannique, réuni le 18 à 12 heures 30, met carrément son veto, en l’absence il est vrai de Churchill. Du coup la discussion, en ordre dispersé, rebondit dans l’après-midi. Au terme de ces tractations, si de Gaulle parle, c’est après avoir dû amender son texte à plusieurs reprises. Mais la discussion reprend dans la nuit. Car le discours publié par les journaux anglais du 19, qui deviendra la version officielle ( à un passage près cependant... ajouté fin juillet ou début août ! ), diffère de celui prononcé au micro, sur des points fondamentaux [...] »

   Dans un supplément à La Lettre d’information n° 68 de son site, datée du 22 juin 2010, l'historien François DELPLA revient sur le film présenté sur le site de l'ECPAD comme étant la première apparition filmée du général DE GAULLE depuis son arrivée à Londres, dans lequel il voit une ébauche de l'affiche « À tous les Français » :

   Un film d’une minute et demie, présent sur la Toile depuis quelques mois, défraye la chronique, notamment au colloque sur le 18 juin qui se tient en ce moment à Paris.
   Il montre de Gaulle prononçant, debout derrière un bureau, un discours jusque là inconnu. Il ressemble cependant à l’ébauche de l’appel du 18 juin publiée par Philippe de Gaulle en 1988 dans le volume 12 des Lettres, notes et carnets. Par rapport à ce texte, il porte néanmoins la trace d’un polissage de forme (huit modifications en une quinzaine de lignes).
   Il ressemble également à un passage du discours gaullien diffusé par la BBC le 2 juillet 1940.
   La tendance générale des commentaires est de dater ce texte du 2 juillet ou d’une période immédiatement antérieure, et de rejeter résolument, pour l’ébauche, la date du 17 juin.
   À cela j’objecte que dans ses discours des premières semaines, de Gaulle commence par indiquer où en sont les rapports entre le gouvernement Pétain et l’Allemagne, et qu’il le fait dans celui du 2 juillet. Le passage ressemblant au texte du film vient ensuite, suivi lui-même d’un développement sur les exemples historiques qui devraient détourner les dirigeants de Vichy de leur attitude et, dans le cas contraire, inciter les Français à leur désobéir.
   Il serait curieux que de Gaulle prenne la peine d’enregistrer sur pellicule une esquisse très incomplète.
   En revanche on peut (sous toutes réserves vu les lacunes de la documentation dévoilée à ce jour, en France comme en Angleterre) proposer une autre hypothèse : une ébauche de l’appel initial a pu être retravaillée quelques jours ou quelques semaines plus tard, et enregistrée dans un souci de propagande.
   Ce texte va en effet droit au but, opposant la voie du Général et de ses « compagnons », qui serait celle de « l’honneur », à celle choisie par Pétain et son gouvernement, caractérisée par les mots d’abandon, de désespoir et de capitulation.
   L’enjeu est d’importance : l’appel du 18 juin, dans sa version classique (connue, à une variante près ajoutée en août, par les journaux anglais du 19), ne comporte aucune critique directe de Pétain ; mieux, l’appel réellement prononcé, connu par une écoute suisse, prétend répétitivement que le maréchal cherche un armistice « dans l’honneur ». Or tout montre que de Gaulle voulait le frapper d’infamie dès le départ, et en a été empêché par une censure anglaise (dont l’épicentre était au Foreign Office de lord Halifax). C’est bien pour cela que le texte de l’appel, même amélioré par les journaux et poli jusqu’en août, va tendre pendant toute la guerre et, encore aujourd’hui sur les monuments de nos places, à être éclipsé par la fameuse affiche « à tous les Français », qui met en cause le gouvernement Pétain d’une façon radicale. Elle-même est apparue le 3 août 1940. Dans la même veine, on trouve un « appel du 19 jui n », incendiaire envers Pétain, et apparu, lui,... en 1941.
   Ce film semble procéder d’un souci analogue : de Gaulle a pu envisager de faire diffuser cette séquence en la faisant passer pour son appel ou pour un résumé de celui-ci, datant de la même période. Puis y renoncer, soit de lui-même, soit dans une négociation avec les Britanniques. Car il y en a eu nécessairement une, pour convenir du texte de l’affiche et de sa diffusion en Angleterre.
   Ainsi, cet enregistrement filmé, s’il a peu de chances d’être un galop d’essai pour le discours du 2 juillet, pourrait bien être une ébauche... de l’affiche « A tous les Français ».
   Puisse le surgissement de cette bobine faire progresser l’exigence d’un dévoilement total, des deux côtés de la Manche, des documents permettant de reconstituer la genèse de l’épopée française libre !

   Dans un éditorial mis en ligne sur le site de la Fondation Charles de Gaulle et intitulé " Du 18 juin aux 18 juin ", Jean-Louis CRÉMIEUX-BRILHAC qui a rejoint DE GAULLE à Londres en 1941 et qui a recueilli les témoignages de témoins de juin 1940, explique la portée de l'Appel du 18 juin ou plus exactement la portée de « l'ensemble des appels du général de Gaulle  de juin 1940 » :

« À franchement parler, je ne crois pas qu'aucun Français ( et certainement aucun Britannique ) ait soupçonné en 1940 que le 18 Juin allait devenir le 18 JUIN . De même, les Parisiens qui prirent la Bastille ne soupçonnaient pas que la journée allait devenir « le 14 Juillet ». Que l'appel, le 18 juin 1940, de ce général inconnu au nom prédestiné ait ému, qu'il ait suscité chez certains un souffle d'espoir dans l'effondrement général, qu'il ait stimulé des énergies, assez de témoignages l'attestent. L'Appel apportait une lueur, il exprimait une volonté française que rien n'avait abattu, qui maintenait, par la voix d'un seul, une tradition nationale, qui faisait le lien avec toute notre histoire. Pour certains, dont je pourrais rappeler les noms, il a suscité une indéfectible reconnaissance, alors même qu'ils ne se faisaient pas la même « idée de la France » que le général de Gaulle. Mais, comme devant la plupart des grands événements historiques, bien rares durent être ceux qui en devinèrent la portée. Pierre Bourdan, le plus perspicace des correspondants français à Londres et qui allait être pendant quatre ans à la BBC le plus brillant commentateur de l'équipe " Les Français parlent aux Français ", fut, le 19 juin au matin, de ceux qui firent visite au général rebelle, dans son petit appartement de Seymour Grove. « J'éprouvais, a-t-il raconté, une curiosité intense et nerveuse, sensation d'ailleurs réconfortante après le désarroi moral de la veille, mais non pas ce qu'un écrivain romantique appelait le " frisson historique ", annonciateur des grands événements ou des grandes rencontres. »
   Et de montrer que l'Appel du 18 Juin ( mieux vaudrait dire : « l'ensemble des appels du général de Gaulle de juin 1940 » ) aura été comme la pierre que lance un montagnard sur un névé : la surface neigeuse frémit à peine, et c'est ensuite, très lentement, qu'elle s'ébranle et glisse, en un mouvement qui lui-même s'étend et se propage jusqu'à entraîner un versant, jusqu'à provoquer une avalanche, tandis que le premier écho d'un faible choc devient un bruit assourdissant.
   Le fait est que, si le 18 juin 1940 est devenu " le 18 JUIN ", ce ne fut pas du jour au lendemain. Combien de Français, même parmi les résistants précoces, même parmi les plus fervents gaullistes de France, connaissaient, quatre ans plus tard, au jour de leur libération, la date et le texte de l'Appel ? Du moins ont-ils su très tôt que de Gaulle avait été le premier à exprimer le refus et à le faire savoir, grâce au miracle de la radio, et qu'il avait été apparemment le seul, puisque la brutalité de la défaite avait tétanisé les masses et que le gouvernement du Maréchal avait contraint au silence les rares protestataires potentiels.

   Le 18 juin 2009, à l'occasion de la Journée nationale commémorative de l'appel historique du général de Gaulle à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l'ennemi, le message de Jean-Marie BOCKEL, secrétaire d'État à la Défense et aux anciens combattants, a pour la première fois fait clairement référence au « premier appel radiodiffusé » de Charles de GAULLE, enregistré à Savigny-sur-Ardres le 21 mai 1940 , dont il a cité quelques extraits :

  «  Le 17 mai 1940, à la tête d'une division cuirassée formée en pleine bataille, le colonel de Gaulle démontrait la justesse des vues qu'il avait défendues depuis plusieurs années en obtenant un succès remarquable à Montcornet dans l'Aisne.
   Le 21 mai, à Savigny-sur-Ardres, à la demande de l'État-major, Charles de Gaulle lançait depuis le champ de bataille son premier appel radiodiffusé : « L'ennemi a remporté sur nous un avantage initial... Ses succès lui viennent de ses divisions blindées et de son aviation de bombardement... Nos succès de demain et notre victoire nous viendront un jour de nos divisions cuirassées et de notre aviation d'attaque... Grâce à cela, nous avons déjà vaincu sur un point de la ligne. Grâce à cela , un jour, nous vaincrons sur toute la ligne » [...] »

" De Savigny-sur-Ardres à Londres, les appels de Charles de Gaulle
Mai-Juin 1940 "

sur le site « Histoire et Mémoire 51 »